
l’Hindoustan, où les Gates seulement peuvent former
une île dans le genre de la Ceylan actuelle. Le
vaste désert de Cobi lie la Caspienne actuelle aux
parties boréales de la Méditerranée S-inique, ou ne
forme qu’une énorme Caspienne oblongue entre le
Thibet et la haute Tartarie. Peut-être les sources
opposées des aftluens du Gange et de i’Indus, moins
élevées au-dessus du niveau actuel des eaux qu’on ne
le suppose, sont-elles le point de communication
d’un bras de mer qui sépare l’Hymalaya des deux
îles asiatiques que nous venons de découvrir j alors
nous retrouvons le berceau de l’espèce Indoue^du
genre humain, et nous distinguons celui de l’espèce
Sinique du berceau des Scythes, lesquels doivent
répandre dans le reste de 1 ancien Monde, a
mesure que ce Mondé prendra la figure que nous
lui voyons, les chameaux et les chevaux qui sont
leurs compatriotes. Les rhinocéros velus et des e!e-
phans perdus sont egalement au nombre des ha-
bitans de l’île Scythique. Il ne sera plus necessaire
d’y faire venir les cadavres de tels géans en flottant
par-dessus l’Hymalaya, depuis 1 Inde qui ne les
connut jamais, mais qui a son espece d éléphant
comme son espèce d’homme.
Quelques sommités britanniques, Madagascar,
Ceylan, qui ont leurs animaux particuliers, plusieurs
des îles de la Polynésie et de l’empire du
Japon, qui ont aussi les leurs, dévoient déjà se
montrer au-dessus des eaux en y formant des archipels
plus ou moins éparpillés avec divers sommets
maintenant incorporés ou confondus dans les con-
tinens voisinsj toutes ces pointes, environnées par
les flots, étoient autant de centres de création, qui
dévoient un jour confondre leurs productions par
des milliers de croisemens avec les productions de
terres plus vastes.
Le nouveau Monde comme l’ancien se compo-
soit d’îles aussi, tendant à s’unir par les mêmes
causes. Dans l’Amérique septentrionale-, nous trouvons
d’abord les montagnes rocheuses qui parussent
s’unir à la Sierra de Grullas, dans le nord du
Mexique, pour former un grand noyau d’où les
eaux s’écoulent vers la Méditerranée colombienne
d’un côté, et de l’autre dans l’Océan atlantique.
C ’est peut-être de ce point que sortirent primitivement
ces Atzèques, dont on n’a conservé que
des notions confuses, qu on a fait venir d Asie,
et qui sont maintenant comme effaces dans le reste
des populations américaines.
Comme nous nous tenons en garde contre la
fureur d’enfiler les montagnes en manière de chapelet
, nous n’affirmerons pas que le bras de terre
qui sépare l’Océan atlantique de la Méditerranée
colombienne, et qui, s’étendant de Panama vers
la Mer-Vermeille, a Mexico pour capitale, soit
rattaché au système précédent. Nous sommes au
contraire tenté de croire qu’il forma également sa
grande île particulière, au nord-ouest de laquelle
les cimes dont se compose aujourd’hui la Californie,
étoient un enchaînement parallèle d’îles plus petites,
disposées à peu près comme les Hébrides le
sont aujourd’hui à l ’ouest de l'Ecosse, ou l’archipel
glacial, par rapport à la Norvège, depuis le Malstrom
jusque vers le Cap-Nord. On a vu (pag. 1 6),
combien il est faux que le système mexicain s u-
nisse à celui des Adens ; depuis que nous avons publié
nos doutes à ce sujet, fondés sur le témoignage
de feu le savant Zéa, M. Bertéro, naturaliste distingué
et voyageur infatigable, qui visita ces contrées,
et qui, les ayant pourtant bien étudiées, n’a
pas fatigué le monde savant de relations incomplètes,
mais pompeusement annoncées ; M. Bertéro
nous a positivement assuré qu’il n’existoit pas la
moindre connexion entre les montagnes de 1 A-
mérique du Nord et celles de l’Amérique du Sud ;
mais qu’il existoit au contraire, précisément ou nods
l’avions soupçonné, un espace presqu’aussi grand
que le tiers de la France , tellement plat, bas et
marécageux, qu’on ne pouvoir y méconnoitre une
origine analogue à celle de l’Isthme de Suez, si
basse entre la Méditerranée et la Mer-Rouge. Cet
espace représente un détroit comblé par les dépôts
de deux mers opposées, et dément le système
d’enchaînement qu’on a fait buriner sur les cartes
les plus récentes, et qui se reproduira probablement
encore, parce qu’il faut bien que certains
libraires tirent parti des cuivres de toutes les
dimensions dont ils ont enrichi des éditions fastueuses.
Une troisième île primitive, est entrée dans la
composition du Nouveau-Monde j les Apalaches,
les monts Alleghanys et autres hauteurs des Etats-
Unis en.composoient la masse j les Antilles semblent
s’y rattacher comme une Polynésie américaine
: le vaste bassin du Mississipi la sépara dans
l’origine de la première, c’est-à-dire de celle des
montagnes rocheuses, berceau présumé des Atzèques
, maintenant effacés.
