
26 ANALYSE
samment un habitat en inscrivant sur des étiquettes
Saint-Domingue, la Guadeloupe, Caracas, le
Pérou ou la Nouvelle-Espagne, auront eu soin d’annoter
soigneusement que tels ou tels objets ont été
recueillis soit au Cap ci-devant Français ou dans
les environs de Santo-Domingo, soit au rivage
occidental de la Basse-Terre, ou vis-à-vis la grande
mer à la Cabesterre, soit à la Guayra ou bien dans
les versans de l’Orénoque, soit sur les côtes de
Darien ou sur celles de l’Océan Pacifique, soit enfin
à la Yera-Cruz ou de l ’autre côté de Mexico.
Il est encore un autre point au sujet de la Méditerranée
colombienne, sur lequel nous appellerons
l ’attention des voyageurs naturalistes et
géologues, parce que nuis de leurs prédécesseurs
n’en ont dit un m o t, malgré qu’on ait répété
cent fois au moins depuis vingt-cinq ans, qu’on
n’avoir laissé qu’à glaner dans les régions équinoxiales
du Nouveau-Monde. D ’après l’habitude
qu’avoient contractée les géographes de tracer
sur leurs cartes de longues chaînes de montagnes
non interrompues de l ’extrémité à l’autre
d’un continent, pour en établir la charpente
(c’étoit le mot consacré), on avoir dû imaginer
que le Mexique, présentant des sommets altiers,
de grands volcans, des plateaux fort élevés, et
des mines très - abondantes, se devoir lier intimement
aux Cordillières, où se voient des choses
pareilles \ conduisant en vertu de ce principe aveuglément
adopté» à travers l ’isthme de Panama
et de Darien , une arête monstrueuse , aussi fortement
prononcée que la croupe du Mexique et que
celle des Andes,, on lioit l’Amérique du Nord à
celle du Sud par un chaînon non moins puissant
que les plus hautes montagnes du reste du Nouveau-
Monde. Cependant nous avons entendu dire plusieurs
fois à feu notre savant ami Z é a n a t i f de
Santa-Fé de Bogota, que des rives de Cartha-
gène,. sur la Méditerranée colombienne, à celles
de l’Océan Pacifique » existoit, du nord-nord-est au
sud-sud-ouest ,.une région très-basse en comparaison
des monts de l’isthme de Panama, qui venoient s’effacer
dans cette région, tandis que ceux- de la Nouvelle
Grenade s en éieVoient vers le côté opposé ; de
sorte que par la grande dépression, qui s’observoit en
ce lieu, les deux mers avoient. fort bien pu communiquer
encore assez récemment l’une avec l’autre,
comme la Méditerranée communiqua avec l’Ery-
thréenne par l’isthme de Suez. Si le faitse confirme,
les cartes modernes, adoptées comme parfaites sur
la foi de ceux qui disent avoir soigneusement visité
les contrées également visitées par Zéa» ne tarderont
pas à se trouver vieilles et fautives.
Les hommes d’espèce Colombique occupoient
le pourtour de la Méditerranée dont nous venons
d’entretenir le lecteur, lorsque les Européens
y pénétrèrent pour en faire une épouvanble
boucherie.
90. La B a ie d’H udson , dans le nord du continent
américain, sous un climat austère, souvent
fermée par des glaces qui s’amoncèlent sur des
cotes dépouillées , peut être encore considérée
comme une Méditerranée ; mais on en connoît à
peine la véritable figure , et très-peu les productions
: aussi ne s’en occupera-t-on point dans cette
partie de nos Illustrations.
L ’étendue de mers continuant sans cesse à diminuer,
ainsi qu’on l’établira tout à l’heure, c’est
par la formation successive des Méditerranées
futures que des parties plus ou moins considérables
des mers océanes en seront l’une après l’autre
séparées. Ce qui est arrivé pour les Méditerranées,
dont un côté est encore formé d’îles
prêtes a se confondre, aura lieu pour divers espaces
que des îles nouvelles commencent à environner
; il suffira, pour opérer de telles métamorphoses,
qu’une certaine quantité de mètres
d’eau seulement ait été absorbée à la surface du
Globe. O11 voit déjà la préparation de Méditer-
ranees naissantes en beaucoup d’endroits. Nous nous
contenterons de citer comme exemple deux de celles
qui se formeront probablement les premières;
elles sont 1 une et l’autre parfaitement indiquées
dans l’Océan Pacifique ( voye% PI. 6 ) ; la première
confinant à la Sinique, aura pour rives occidentales,
depuis le Bornéo jusqu’au Japon, les
Philippines, Formose et les innombrables petites
îles et rochers madréporiques et volcaniques qui
se lient déjà, mais imparfaitement, aux îles plus
grandes ; les cotes orientales commencent à appa-
roitre dans l archipel de Magellan et dans les Ma-
ria-nes en se liant a Célèbes par Gilolo. La seconde,
que coupera la ligne équinoxiale, aura les Caroli-
nes pour rivage boréal, les Mulgraves pour côtes
orientales y les îles Fiddji pour rives du sud-est, les
archipels infinis qui vont unir, par les Nouvelles-
Hebndes et les îles Salomon, la Nouvelle-Calé-
donie à la Nouvelle-Guinée, et celle-ci à Gilolo, à
travers la petite mer des Moluques » fermeront
cette mer dans le reste de son pourtour..
t t t GOLFES et BAIES.
