rinus, qui ne permettent plus de reconnoître l’état
primitif des choses, qu’il existe, dans les couches
superficielles de la Terre, des bancs de substances
facilement pénétrables par l’eau, couches inférieures
dont plusieurs ont été détruites souterraine ment
par l’effet des infiltrations, et qui, ayant laissé, par
leur disparition, des vides immenses, ont donné
lieu à des affàissemens dont plusieurs ont pu rendre
à la Mer ou bien à l’eau douce de vastes espaces
qu’avoient long-temps parés la verdure terrestre et
peuplés des légions animées. Des réservoirs et des
canaux d’eau douce durent, comme on va le
voir dans le chapitre suivant, se former dès qu’il
exista des montagnes, et l’addition de ces eaux
douces fut un élément nouveau d’organisation végétale
et animale à la surface d’un monde naissant,
et, s’il étoit permis d’employer cette expression
, comme sortant de son ammos.
CHAPITRE IV.
DE L’ iN F LU EN C E E T DE L A D IS T R IB U T IO N
GÉOGRAPHIQUE DES E A U X DOUCES A LA
SU RFACE DU GLOBE.
I er. Des eaux vives ou courantes.
f EAUX PLUVIALES.
L e s eaux douces, soit qu’elles se trouvent
a la superficie de la Terre réunies en amas appelés
lacs 3 soit qu’elles y circulent dans les canaux
naturels nommés fleuves e t' rivières , vieil-
nent des pluies qui sont le résultat, de la chute
des nuages; elles tirent conséquemment leur origine
de la Mer, au moyen du double mécanisme
de la vaporisation et de la condensation.
Il dut y avoir un temps où les eaux douces ne
couloient pas sur le Globe, ou n’y formoient
pas de masses stagnantes ; et l’auteur de la- G enèse
a fort bien exprimé cette probabilité dans
les versets 5 et 6 du chapitre second, où nous lisons :
e< L ’Eternel Dieu n’avoit pas fait pleuvoir sur la
« terre........et il ne montoit pas de vapeurs de la
?» terre pour en arroser la surface. » En effet, ce
ne put être qu’après l’apparition de ce que l’auteur
sacré appelle Y-aride , que l’attraction des points
culminans de la terre nouvelle y attirant les vapeurs,
les pluies en vinrent sillonner les flancs bien
plus qu’ils ne les arrosèrent. On a vu tout à l’heure,
lorsqu’il a été question de la diminution des mers
et de l’élévation des montagnes, combien l’intervention
des eaux pluviales dut être nécessaire
pour imprimer aux inégalités premières du Globe
la physionomie que n’a point effacée leur vétusté;
physionomie néanmoins essentiellement mobile,
encore que, dans un style figuré qu’on est
étonné de trouver dans les ouvrages les plus sérieux,
il soit rarement question de montagnes, sans
que ce mot se trouve accompagné des épithètes
d'immuables , d’éternelles , à!indestructibles , etc.
On peut assurer, au contraire, qu’il n’est pas
une ondée dont l’influence ne s’exerce sur le
point terrestre où elle tombe, et qu’elle ne défigure
, soit par le transport des corps étrangers
qu’elle y e ha rie, soit en lui arrachant' des parties
qu’elle entraîne ailleurs.
La chute des eaux douces et la sorte de circulation
qui en fut la suite , modifièrent d’autant plus
la superficie de la terre que celle-ci étoit plus
molle; les dépôts marins qui en formoient le
revêtement n’étant probablement qu’une vase peu
liée, ou des sables et des galets mobiles. Telle
fut l’une des principales causes de l’encaissement
des torrens et de la formation du lit- des rivières ;
l’eau, dont les masses exondées étoient pénétrées,
descendant d’ailleurs vers la base des montagnes vierges
en vertu de son poids, des fissuresr des éboule-
mens desquels profitèrent encore les pluies, s’y formèrent
promptement-; les hauteurs du Globe prirent
aussitôt cette forme alpine que des causes analogues
doivent reproduire partout, et qui furent
pour nous le sujet de méditations profondes. ( Voyt%
pag* 68.)
