
indien , dont le tropique traverse l’ouverture
méridionale, ces vents alises, n’arrivent pas jusqu’à
la ligne, et s’éteignent vers le 10e. degré,
comme pour céder la place aux moussons ou vents
alternatifs.
Les vents alisés, dans l’hémisphère sud , se dirigent
constamment de l’est-sud-est, ou du sud-est
aux points opposés du compas. Ce n’est que le long
de la côte occidentale d’A frique, jusqu’au fond du
golfe de Guinée , qu’omen trouve une bande qui
du large porte à terre, c’est-à-dire du sud-ouest
au nord-est; cette bande peut avoir dix degrés
en longitude, et l’on trouve ensuite comme une
pointe alongéè dans l’Océan atlantique du sud
au nord jusque vers la ligne, qui demeure abandonnée
aux calmes ou aux vents variables au milieu
des vents alisés. Dans l’hémisphère nord, leur
direction de l’est à l’ouest est beaucoup plus exacte :
aussi les navigateurs qui partant de nos ports veulent
gagner promptement les Antilles, se hatent-
ils d’atteindre le trentième degré, où les vents alisés
les prenant pour ne les plus quitter, leur sont
constamment favorables. Pour revenir, au contraire
, il faut se hâter de s’élever au-dessus de la
zone où ils régnent, et dans laquelle ils devien-
droient contraires. Ce n’est guère que dans la partie
de l’Océan Pacifique qui confine aux côtes du Japon
, et dans les parties septentrionales de la Polynésie
, que les vents alisés.subissent un changement
de direction qui s’exerce du nord-est au sud-ouest.
Le long de l’A frique, des Canaries, aux côtes de
Guinée, ils semblent converger du large au rivage :
au sud des îles du Cap-Vert, en Ere la Sénégambie
et le Brésil, sous la ligne, ils cessent entièrement,
et laissent un espace analogue à celui que nous
avons indiqué entre le Cap de Bonne-Espérance
et Sainte-Hélène, espace qui demeure*frappé de
calmes les plus désespérans pour les navigateurs.
Voici comment on explique la cause des vents
qui tiennent de nous occuper ; Le soleil, dans les
régions éqnatoréales, échauffe continuellement les
couches d’air, les dilate à mesure qu’elles se présentent
à son influence par le mouvement de rotation
de la Terre ; il se forme ainsi un équateur d’air
dilaté, conséquemmenr plus élevé que le reste de
l’atmosphère, et dont les couches supérieures n’étant
plus soutenues latéralement, doivent retomber au
nord et au sud-ouest des pôles.. Pour remplacer cet
air, qui forme un courant partant de l’équateur,
un autre courant en sens contraire et inférieur au
premier, s’établit des pôles à la ligne équinoxiale.
Les particules d ’air qui composent les couches inférieures
ne possèdent d’abord qu’un foible mouveriient
de rotation, égal à celui des parallèles
terrestres qu’elles abandonnent; mais comme elles
arrivent en des lieux de la Terre où sa rotation est
très-supérieure à la leur, elles sont renvoyées de
l’ouest à l’est par les obstacles qu’elles rencontrent
à la superficie du Globe , obstacles dont la vitesse
de rotation est d’autant plus grande qu’ils se trouvent
plus rapprochés de l ’équateur. Quoique la
cause qui produit les vents alisés doive agir aussi
hors des tropiques, et jusque dans nos climats,
son effet y est beaucoup plus foible à cause de la
moindre chaleur du soleil et de la moindre différence
des vitesses de la rotation ; des variations
accidentelles contribuent encore à rendre cet effet
à peu près nul.
Les moussons n’existent guère que dans l’Océan
indien ; on les retrouve cependant dans, la Méditerranée
sinique et sur la côte de l’Amérique
méridionale , depuis le tropique du Capricorne
jusqu’au dixième degré, où, durant les mois
d’avril, mai, juin, juillet et août, le vent se
dirige constamment du sud-ouest au nord-est, tandis
qu’en septembre, octobre, novembre, décembre
et janvier, il souffle du nord-est au sud-ouest. Les
moussons des mers indiennes nous paroissent être
inexplicables, et rien n’est plus constant que leur
régularité : on les trouve exactement indiqués dans
les PI. 5 et 6. Les marins s’y abandonnent avec
une entière confiance ; mais ils redoutent l’époque
du changement des moussons, où se déclarent
ordinairement les tempêtes et les ouragans, météores
redoutables, par la violence desquels la plus
paisible des mers du Globe est quelquefois bouleversée
durant deux mois opposés. Des courans
marins résultent de la continuité sexmensuelle
des moussons.
Certaines îles élevées de la zone torride sont
encore tempérées par des vents alternatifs appelés
vent de terre et vent de mer , et q u i, dans la durée
d’un même jour, à des heures fixes, soufflent du
centre à la circonférence , ou de la circonférence au
centre ; mais de tels courans d’air Ont peu d’influence
sur ceux de l’Océan.
§. IV. De la profondeur de la Mer.