L ’Amérique méridionale est trop peu connue
pour qu’on puisse circonscrire autrement que d’une
manière approximative les îles qui la formèrent
par leur réunion ; cependant nous y mentionnerons
provisoirement le système des Andes, dont
M. de Humboldt a visité quelques points, et
dont il a beaucoup écrit. Malgré les travaux de
ce savant., on ne sait ni où elles commencent,
ni où elles finissent ; on ne possède pas de carre
où soient indiquées les grandes dépressions qui
ne peuvent manquer d’y exister et de les diviser
en divers groupes. Un sous-genre de Chameaux,
composé de plusieurs espèces, paroît
être propre au système dont il est question, mais
on n’y trouve que peu ou point de singes. Il est
probable que lorsque le Chili et la Patagonie auront
été mieux explorés, on trouvera que la partie
qu’occupent ces contrées au sud du système des
Andes, est aussi détaché de ces montagnes que le
sont celles de l’Isthme de Panama. En attendant ce
qu’on en pourra apprendre par le voyage qu’y va
faire ce savant M. Bertéro, que nous avons cité
tout à l’heure, il nous paroît encore probable que
deux autres grands systèmes, au moins, également
indépendans des Andes, auxquelles cependant on
n’a pas jusqu’ici manqué de tout embrancher ,
doivent exister dans la partie du Globe qui nous occupe.
Le premier seroit compris entre le Paraguay,
le fleuve des Amazones et l’Océan atlantique j il
composerait le noyau du Brésil. Le second, situé
entre le même fleuve des Amazones, 1 Orenoque,
la Mer, et ces vastes solitudes à peu près inconnues,
appelées Llanos ( plaines par excellence ), formeroit
le noyau des Guyanes. L’une et l’autre offrent une
grande analogie dans leurs productions, qui consistent
en reptiles nombreux et particuliers, en oiseaux
qu’on ne retrouve nulle autre part, et surtout
en mammifères de formes bizarres, qui souvent ne
sont celles d’aucun autre mammifère de l’Univers.
Ce sont des Bradypes, que leur air de misère et leurs
lentes allures ont fait nommer paresseux 3 des T a tous
cuirassés, des Fourmiliers, un Tapir, des
Marsupiaux et surtout des Singes, caractérisés par
la cloison large des narines ouvertes des cotés
du nez, ayant pour la plupart six molaires a
chaque côté des mâchoires, sans callosités aux fesses
ni abajoues, ayant tous des queues, prenantes
chez plusieurs.
Ajoutons qu’à la retraite des eaux, qui donnoit
aux premiers archipels ou continens des figures sans
cesse changeantes, en unissant des parties de terrain
qui paroissoient devoir être à jamais divisées , quelques
secousses volcaniques , ou des affaissemens
partiels, durent ajouter d’autres modifications
où la retraite des eaux demeurait étrangère, mais
dont les eaux profitèrent pour modifier, suivant un
autre mécanisme, la topographie des lieux. Ainsi
la rupture des monts qui séparaient l’Océan arctique
d’un Océan que représente notre Méditerranée
en distinguant par un bras de mer l’Asie de 1 Europe
, et la rupture qui, formant le détroit de Gades
pour augmenter l’Europe de l’Espagne aux dépens
de l’Afrique, produisirent de grands change-
mens. Il en fut de même par la rupture du détroit
de Babel-Mandel. Tout concourt à prouver qu’au-
paravant, ce qu’on nomme aujourd’hui la presqu’île
arabique se lioitaux monts Abyssins. L ’Arabie
déserte proprement dite, qui étoit le prolongement
du golfe Persique, lioit la Mer des Indes
aux cornes de la Mer-Rouge, ainsi qu’au sinus pé-
lusiaque ; où se voit aujourd’hui l’Arabie pétrée,
étoit le point de jonction de trois mers, au sud-
ouest duquel s’élevoient les îlots formés par les
pointes d’Hoeb et de Sinaï.'
Mais, de toutes les catastrophes de ce genre,
la plus mémorable fut celle qui fit disparoître une
contrée immense à l’ouest de 1 ancien Monde,
si nous nous en rapportons au divin Platon. Ce
philosophe rapporte que, voyageant en Egypte,
il fut accueilli par les prêtres de Sais, ville du
Delta, dont les habitans se croyoient issus des
Athéniens, et en avoient conservé l’épée et
le bouclier. L ’un de ces prêtres, versé dans les
sciences et instruit de toute l’antiquité, s ecria :
« O Solon 1 Solon ! vous autres Grecs, vous
êtes encore des enfans; il n’y a pas un vieillard
parmi vous : vous ignorez ce qui s’est passé
soit ic i, soit parmi vous-mêmes. Nous conservons
l’histoire de huit mille ans , écrite dans nos livres
sacrés j nous pouvons même remonter plus haut,
et vous parler des actions éclatantes de vos pères
depuis neuf mille ans. Vous n’avez connoissance
que d’un déluge que beaucoup d’autres ont précédé.........
Sachez donc comment, résistant à une
puissance sortie de l ’Océan atlantique , votre république
vous conserva la liberté. Cette Mer étoit
alors navigable } elle environnoir, non loin et vis-
à-vis l’embouchure que vous nommez en votre
langue les Colonnes dyHercule, une île plus vaste
que l’Asie et la Lybie ensemble : entre elle et le
continent il y avoit encore quelques îles plus petites.
Cette énorme contrée s’appeloit /’Atlantide ;
elle étoit peuplée et florissante, gouvernée par des
rois puissans, qui s’emparèrent de la Lybie jusqu’à
l’Egypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrénie. Ils
tentèrent de soumettre toutes les provinces situées
en deçà des Colonnes d’Hercule, et nous fûmes
tous esclaves. C ’est alors que ceux de votre république
se montrèrent supérieurs à tous les mortels.
Vous conduisîtes vos flottes contre les conquérans ;
vos connoissances dans l’art de la guerre vous secondant
dans ce pressant danger, vous vainquîtes
les ennemis, et vous nous délivrâtes de la servitude.
Mais un plus grand malheut attendoit les