
(Estres, sont les Mammifères terrestres qu y apprivoisent
les Hommes, ou ceux auxquels on les voit
faire une guerre active pour s’en procurer les fourrures
j et ces Hommes mêmes appartiennent à lune
des espèces ou races les moins favorisées de leur
genre au physique comme au moral. Ce sont nos
Hyperboréens hideux, attachés à leur affreuse patrie
au point de ne se jamais éloigner des bords
glacés où la pêche alimente leur misérable existence,
où le vin n’égaie jamais de tristes repas,
où l’ivresse d’une bière grossiète et du suc de
champignons fermentés, succède seule au plaisir
de boire de l’huile rance de poissons dans une
tanière enfumée.
2°. O c é a n a t l a n t iq u e . ( Voyc{ Ph 4
et 5.) Celui-ci, borné au nord par le precedent
dans la direction d’une ligne quon peut
tirer des côtes nord-est du Labrador, jusque
vers les Hébrides, est contenu entre l’ancien
Monde et le nouveau. Il finit au midi , obliquement,
dans une ligne qui s’étendroit de la
pointe méridionale de 1 Afrique, vers le détroit de
Magellan, en passant par les Malouines. L ’équateur
le partage en deux- parties à peu près égales, de sorte
qu’on pourrait le subdiviser en Boréal* situé en
dehors du tropique du Cancer , en Equinoxial *
entre les deux lignes solsticiales, en Méridional*
au-delà du tropique du Capricorne. Les îles de
la première subdivision sont T e r r e -N eu v e le s
Bermudes , les Açores, Madère et les Canaries*,
celles de la partie équinoxiale sont l’archipel du
Cap-Vert, l’Ascension, Sainte-Hélène, Martm-
Vas, avec quelques autres rochers épars dans le
golfe de Guinée. Les îles de Tristan d’Acuna
sont les seules qui mérirent d être citées dans
la portion méridionale. Les vents dans la^partie
boréale y suivent généralement la direction du
nord-ouest et de l’ouest. Vers les régions équa-
roréales de l’Afrique , la surface de cet Océan
semble être condamnée à subir des calmes bru-
lans, effroi du navigateur, capables d’enchaîner
dans un espace assez circonscrit tout imprudent qui
imagine que pour se rendre d Europe au Cap
de Bonne-Espérance, la ligne la plus droite
est la plus courte. C ’est encore dans la partie
septentrionale de l’Océan atlantique que ^ s observe
l’avant-dernier chapitre de la présente Illustration,
que les Açores , Madère, Porto-Santo, les Salva-
ges, les Canaries et les îles du Cap-Vert durent faire
partie. Peut-être cette vaste contrée nommée V Atlantide
le Gulf-Stréam, dont il sera tout a 1 heure
question, au paragraphe dont les courans seront
le sujet. c
Le nom dé Atlantique vient de la tradition fort
anciennement conservée par les prêtres égyptiens et
par l’un des sages de la Grèce d’un continent détruit j
dominent, duquel nous essayerons de prouver dans
* tenoit-elle aussi à cette partie de l’Afrique
sur laquelle se ramifie l’Atlas, et qui fut bien
évidemment, ainsi que nous l’établirons par la
suite, une île considérable que baignoit au sud
une mer, dont les déserts de Barca et de Sahara
présentent aujourd’hui le fond desséché. Plusieurs
écrivains ont élevé des doutes sur l’existence
de cette Atlantide qu’on dit avoir été plus grande
que l’Asie et la Lybie ensemble. ( V ?yqr nos Essais
sur les îles Fortunées. ) Patrin, avec sa légèreté
ordinaire, n’y vit qu’un songe; et Ion
a lieu d’être surpris que M. le professeur Cuvier
ait adopté,sans examen, cette boutade de Patrin,
j lorsqu’au contraire le baron Humboldt admet non-
seulement la probabilité de l’Atlantique , mais
trouve encore que nous avons eu raison d en tracer,
dans l’un de nos premiers ouvrages, la carte conjecturale.
(Eoy. aux Bég. équin,* tom. I.) Quoi
qu’il en soit, on sent que dans une mer immense .
qui baigne des régions presque froides et des rives
brûlantes, on ne sauroit trouver une conformité de
physionomie et de productions aussi frappantes que
dans l’Océan arctique. Cependant le voyageur qui
parcourt son étendue d’une extrémité à l’autre, y re-
connoît, quel que soit le changement de température
qu’il y éprouve, une certaine conformité en
toutes choses ; s’il touche sur les rives les plus distantes
, il s’aperçoit que l’aspect des côtes occidentales
de l’Europe et de l’Afrique offre aux mêmes
latitudes plus d’analogie que n’en offrent les cotes
opposées des mêmes continens. La Sénégambie a
certainement plus de rapports naturels avec la région
des Amazones, qu’avec le bassin de la Mer-
Rouge ; comme cette région des Amazones ressemble
plus aux parties arrosées de l’Afrique qu’elle ne
rappelle les côtes abruptes qui s’étendent de Payta
au Chili. Les parties littorales tempérées ou chaudes
de notre Europe diffèrent de même fort peu
des parties littorales des Etats-Unis. Ce sont
les m.êmes genres de plantes et d’animaux qui
en couvrent la surface, a très-peu d’exceptions
près, et si l’on plongé dans les flots pour en
examiner les productions, l’identité devient presque
complète. Le nombre des Luminariées et
des Fuçacées diminue pour faire place à des Cys-
toceires. Ce sont les Sargasses inconnues vers les
mers boréales qui, arrachées à des profondeurs diverses,
commencent, dès le 45e. degré de part
et d’autre, à flotter en nappes immenses à la surface
face des flots. Les-Hydrophytes'de la plus belle
| couleur parent en général les rochers, où les grands
Madrépores et les Spongiaires ne sont pas cependant
extrêmement nombreux j les Hydrophytes filamenteuses,
c’est-à-dire les Confervées et les Cé-
; ramiaires s’y marient à des Polypiers flexibles ; mais
ceux-ci sont encore bien moins variés que dans certaines
Méditerranées ou que dans l’Océan pacifique
semé d’écueils. Les poissons des hauts parages sont,
dans l’Atlantique, de grands Squales, des Scombres
et des Coryphoenes occupés à poursuivre des Exocets;
des Lophies y montrent déjà leurs formes bizarres
. entre les prairies flottantes de Sargasses
avec le Glaucus et les Physales. Mais sous l’équateur
même, on n’y observe pas autant de
| ces formes baroques de poissons, relevées par
l’éclat de l’arc-en-ciel, des pierres précieuses
et des métaux qui provoqueront l’admiration
de l’ichthyologiste dans l’Océan indien et dans
la Polynésie, Le Marsouin et le Dauphin ordinaire
sont les "grands nageurs de l’Atlantique,
où l’on ne trouve fort communément que ces
deux petites espèces de Cétacés : les grandes y
paroissent comme dépaysées.