Outre les Méditerranées,. il existe sur toutes
les rives du Globe d’autres enfoncemens, donc
plusieurs seroient aussi des Méditerranées» si leur
ouverture n’étoit pas trop considérable pour être
réputées détroits. Ce sont les golfes qui participent
par leurs productions à l’influence climatérique
des Océans et des Méditerranées dont
ils font partie. La Mer-Blanche, au nord de
l’empire de Russie, esc l’une des plus remarquables
de l’Océan arctique : le golfe de Gascogne
ou de Biscaye, qui doit.être pris de la pointe
de Penmarck, vers l’une des extrémités de la Bretagne
, jusqu’au Cap Ortegal en Galice, appartient
sur nos côtes à l’Océan atlantique ; celui de Guinée
dépendant du même Océan, s’enfonce sous
la ligne vers le centre de l’Afrique. La presqu’île
de l’Indostan, forme d’un côté, avec les côtes de
Perse, d’Arabie et d’Afrique, un grand golfe appelé
Mer d! Aman ; de l’autre côté, la même presqu’île
borne, avec celles de Pégu et de Malaca, le golfe
de Bengale ; ces deux golfes dépendent de l’Océan
indien. On peut encore considérer comme un golfe
appartenant au même Océan, l’étendue de mer
intertropicale qui se termine dans l’Australasie par
la baie de Carpentarie, et que bornent au sud la
côte Witt, et au nord les îles de la Sonde avec d’autres
îles adjacentes jusqu’à la Nouvelle-Guinée. La
Mer-Vermeille, s’enfonçant entre la Californie et
la rive occidentale de l’Amérique du Nord, est le
golfe le plus étroit et en même temps le plus enfoncé
dans les terres qui nous soit connu. Ces
exemples suffiront.
La baie de Baffin, long-temps considérée co.mme
un golfe, ne paroît plus être aujourd’hui qu’une
large et vaste communication entre deux parties
de l’Océan arctique qui fait une île énorme
de ce Groenland, qu’on crut d’abord être une
continuité du Nouveau-Monde."
Les baies ne sont que de petits golfes, et par
l’usage tacite qui fait qu’on n’appelle fleuve aucun
cours d’eau, quelque considérable qu’il soit,
quand il n’arrose qu’une î le , on n’appelle généralement
que baies les golfes des îles, même
les plus grandes.
t t t t CASPIENNES. Caspii.
Nous érendrons ce nom, restreint jusqu’ici à
une seule Mer sans communication avec aucune
autre, à, tout amas d’eau salée qu’emprisonne,
la Terre dans la rotalité de son pourtour, et
que nul détroit, ni même de cours d’eau un peu
considérable ne met en communication , soit
avec un Océan, soit avec une Méditerranée. Par
quelqu operation barométrique ou nivellement
quon puisse établir l’élévation de telles mers audessus
des autres, il est impossible de contester
sérieusement qu’elles durent' être primitivement
unies aux mers voisines. Elles sont demeurées
dans le milieu des continèns comme des mou-
vemens de la diminution des eaux. Ainsi que les
Méditerranées se forment aux dépens de l’Océan,
les Caspiennes se forment à leur tour aux dépens
des Méditerranées, dont les détroits viennent
à se fermer. Elles diffèrent des Lacs par
leur salure plutôt que par leur étendue, qui n’y
fait rien, puisqu’il existe de ces Lacs plus grands
que certaines Caspiennes ; mais comme la salure
de ces Caspiennes diminue en raison de l’importance
des fleuves ou des rivières qui s’y jettent, il
est plus d’un lac aujourd'hui qui dut être une Caspienne
autrefois, et plus d’une Caspienne qui ne
tardera pas à devenir lac. De telles mers n’étant
point alimentées par l’introduction de courans qu’y
pourraient envoyer d’autres mers, tendent à dis—
paroitre avec assez de promptitude ; aussi trouve-
t-on beaucoup plus de leurs traces qu’il n’existe aujourd’hui
de telles mers. Les déserts stériles, salés,
mais que ne sillonne aucun cours d’eau, où ne se rem
contrent tout au plus que des sources saumâtres de
loin en loin, et qu’environnent dans une étendue
plus ou moins considérable des hauteurs dépouillées,
furent des Caspiennes, dont les hauteurs latérales
formoient les rivages. La plupart redeviendraient
des mers, si deux ou trois cents mètres d’eau
se trouvoient seulement ajoutés à la masse des
eaux actuellement existantes sur le Globe. Nous
avons retrouvé le lit de plusieurs de ces Caspiennes
desséchées en Espagne ( voye\ notre Guide du
voyageur3 et notre Résumé géographique■ de la
Péninsule Ibérique) y on y voit fréquemment persister
vers le point qui fut le plus profond, des
amas d’eau dans lesquels la plus grande partie- du
sel s étant comme accumulée, ce sel qui se, cristallise,
durant les étés violens, ne redevient liquide
qu’au temps où les eaux pluviales viennent
en dissoudre de nouveau la masse éblouissante. Les
enviions de ces culots de Caspiennes, comme eux
imprégnés de sel, s’efflorissant et brillant à leur surface
, ne produisent, même à de grandes distances
des cotes actuelles, que des plantes maritimes, et
M. Léon Dufour nous a assuré avoir vu jusqu’à des
Fucus au centre de l’Arragon dans un reste de Caspienne
, non loin d’un lieu nommé Buralajos. Cette
partie de la Pologne où se trouvent les salines de
Willitska, dut être également une Caspienne européenne.
Le grand désert de Sahara, au milieu de
la partie boréale de l’Afrique , compris entre l’Atlas
, les monts de la Guinée, le Bournou et