La chute des eaux douces produisit un autre
grand résultat, en modifiant d’abord le mode de végétation
qui, jusqu’à l’apparition des îles et des con-
tinens, ne pouvoir être que le mode propre aux Hy-
drophytes ; elle modifia également l’existence animale
, qui, dès-lors, cessa d’être subordonnée à l’influence
d’une habitation marine. Des espaces considérables
d’eaux salées, Caspiennes primitives, dont
le soulèvement de la croûte terrestre ou la retraite
de l’Océan avoient déterminé la formation sur plusieurs
points, s’adoucirent bientôt; les Végétaux,
les Mollusques et les Poissons qui. s’y trou-
voient captifs, se modifièrent en raison de cet
adoucissement ; plusieurs passèrent de fleuves en
fleuves en s’y modifiant davantage ; et lorsque les
eaux marines, qui avoient nourri de telles créatures,
devinrent marécageuses par la cumulation
des restes de bien des générations successives, des
modifications plus considérables eurent lieu jusque
dans un nouveau mode de respiration insensiblement
introduit : alors , les terrains d’eau
-douce se formèrent au milieu des terrains d’origine
^océanique, comme pouf préparer des tortures
d’esprit à ces géologues des temps actuels, qui ,
voulant tout expliquer d’après un système de leur
invention, sont obligés de faire alterner des irruptions
de mers et de lacs à la surface de toute contrée
où quelque Cérithe se trouve en contact avec
une Lymnée fossile. Nous sortirions des limites
que nous assigne la Géographie physique pour entrer
dans le domaine de la Géologie, si nous
-entreprenions d’examiner ce qui en est ; il ne doit
.être question ici que des modifications apportées
par les eaux douces à la croûte terrestre, et de la
manière dont ces eaux s’y trouvent distribuées. Les
amas qu’elles forment à la surface du sol sont les
LACS, qui diffèrent des Caspiennes , dont nous les
^regardons comme des restes par 1 absence de toute
salure. On en trouve dans l’Amérique septentrionale
principalement, de si considérables, qu on
le$ prendroit pour des mers. L énumération des
principaux se trouve au mot LACS dans le Dictionnaire
de la présente Encyclopédie, ai^nous
renverrons le lecteur, ainsi qu’au mot T c h a d ,
où sera traitée par M. Huot l’histoire de ce vaste
amas d’eau douce nouvellement, explore au centre
de l’Afrique par MM. Denham et Clapperton,
voyageurs anglais, les Colomb de l’époque.
La diminution des eaux qui se fait si puissamment
ressentir à la surface du Globe, n’est pas la
seule cause à laquelle on puisse attribuer la disparition
d’un grand nombre de lacs dont on retrouve
les traces dans certaines plaines circonscrites
de hauteurs : on trouvera les causes de ce
dessèchement dans l’histoire de .ces bassins généraux,
dont jjous devons dire quelques mots
avant de nous occuper des- canaux naturels qui
en arrosent l’étendue.
t t BASSINS GÉOGRAPHIQUES.
Nous, entendons par bassins : une surface de terrain
plus ou moins étendue, où les eaux , suivant
des versans divers, finissent par se réunir en un
seul courant qui les conduit dans un réservoir
commun, soit l’Océan , soit une mer intérieure ,
soit enfin quelque lac. De tels bassins généraux se
composent de bassins partiels ; et les vallées par
lesquelles les rivières ou les torrens portent aux fleuves
un tribut permanent ou variable, ne sont que
des.bassins secondaires, ou de petits bassins primordiaux
, ordinairement plus étroits ou plus encaissés.
yf’ Les cretes des monts sont parfois des. points
de partage entre les bassins, mais n’en sont pas
les limites indispensables; ces limites existent partout
où les eaux pluviales prennenr, en tombant
sur les pentes de la terre, une direction différente.
On en trouve sur des plateaux où l’oeil saisit à
peine l’aspect d’une différence de niveau. Aussi,
pour peu qu’on s’occupe de Géographie physique ,
on reconnoît combien étoit erroné le système de
ces faiseurs de cartes ; qui naguères encore environ-
noient de grandes chaînes les bassins naturels. Depuis
qu’on ne trace plus au hasard , et sur de fausses
données, des élévations en pains de sucre, ou
comme des colliers de perles enfilées, dans la T o pographie
, on s’est aperçu que les cours d’eau les
mieux connus n’avoient pas toujours leur bassin circonscrit
par des montagnes, et que plusieurs d’en-
tr’eux, donnant de perpétuels démentis aux dessinateurs
routiniers, sembloient se plaire à couper
successivement des chaînes considérables , qu’au
premier coup d’oeil on eut supposé devoir être
plus faciles à tourner qu’à rompre; il sufhc de
suivre la marche d’un grand fleuve pour se convaincre
de cette vérité. Qu’on examine le Danube,
par exemple ; son cours se compose de bassins successifs
, qui furent originairement des lacs dont les
écluses s’étant creusées jusqu’au-dessous du niveau
du fond primitif, donnèrent passage à la totalité
de leurs eaux. Le fleuve Saint-Laurent offre encore
, dans le nouveau. continent boréal, une
image de ce que fut d’abord le bassin du Danube;
et nous pourrions citer en France beaucoup
de localités où se recônnoîtroient les mêmes
dispositions du sol. Pour s’en former une idée,
il suffit de jeter les yeux sur la Planche 11 ,
qui représente ce qu’on nomme , vers la Haute
Lo ire, la Plaine ou le Bassin de Montbrison. Le
fleuve, sorti des grandes hauteurs du Mézin , a
circulé péniblement dans un pays anfractueux ,
jusque vers Saint-Rambert : à partir de ce point,
la Loire arrosera une vaste plaine circonscrite
par des hauteurs qui la séparent, vers le levant,
du bassin du Rhône, et vers J’ouest, de
celui de l’Ailier. La Mare, la Coize, la Loise
et la Vizezy , grossies de ce Lignon célébré par
le marquis d’Urfé, y circuleront mollement, alimentés
par une multitude de ruisseaux qu’interrompent
de petits étangs de retenue. Le so l,
comme nivelé à sa surface, mais profond, est
d’une extrême fertilité, parce que d’anciens débris
de corps organisés le forment par leur mélange
avec la meilleure terre charroyée des cimes
voisines. Ce terrain, maintenant si bien cultivé,
fut préparé sous les eaux qui s’échap