
que s’accumulent le plus de dépôts sur lesquels se ,
puisse établir-une riche végétation; les sables, les
galets et autres stériles débris de roches sont ordinairement
rejetés sur les parties latérales, mais
le sol de ce qu’on appelle le bec, dans certains cantons
méridionaux de la France, est ordinairement
vaseux et propre à la culture. M. Desmarest a cité
comme exemple de ce fait la Mésopotamie, vaste
mais véritable bec du confluent de l’Euphrate et du
Tigre dans le golfe Persique, lequel n’est en grand
pour ces fleuves que ce qu’est la Gironde par rapport
à la Dordogne et à la Garonne. Notre prédécesseur
fit aussi la remarque suivante sur le confluent
de la Loire et du C her, dont on trouve ici
la figure (voye^ PI. 20). Après la jonction de ces
deux cours d’eau dans une vallée commune, le lit
des deux rivières n’en demeure pas moins distinct
depuis Tours jusque vers l’embouchure de la Vienne,
de sorte que l’on peut dire que l’Indre tombe plutôt
dans le Cher que dans la Loire. L ’une et l ’autre
s’anastomosent et forment plusieurs îles durant leur
parallélisme; mais on 11e les sauroît confondre. Le
cours de la Loire demeure le plus fort avec ses îles
particulières et garde la droite ; l’autre ne tient
encore dans la vallée que le rang secondaire, et
occupe la gauche; on doit néanmoins remarquer
que ce n’est guère quand les confluens ont lieu par
la décharge à angle droit d’un cours d’eau dans un
autre que se forment de ces atténssèmens, dont
la Gironde depuis le Bec d’Ambez, et la' Loire,
grossie du Cher, viennent de nous fournir deux
exemples. En pareil cas le plus grand cours d eau
entraîne les charrois du plus faible, sans qu’il en ré^
suite d’accroissement pour le domaine de l’agriculture.
Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter les
yeux sur les Planches 18 et 19 , où M. Desmarest
fit représenter les confluens de la Marne , de
l’Oise et de la Seine, au-dessus et au-dessous de
Paris. Le terrain d’alluvion qu’on y voit de Villeneuve
Saint-Georges au Port-à- 1 Anglais , ou la
plaine riveraine au nord de la forêt de Saint-Ger*-
main, ne doivent rien aux deux rivières secondaires;
mais on observe ic i, en plus petit seulement, la
persévérance du cours d’eau tributaire ; sur le côté
de fleuve, jusqu’au-devant de Bercy, de petites îles
oblongues, maintenant réunies, forment encore un
petit bras qui est un prolongement de la Marne, et
l’Oise est encore distinguée dans la Seine par une
série d’autres îles qui tendent à s’unir depuis An-
dresis jusqu’au-dessous de Dononval,
Il résulte de l’examen des fleuves et de leurs
afflue ns, un autre fait de Géographie physique qu’on
ne doit pas omettre d’annoter ? et il consiste dans le
rapport où se trouvent les sommets des sinuosités
du lit avec les escarpemens latéraux de la vallée on
ce lie est creusé. En jetant les yeux sur la Planche 1 y,
qui représente la Seine au sortir de Paris, on voit
Montmartre d’un côté, contre la base duquel venoit
tourner le fleuve avant que les constructions des
hommes, accumulées durant près de vingt siècles,
aient changé la physionomie primitive des lieux.
Arrêté par un tel obstacle, le courant repoussé brusquement
à gauche, trouve bientôt les hauteurs opposées
de Meudon qui l’arrêtant encore, le renvoient
au pied du Mont-Valérien, lequel le renvoie
à son tour jusqu’aux hauteurs régnant d’Epinai à Ar-
genteuil; de ce point, la Seine encore repoussée,
vient baigner la base des coteaux de Marly, d’où
( voy. PI. 19) elle s’écoule vers les. côtes de Cou-
meil, puis vers celles de l’O cty, et ainsi de suite,
d’où vient que le poëre Santeuil a dit :
Sequana eüm, primuni Regince attabitur urbi }
Tardai p.rcecipites ambitiosus cequas ,
Captas aniore loc i cursum oblivisitur, anceps
Quô J lu a t, et dulces nectit in urbe moras.
Jlinc variOs implensJluctu subeunte canales ,
F on s fie r i gaudet, qui modo Jlumen erat.
Ce sont de telles sinuosités de rivières que
M. Desmarest appela oscillations. Il s’en occupa
particulièrement dans l’article CHARENTE du Dictionnaire,
pour l’intelligence duquel il fit graver les
Planches' 13 , . 15 et 16 , sur l’explication desquelles
il devient en conséquence inutile, de s’étendre.
