
perent vers les régions inférieures du bassin de
la Loire, cest-à-dire dans le golfe où Roanne
s élève maintenant, lorsque se brisa la digue de
retenue formée par la série de coteaux qui se rapprochent
dans la direction de Néronde à la Ga-
lonnières, et Gregneux sous Saint-Germain.
Toutes les Médirerranées, et la plupart des golfes
très-enfoncés dans les terres, avec un orifice
rétréci, peuvent être considérés comme des bassins
généraux ou partiels, qui, tôt ou tard, n’offriront
que des séries de lacs, et enfin que le lit de rivières
plus ou moins considérables. En effet, notre
Méditerranée ne prend-elle pas déjà une forme
analogue à celle du cours du fleuve Saint-Laurent
cité plus haut ? la Mer d’A zo f, la Mer-Noire et
celle de Marmara n’y sont-elles pas comme des
lacs subordonnés qu’on peut comparer aux lacs Supérieur,
Huron et Michi gan ? Un jour les îles de
la Mer-Egée en intercepteront vingt autres ; l’A driatique
., devenue la continuation de la vallée ,
où bassin secondaire de l’Eridan ; l’espace contenu
entre la cote de Syrie, de Lyb ie, et une ligne
tiree de la Calabre à la pointe Punique, par la
Sicile, seront encore de nouveaux lacs , après lesquels
en viendra un _p!us vaste où les Baléares, la
Corse et la Sardaigne , diversement liées par l’accroissement
de leurs rivages, prépareront encore
d autres lacs à venir; et toutes ces successions d’eaux
captives alimenteront, parleur enchaînement, un
grand fleuve, dont l’embouchure sera entre Calpé
et Abila; tandis que le N il, l’Oronte, le D on, le
Danube, le P ô , le T ib re , le Rhône et l’E b re ,
rabaissés au rang de rivières, n’y seront que de
simples tributaires comparables à l’Oise, à la Marne,
ou même à la rivière des Gobelins par rapport à
la Seine.
La Baltique dont nous avons dit ( pag. z.i ) que
la diminution paroissoit être si prompte, et donc les
eaux sont déjà fore radoucies, est î’une des mers
dont la métamorphose en simple bassin fluvial
se prépare le plus évidemment. On trouve dans la
Planche io €. la représentation du golfe de Bothnie
qui en est la partie supérieure, et qui ne méritera
pas long-temps ce nom de golfe. Sous le
6©e. degré de latitude septentrionale , file d’Aland
en intercepte déjà la communication en se liane
avec une multitude innombrable d’autres petites
îles' qui l’environnent, surtout du côté d’Abo;
plus haut, entre les 63e. et 64e. degrés, une autre
série d’îles entre lesquelles se distinguent celles de
Wergo, de Valsgame, de Biorko et de Holmôn,
s’étend de Wasa à Uméa pour former encore une
écluse, de sorte que deux lacs successifs* l’unLapon
et l’autre Finlandais, remplaceront bientôt le golfe
de Bothnie sur les cartes du Nord.
Deux exemples que le voyageur géographe et
géologue pourroit étendre à beaucoup d’autres
points du Globe, même dans les derniers détails
de terrain, suffiront pour prouver la non-existence
comme règle générale de ces chaînes de monts ou
de collines manifestes dont on a si long-temps établi
la présence dans les cartes tout autour de ces bassins,
que dans les Traités géographiques on divisoit verbeusement
en divers ordres, comme si des choses de
pareille nature étoient susceptibles de classification.
Nous chercherons le premier de ces exemples en
Amérique où, dans les parties supérieures de la Virginie
, du Maryland et de la Pensylv.inie, les fleuves
semblent se plaire à couper des chaînes parallèles de
montagnes qui sont successivement et en grand
nombre disposées perpendiculairement au cours de
ces fleuves. Certe disposition de terrain, bien plus
fréquente qu’on ne le croit, est représentée dans la
Planche 1 4 , où l’on ne sauroit reeonnoîcre de bassin
a Jamesriver, à Cohongrontariver, non plus qu’au
Susquehannah, du moins d’après l’idée que les géographes
ont jusqu’ici donnée de ce qu’ils entendoient
par un Bassin. „
La Péninsule Ibérique nous fournira le- second
exemple.. Dans cetre contrée géographiquement si
intéressante et que nous croyons avoir fait connoî-
tre mieux qu’on ne l’avoir fait encore, existent des
fleuves qui s’échappent vers l’Océan en coulant à
1 ouest, ou et d’autres qui prennent leur cours
vers la Méditerranée, par des pentes contraires,
exposees à 1 influence orientale. On crut conséquemment
qu’il écoic indispensable de ramifier
I p Pyrénées sur toute la surface du pays, afin
d établir encre les sources de ces divers cours
d eau glissant sur des penres opposées, devces
murailles que l'imagination supposoic isoler jusqu
aux moindres ruisseaux. C ’esc particulièrement
afin de séparer les versâns méditerranéens des ver-
sans océaniques, que les graveurs multiplièrent les
i crêtes, les pics, les anastomoses, les contre-forts, et
tout ce que le burin pouvoir imaginer de noir, pour
rendre sur le cuivre une physionomie alpine. Cependant
de vastes plaines, où les gouttes de pluie,
comme indécises du choix de leur route, coulent
vers la Méditerranée par le Xujar, et vers l’Océan
par le Guadalquivir, s’étendent précisément où
devraient exister ces chaînes imaginaires ; et plus
d une fois « trompé par de telles indications, avons-
nous die ailleurs (Résumégéographique de. la Péninsule
^ etc. j pag. 7 ) , le militaire calcule sur des obstacles,
qu sur des points, de défense qu’il ne. doit pas>
: trouver ; le naturaliste rêve un terrain coupé pro-
! pice à ses recherches, mais qui se métamorphose'
■ en une aride et horiozontale étendue ; enfin ,1e voya-
, „eur qui craignoit de parcourir des chemins dangereux,
est agréablement surpris en. rencontrant
■ des routes ouvertes et commodes. >* _
L ’histoire et la politique ne doivent pas moins
que la géologie, s’occuper de la nature des bassins
et de leur circonscription. Les dominations humaines
ont, en général, été d’autant plus durables,
que leur assiette et leur pourtour étoient^ mieux
adaptés à des bassins naturels. Une foule innombrable
d’Etats, augmentes ou démembrés parla vio-
lience ou par des alliances de familles régnantes auxquelles
les peuples servoient de dot, n ont jamais
eu qu’une existence* précâire et subordonnée a la
durée des circonstances qui avoient produit les
amalgames, dans lesquels n avoient point été consultées
les convenances physiques. Mais lorsque les
Irépubliques ou les monarchies se sont trouvées établies
dans des limites où ces convenances demeu-
p.oient observées, les efforts des siècles ont vainement
attaqué leur existence, ou 11 en ont triomphé
que lorsque, s’étendant au-delà de leurs montagnes,
les républiques ou les monarchies s affoibhrent en
s’agrandissant.