Considérée sous cè’ point de vue, l’histoire de
la Mer présente , à notre sens, l’une des plus grandes
singularités qu’il soit possible de concevoir ;
on n’a pas une seule donnée précise pour déterminer
quelle peut être la profondeur de la Mer, et
cependant des auteurs graves l’ayant évaluée, ont
calculé à.un pied cube, à une demi-livre près, pour
combien
[ combien la masse de ses eaux entroit, soit sous le
| rapport de la quantité, soit sous celui de la pesanteur,
dans l’ensemble du Globe. Nous ne croyons
pas devoir consacrer dans ce chapitre la moindre
, place à des évaluations qui ne sont basées sur
rien de solide, et' que l’époiacé le mieux ’pré-
! cisé, accompagné des plus savantes formules
algébriques, ne suffirait pas pour élever au
rang des vérités seulement présumables. On peut
'croire tout au plus que la Mer n’a point une
I profondeur indéfinie , et qu’elle forme simplement
, à la surface du noyau solide dont les
continens et les îles sont la croûte oxidée, une
couche liquide comme y est l’atmosphère qui
^l’environne à son tour, ainsi que la terre : au-
delà de" cette présomption, rien n’est plus qu’ia-
certitude.
On est parvenu, au moyen de la sonde, à
trouver le fond de la Mer en beaucoup de
points de son étendue 5 mais la sonde elle-même
ne produit pas toujours des données parfaitement
exactes, surtout au-dessous de quatre ou cinq cents
mètres; des courans inférieurs peuvent la faire dévier
; la corde qui la retient doit finir par flotter,
en déplaçant une suffisante quantité de liquide pour
faire obstacle à son enfoncement ; e t , dans beaucoup
de cas, ce que l’on suppose le sol atteint par
le plomb, peut n’être encore qu’un point de la
masse liquide où ce plomb, quelque lotnd qu’il
puisse êrre, flotte comme le feroit une bouchée
à la surface.
L -Si I on na pas des données précises sur la profondeur
de la Mer ; si l’on a même élevé des doutes
au sujet de sondages qui seroieiu parvenus à 49 1 6
pieds, n’est-il pas encore prématuré d’établir quels
sont les formes et les accidens de son lit? On ne
pourroit pas donner de carte topographique de la
millième partie des terres habitées, et l’on a
prétendu figurer le fond de la Mer ! On y a supposé
[ des formes pareilles à celles de la surface des con-
tinens, et des géographes, abusant étrangement de
la signification des mots^consacrés, e® ont décrit
les montagnes avec leurs vallons, leurs plateaux
et leurs anastomoses. On fit plus , on traça sur une
mappemonde la figure que doivent présenter les
chaînes sousmiarines. Des copies de cette malheureuse
conception ont été reproduites récemment
avec éloge dans des atlas mis pour l’enseignement
dans les mains de la jeunesse ; on y trouve gravées
a travers les plus grandes profondeurs de l’Océan ,
des Alpes méridionales et des Alpes septentrionales
qui font le tour du Monde, lequel est divisé,
selon la vieille routine, en quatre parties. Nul
doute que le fond de la Mer ne présente de grandes
inégalités ; que ces inégalités n’influent sur les
courans ; qu’en beaucoup d’endroits son lit ne
s’encombre et ne s’élève au point qu’on peut deviner
à quelle époque quelques-uns des points
de ce lit deviendront des îles, ou se rattacheront
aux continens : mais de tels accidens ne
sont pas la preuve de l’existence des chaînes de
montagnes dans le sens que l’on doit attacher
aux mots montagnes et chaînes ; au contraire,
c’est précisément le long des îles nouvelles, soie
madréporiques, soit volcaniques, où l ’on prétend
reconnoîcre le sommet de ces chaînes imaginaires
, que tout-à-coup la sonde ne trouve plus
de fond : on en devinera la raison quand il sera
question des hauteurs du Globe, et nous nous bornerons
à faire remarquer ic i, qu’au voisinage des
côtes dites Açoresj c’est-à-dire coupées à pic, la
Mer est toujours là plus profonde, et qu’une plage
basse, le long d’une contrée de plaines, indique
qu’on peut trouver le fond jusqu’à de grandes
distances.
§. V . Distribution géographique des plantes et des
animaux de la Mer.
t DES PLANTES.
Comme les animaux de la Terre, ceux de la Mec
sont subordonnés, dans, leur distribution géographique
, à celle des choses dont ils font leur nourriture
; les espèces herbivores y doivent être conséquemment
plus sédentaires que celles à qui devient
nécessaire une proie vivante; les Hydrophytes qui
servent de pâture aux herbivores de l’eau, attachent
pour ainsi dire ceux-ci autour des lieux où ils croissent.
Un savant qui s’étoit beaucoup occupé de ces
plantes, feu le professeur Lamouroux , avoir tenté
de tracer le plan de leur répartition. Cette partie
des ouvrages qu’il nous a laissés fut trop hâtive, on
ne possédoit pas alors assez de données.sur la botanique
marine pour entreprendre un pareil travail
avec succès; les richesses végétales provenues des
voyages de MM. Gondichaüd, Durville et Lesson,
ont renversé des théories légèrement établies qu’on
avoit tenté d’introduire dans la science, et la classification
des Hydrophytes étant elle-même encore
informe, il seroit imprudent de hasarder
même des aperçus sur la distribution dé genres
peu naturels, qui la plupart doivent être réformés.
Cependant, pour mettre le lecteur sur la voie des
essais qui ont été faits sur cette matière, nous rappellerons
que M. Lamouroux rangeoit, sous le rap