
cent, l'horizon le plus n e t; ces avantages sont
ceux de l'automne ; ils ne se prolongent guère au-
delà du terme marqué par les bourasques de l'équinoxe
: dès les premiers jours d’octobre, la floraison
a achevé de parcourir son cercle. Passé le
io ou. le 15 , il n’y a plus rien. L’automne du Pic
a cessé quand le nôtre a commencé. Ainsi trois
mois et demi constituent à peu près toute la belle
saison pour cette cime :: le reste appartient à l’hiver.
Sous un tel climat existent cent trente-sept
végétaux , dont soixante - deux cryptogames et
soixante - onze phanérogames; quelques minces
lichens ont peut «être encore échappé à M. Ramond.,
et .cependant les espèces de cette grande
famille entrent pour cinquante-une dans la cryptogamie
du Pic du Midi, où il ne reste, afin de
compléter le nombre soixante-deux, que onze pour
une hépatique, six mousses et quatre fougères. Les
plantes phanérogames excitant surtout l’intérêt de
M. Ramond, ce savant pense que peu lui sont
échappées ; elles constituent cinquante genres, ap
•p.menant à vingt-trois familles ; les Syngenèses
forment à elles seules plus d’un sixième du total ;
les Cypéracées réunies aux Graminées, un sixième;
les Crucifères, un douzième ; les Lysimachies, les
Joubarbes, les Saxifrages, les Rosacées-, les Légumineuses
, chacune un dix-huitième. Les autres
familles sont réduites à une ou deux espèces, et
au terme de la liste, figure une Amentacée ,- le
Salix rctusa , arbre par sa conformation , sous-arbrisseau
par sa stature, herbe par l’aspect et les
dimensions, unique représentant de sa tribu, a
une élévation qui laisse au loin au-dessous d’elle
ces grands végétaux dont la résistance échoueroit
contre les ouragans des points culminans, où rien
ne résiste que ce qui rampe.
. Les nombres qui expriment les rapports des
diverses familles entr’elles sur le Pic du M id i,
ne s’accordent pas avec ceux que des comparaisons
plus étendues ont fournis aux laborieuses
recherches des Brown, des Wahlemberg et des
Humboldt. M. Ramond opéra sur des faits positifs
, ses prédécesseurs n’ont guère opéré que sur des
hypothèses. De telles différences ne devraient pas
surprendre; les calculs où l’on prend les herbiers
des voyageurs et les Flores- imprimées pour bases
fussent-ils exacts. Un groupe de cent trente-trois
espèces, examiné en un seul et même lieu, est
loin d’offrir des données assez larges aux compensations
qui ramèneraient.les exceptions à la règle ;
les rochers appelant les lichens, il n’est pas surprenant
que de telles plantes aient acquis une si grande
prépondérance sur un pic formé de rochers, ou
n’existe ni terre substantielle , ni ombrages, ni
humidité interne. L ’île Melville offre dix-sept
espèces de moins que la cime pyrénaïque, si
bien décrite par M. Ramond, et le rapport des
familles et des genres dans lesquels se rangent
ces espèces change considérablement ; sur quarante
neuf cryptogames, par exemple, il n’y a que
quinze lichens au lieu de cinquante-un , tandis que
trente mousses y verdoient au lieu de six.
Ces données suffisent pour indiquer la marche
qu’on doit suivre dans l’étude de la Géographie
botanique, pour laquelle les voyageurs qui notent
soigneusement Y habitat des objets récoltés par eux,
ramasseront seuls d’excellens matériaux. Le nom du
pays rie suffit pas ; il faut tenir compte de la nature
des supports, de l’élévation au-dessus du niveau de
la M e r , et du versant même sur lequel on récolte.
Pour prendre une idée de l’état de cette branche
de la science, les ouvrages du célèbre professeur
Decandolle sont les véritables sources où l’on doit
remonter. On ne rencontre guère chez des auteurs
cités à tort et à travers comme les inventeurs
de la Géographie botanique, sur laquelle
Linné qu’on ne cite pas, avoir composé
une excellente dissertation, que des phrases embrouillées
et sonores qui déguisent mal des faits
hasardés. Chez M. Decandolle on rencontre toujours
la vérité avec le style qui lui convient.
Cet auteur ne se borna pas à compulser des catalogues
d’objets ou les habitat fussent indiqués tant
bien que mal, il voyagea, il consulta de vastes
collections , il est réellement botaniste ; aussi entrevit
il quelques règles générales de distribution
que l’observation confirmera probablement.
La répartition des animaux sur la croûte terrestre
étant subordonnée à celle des végétaux dont
les herbivores font leur nourriture , il arrivera une
époque où la science, convenablement étudiée,
aura acquis un tel perfectionnement, que la Flore
d’un point du Globe étant parfaitement connue,
on pourra préjuger quelle en devra être la Faune.
En attendant qu’on parvienne à ce résultat, où
l’on n’arriveroit jamais si l’on procédoit par
des chiffres, nous croyons devoir recommander
de nouveau aux personnes qui voudront avancer
dans la Géographie zoologique, de s’occuper des
points de dispersion, que nous avons indiqués en
remontant à ces temps si loin de- nous, où les
Mers s’élevant de quelques centaines de toises au-
dessus du niveau actuel, circonscrivoient quatorze
continens primitif^
CHAPITRE VI,
CHAPITRE VI.