I Pour se convaincre de cette vérité fondamentale,
.il suffit de prendre une carte d Europe , et de la di—
viser selon les grands cours d eau* en *pentes générales
. que l’on pourra considérer comme des bassins
naturels plus ou moins étendus. Chacun de ces
bassins présentera dans toute sa surface une physiognomie
particulière, des productions à peu près analogues,
et des hommes qui, aux exceptions près re-'
sultan ces d’invasions postérieures, auront des caractères
communs. Ces hommes , quelles que soient
les révolutions qui les firent passer d’une domination
à une autre , conservent des traits indélébiles ;
lils seront ordinairement identiques sur les rives opposées
des cours d’eaux emprisonnées dans chaque
jbassin , tandis qu’ils seront presque toujours fort dif-
férens aux deux revers d’une même chaîne de montagnes
d’où l’on doit conclure que les limites géographiques
marquées par le canal des rivières rom-
Ipeat beaucoup’plus de rapports encre les nations, que
scelles qu’établissent les points de partage des eaux.
Ces points de partage isolent en général les peuples;.
ils interceptent trop souvent les communications
que tenteroient d’établir entr’eux les habitans
de pentes adossées. Ce 11’est qu’à l’aide de routes
difficiles à établir, conséquence d’une civilisation
fort avancée, qu’on peur ordinairement se rendre
d’un revers, à un autre,. Les fleuves et les rivières,
au contraire , facilirent les moyens de rapprochement,
ec contribuent à lier les hommes. Quels que
soient, par exemple, les obstacles que cinq ou six démarcations
politiques opposent au bonheur des r ives
d’un fleuve tel que le Rhin, les hommes qui
en fertilisent les bords n’en sonr pas moins unis par
des convenances naturelles de toute espèce; on re-
connoît en eux la race teutone, depuis les glaciers
sourcilleux d’où se précipite le fleuve, jusqu’aux
marais bataves3 au sein desquels on le voit se perdre ;
et le Rhin avec toutes les eaux qui se jettent dans
la mer du Nord, compose un grand bassin germanique
donc mille révolutions et le plus absufde la-
cérement de territoire ne purent altérer la physionomie
propre. Les productions agricoles y sont généralement
pareilles ; les distances en longitude ec
en latitude y portent peu de modification , et darr's
les extrémités de son étendue, on trouve encore
plus de rapports physiques, qu’il n’en existe avec
les points contigus des bassins limitrophes. La raison
de ce phénomène s’explique par 1 influence de
l’exposition- générale , selon des pentes communes
qui, avec d’autres influences qu’exercent les diversités
d'élévation au-dessus du niveau de la M e r ,. contribuent
encore plus que la distance a 1 équateur,, a
fixer la nature du climat.
La même observation acquerroit de nouvelles
preuves de certitude si nous la généralisions au reste
de la surface du Globe; on trouvera, en s’y arrêtant*
comment des croyances religieuses se sont
étendues dans certains bassins généraux sans avoir
pu s’acclimater en d’autres;, pourquoi le résultat de
mille conquêtes s’est évanoui, et comment tant
d’empires se sonr succédés sur la T e r r e , tandis
que les nations y demeurent à peu près les mêmes,
cour en changeant de nom., à la convenance des
dominateurs.
t t t DES COURS D’EAU.
Après ce que feu M. Desmaresc nous avoir
laissé à dire sur les bassins, il nous reste à parler
des eaux qui circulent dans l’étendue de ceux-ci :
ce sont les torrens, les ruisseaux,, les rivières et
les fleuves. O11 entend par ce dernier mot un
canal naturel plus ou moins considérable,. qui,
après avoir arrosé quelque partie d’un continent,
se jette dans une mer. Cette définition- exacte met
au rang des fleuves, des cours d’eau, tels que la
Somme, la Charente et l’Hérault en France, le
Xuxar ou Jujar, et le Guadalère en Espagne,,
qu’on avoir généralement, mais à tort, rangés
parmi les rivièreslesquels ne sont que dex exu