Il n’en est pas des rivières et des fleuves comme
de la Mer, donc les eaux amères semblent faites pour
limiter la propagation des végétaux en dépit des
théories que nous avons réfutées plus haut (voyq
pag. 8). Leur cours bienfaisant contribue, en arrosant
la terre, à la dispersion des plantes , et j
l’on trouve sur leurs rivages jusqu’à des espèces 1
i alpines qu’enrrainèrent leurs cours. Nous avons re-
. marqué au bord de certains fleuves du N o rd , tels
entrautres que la Vistule et l’Escaut, des végétaux)
qui appartiennent à des climats plus chauds que
ceux où nous examinions le cours de ces fleuves* mais
qu’on ne retrouverait point à quelque distance de
leurs rives ou dans les marais voisins. O11 se rend
raison de cette anomalie en considérant que les dé-
bordemens de la froide saison couvrant de plusieurs
pieds d’eau les racines des végétaux expatriés, les empêchent
de se geler en les. tenant comme en serre
tempérée. Ce fait de Géographie végétale esc analogue
à celui que npu$ .observerons bientôt aux limites
des glaciers, où sur lés plus hauces montagnes,
leroissent abrités, des hivers rigoureux par d’épaisses
couchés de neige , des végétaux qui se'raiênt infailliblement
gelés-s’ils écoient cultivés à la surface .du
Jsol dans les plaines inférieures1, où la température
lest pourtant censée bien plus chaude que sur les
grandes cimes alpines (vojyqr pag. 64 )•
B Nous terminerons ce qui concerne les cours
d’eau considérés, sous les rapports de la Géographie
■ physique , par l’explication des Planches 1 2 et 13,
•où sont représentées deux particularités qui mériten
t toute l’attention des géologues, parce qu’elles
^rendent raison de plusieurs accidens terrestres dont
ion a cherché les taisons dans les grands cataclismes
et autres révolutions physiques, quand des infiltra-
jtiôns en furent les causes toutes simples*
K On a vu ( pag. 51 et Pi. 11 ) comment les
ibassins des. fleuves et des rivières durent se composer
dans l’origine par le dessèchement de lacs
■ superposés. Pour briser les digues qui retenoient
lies eaux des lacs, le poids' de ces eaux sur- la
■ rive inférieure n’étoit pas toujours suffisanc, mais
■ en s’infiltrant à travers quelques couches des pa-
Ifois, elles purent en dissoudre des parties peu
liées, qui s’échappant, selon la loi des pentes,
quand l’infiltration les eut suffisamment amollies,
■ donnèrent lieu à ces ponts naturels ou plutôt à
■ Ces engouffre mens de rivières qu’on voit tour à
pour disparaître ou se remontrer. La Grèce et le
IPéloponèse offrent, à ce qu’on prétend, beau-
1 coup d’exemples d’un tel phénomène. Le Gua-
diana en Espagne fut célèbre dès la plus haute
antiquité par un fait analogue, mais qui n’est
pas tout-à-fait du même genre. Les eaux d’une
'série de lagunes , appelées de- Ruidéra, qu’on
■ regarde comme les sources du fleuve, ne se
■ perdent pas sous terre pour reparaître de l’autre
coié d’une série de collines qui les intercepcoit; elles
Is’épandent dans un terrain marécageux pour se re-
|montrer tout-à-coup en abondance au point du
gmaiécage où. la pente générale les accumule en
; trop grande quantité pour qu’elles puissent demeu-
Brer captives dans la boue.
I Ce quon-nomme le Trou duHan,àzns le pays de
I.Namur, est l’un des condùics souterrains de rivière
jqui présente le plus d’importance, On en voit la
Itopographie figurée avec celle de quatre autres dans
lia Planche 12. M. Quételet, mathématicien dis—
j tingué, membre de l’Académie royale de Bruxelles,
S en a donné une description excellente, accompa-
Ignée de cartes, et nous y renverrons le lecteur, qui
I nous saura bon gré de lui avoir indiqué l’intéressant
{ ouvrage du savant Belge.
Dans le département de Sambre et Meuse, une
petite rivière, appelée Rivière noire, se perd au-
dessous de Couvin , tout près de la forge deSaint-
Roch, entre Fraine et Pétigny, pour reparaître à
1500 mètres environ au. lieu appelé Nismes, et
se réunir, non loin de Marienbourg, avec une autre
petite rivière appelée la, Blanche , qui forme avec
elle le Virouin.
Dans le dépàrtement de l’Arriège, l’Arize, tout
près de sa source, se perd dans la ceinture d’un vallon
fermé près d’A lzein, vallon qui fut évidemment un
petit lac. Elle passe sous un pont naturel assez étroit;
coulant, après sa réapparition, dans un pays assez
accidenté, elle rencontre encore, après deux lieues
de cours environ, une autre ceinture au lieu appelé
Roque-Brune, et, disparaissant à la base de
celle-ci, elle ‘se remontre de l’autre côté, au lieu
nommé le Mas-d3Âff.1.
L ’Ardèche, dans l’ancien Vivarais, est également
interrompue assez près de Vallon, au hameau
de Chames., e t , non loin de ce point d’interruption,
existe ce qu’on nomme le Gouffre de la Goutte,
où disparaissent deux ruisseaux qui viennent, l’un
du village de Vaguas, l’autre de celui de la Bastide.
Enfin, dans le département du Calvados, on
trouve le trou de Soucy, que nous avons attentivement
examiné, et sur lequel nous donnons le
résultat de nos propres observations. La Drôme et
l ’Aure, qui sont de petites rivières de six à dix
lieues de cours, se réunissent après avoir arrosé
un pays assez anfractueux dans un vallon où règne
la route de Bayeux au Port-en-Bessin, à trois quarts
de lieue environ de ce dernier lieu , qui est bâti
sur le rivage de la Mer, dans une sorte de petite
gorge entre deux séries de hauteurs coupées à pic
par des falaises du côté de la Manche , mais dont
les pentes sont adoucies vers l’intérieur. En venant
de Bayeux on s’élève d’abord insensiblement
vers la Mer au lieu de descendre; parvenu à
la Dente qu’on va trouver pour gagner le port,
on aperçoit un petit bassin devant soi, très-distinct
et séparé de celui dont on sort, par une colline
en ceinture, à la base de laquelle s’étendent des
prairies et des champs très-unis. Au pied de la colline
, dans la terre grasse et fertile d’alluvion qui
forme le sol, à peine trouve-t-on, en é té , les traces
du lit des petites rivières ; c e n’est que lorsque l’eau
y abonde qu’on voit cette eau disparaître en s’infil-
•trant contre les rochers et non en s’engouffrant ,
comme le feraient croire des récirs exagérés. De
l’autre côté de la colline* au fond du bassin dont