SÜR LA GEOGRA PHIE PHY SIQUE DE L A FRANCE.
APRES avoir donné l’analyse des Planches que
fit graver M. Desmarest, renvoyé aux articles du
Dictionnaire pour l’explication de la plupart de
celles que nous avons ajoutées, et exposé supplémentairement
aux livraisons précédentes de l’Encyclopédie
quelques vues modernes sur la Géographie
physique, il convenoit, pour rendre plus intelligibles
les principes établis dans notre Illustration,
d’en faire l’application à quelque partie du Globe
regardée comme des mieux connues. Nous avons
choisi la France, encore que les limites de cet Empire
soient loin d’être naturelles. ( Koye£ PI. 48. )
Selon l’idée que nous avons donnée au commencement
de cet ouvrage de ce qu’on doit comprendre
par Géographie physique, nous éliminerons
ici tout détail Arranger à la physionomie naturelle
du point continental qui doit nous occuper. Sa circonscription
politique a peu de rapport avec les
régions que nous y reconnoîtrons ; aussi trouve-t-on
sur son étendue de grandes variations dans la
distribution des êtres organisés, variations qui s’étendent
jusque sur l’espèce humaine, laquelle nous
paroîtj entre les Pyrénées, la Méditerranée, le
Rhin et l’Océan, compter trois races originairement
très-distinctes. ( Voye\ l’article R ac e s dans
le Dictionnaire. )
Le royaume de France commence au sud , entre
les 42e. et 43e. degrés de latitude nord , et s’étend
jusque sous le 5 i c. La Hongrie, la Russie méridionale,
dont on a appelé les habitans des peuples
du Nordy la Caspienne boréale et la Mer d’Aral ;
les régions septentrionales de la Tartarie indépen?
dante, la Mongolie et la Mantchourie, dans
l’ancien Monde, avec l’îlé de Terre-Neuve, l’embouchure
du fleuve Saint-Laurent, son lac supérieur,
le Canada et le midi de la glaciale baie d’Hudson ,
dans le nouveau, répondent aux mêmes parallèles.
En comptant du méridien de Paris, la France
s’étend vers l’ouest jusqu’au 7e. degré de longitude,
et à l’est, deux de ses pointes atteignent au 6e. ;
nous l’avons vue dépasser le 9e. dans cette direc-r
tion, et-atteindre jusqu’au 54e. nord. Elle avoir
alors près de 39,000 lieues carrées de surface, avec
environ 40 millions de citoyens; on lui compte
aujourd’hui de 29 à 30 millions d’habitans, répartis
sur 16,700 lieues carrées de surface.
Après la Péninsule Ibérique, la France esc la
partie la plus heureusement située de l’Europe.
Deux mers et les Pyrénées lui forment, par le sud
et l’ouest, des limites naturelles faciles à défendre;
les Alpes et le Rhin sembleroient devoir la limiter
au levant et vers le nord. Des circonstances dont
s’occupera la Géographie historique l’ont entièrement
ouverte dans cette dernière exposition, où
l’art des ingénieurs militaires a dû créer des limites
artificielles. Assez de Traités de météorologie
ont fait connoître sa température, souvent très-^
chaude vers les parties méridionales, et froide vers
le septentrion. On se bornera conséquemment ici
à l’indication des régions naturelles qu’on y peut
recbnnoitre.
On a vu, lorsqu’il a été question des montagnes,
qu’il Falloir considérer celles: de la France comme
faisant partie de cinq systèmes.généraux, deux qui
lui sont propres, et trois qui lui sont communs avec
les contrées limitrophes. Ces cinq systèmes sont :
i° . Le P yrén a ïqu e (commun à l’Espagne),
20. Le C e l tiq u e (propre à la France).
3°. Le Jurassique (commun à l’Helvétie).,
40. L ’A lpin (commun à lTtalie).
50. L ’A rmorique (propre à la France).
Des Dépressions plus ou moins considérables séparent
ces divers systèmes que rattachent des plateaux
plus ou moins élevés, et de vastes plaines
intermédiaires plus ou moins basses. Il est facile
de reconnoître que ces systèmes ne furent pas toujours
unis; nous avons indiqué comment chacun
d’eux put être le noyau d’un île , ou dut se rattacher
à quelque continent voisin. Nous avons remonté
à l’époque où notre Méditerranée commu-
niquoit au golfe de Gascogne par la dépression qui
se voit encore entre uh éperon des Pyrénées et un
prolongement des Cévennes. Alors la même Mer
communiquoit avec la Mer du Nord par la vallée du
Rhône, et autres détroits entre lesquels le système
Jurassique demeuroit isolé; ces détroits préparoient
sous leurs vagues ce bassin helvétique, qui devint
plus tard un golfe, puis un lac tributaire du Rhin ,
lorsque, parle dessèchement graduel, le cours de.
ce fleuve commença à se constituer. Le système
Armorique formoit alors une île peu élevée
au-dessus des eaux, où les sommets de l’Angleterre
et de l’Ecosse étoient comme autant d’Hébrides
et d’Orcades éloignées.
On peut dire de la France comme de la Péninsule
Ibérique (voye^ notre Résumé y pag. 9 ) , que
quatre grands versans généraux, dont les limites
paroissent souvent presqu’inappréciables à l’oeil,
sont déterminés par les pentes des plateaux, peut-
être plus encore que par les principaux groupes de
i 5