Les Lamantins sont les herbivores aquatiques sur
les deux rives des régions très-chaudes de la Mer
dont il est question, où se plaisent à passer de
l’une à l’autre, l’oiseau , comparé par la témérité
de son vol, à Phaëton, et ces autres grands voilie
r s , qui la plupart appartiennent aux genres
des Pélicans, des Pétrels ou des Sternes. L ’apparition
des bandes de Canards vers le nord, et,
|des Albatros vers le sud, avertit le nautonnier qu’il
sort de l ’Atlantique pour entrer dans l’Océan arctique
d un coté, ou dans l’Océan antarctique de
l ’autre.
I 3°. O c é a n a n t a r c t iq u e . ( Voye1 PI. $.)
* Celui-ci est le plus vaste, et il occupe une bien
plus grande étendue dans les régions australes,
que l’Océan arctique autour du pôle boréal. On
reconnoit plus qu’ailleurs sur ses limites com-
|bien il est faux que les cercles de la sphère circonscrivent
les climats naturels, car, entre les
méridiens du Cap de Bonne-Espérance et de
la terre de Kergulen, l’influence glaciale de cette
mçr se fait ressentir jusqu’en dehors du 50e.
egre dé latitude sud, ou flottent des montagnes
eau congelées, semblables à celles qui, dans notre
hémisphère, ne dépassent guère le 60e. degré de
latitude nord , tandis que d’un autre côté , au sud
des Terres-de-Feu, les glaces éternelles s’arrêtent
vers le Schetland méridional et la terre de Sandwich,
vers le 60e, degré sud. Nul continent n’est
baigné par cet Océan, dans la direction duquel s’avancent
toutes les pointes méridionales de la terre
habitable, sans néanmoins y atteindre. Ainsi l’extrémité
de l’Afrique., les côtes de l’Australasie, y
comprises celles de la terre de Leuwin jusqu’aux
Antipodes de Paris, et l’extrémité de l’Amérique
méridionale, sont exposées à son austère influence,
sans que ses flots en viennent baigner immédiatement
les rivages. Lés îles de la Désolation et quelques
autres écueils en sont les seules terres, où semblent
végéter à regret de tristes lichens ou des
mousses chétives. Quelques Cétacés égarés y nagent
çà et là ; trop peu de points solides y fournissent des
supports à la végétation marine nécessaire pour
substanter des créatures vivantes. Un continent
énorme de glace et de neige, dont les bords se
brisant durant la débâcle occasionnée par la présence
d’un soleil de six mois, deviennent des montagnes
flottantes, présente vers le pôle austral une
surface frappée de mort ; cependant quelques grands
Phoques et des Morses y sont comme les Ours
blancs de l ’Océan arctique, tandis que des Manchots
et des Pingouins y représentent les nombreuses légions
des Canards du Nord ; mais comme il n’existe
guère de rivages sur lesquels de tels oiseaux éprouvent
la nécessité de se transporter alternativement,
que tout demeure monotone et pareil autour d’une
étendue sans plantes et presque sans poissons, les
Manchots, demi - poissons eux-mêmes, n’ayant
pas besoin d’ailes pour entreprendre de longues
migrations, la nature économe ne leur en a point
donné. Cook le premier, et divers navigateurs hardis
sur ses traces, ont essayé de trouver quelques
points d’un continent pareil aux nôtres, à travers les
éternels frimats de ces parages, où le Globe présente
moins d’eau que de glace. Ces tentatives n’ont produit
àucun résultat ; et lorsqu’on eût, à travers
mille périls, découvert enfin des terres antarctiques,
de quelle utilité eussent été de pareilles rencontres ?
Quoi qu’il en soit, si nulle côte ne borne, à proprement
parler, l’Océan dont il est question, si
nulle ligne de bas-fonds ou autres accidèns terrestres
n’en indiquent les marges, quelques Hydrophytes
et diverses cohortes vivantes déterminant ses
limites, se plaisent dans tout son pourtour, et ne
s’en éloignent guère vers le Nord pour chercher
des climats plus doux. Nous avons déjà vu l’Albatros
avertir le matelot qu’il quitte l’Océan atlantique
pour voguer sur les confins de l’Océan antarctique;
les Pingouins et toujours les.Manchots.se
reproduisent sur les côtes qui le regardent. Une
multitude de Phoques et des Morses viennent avec
les Callorhyques paître sur celles-ci, des Macro