
plusieurs points, et des brumes épaisses en rendent
le trajet souvent très-dangereux ; 30. le plateau de
Souabe et deFranconie, qui peut avoir de 140 a
150 toises d’élévation, que dominent au sud les j
hauteurs de Waidenbourg, s’unissant, dans le pays
de Wurtemberg, au système de la Forêt-Noire ; le
bassin du Necker et du M ein, ainsi que la Kocher,
l’Yaxt, la Taubre et autres affluens de ces deux rivières,
s’y sont creusé des vallons très-profonds,
dont les parois sont tellement brusques, que d un
côté à l’autre, et de dessus la plaine, 011 n’en soupçonne
quelquefois pas l’existence j 40. le plateau de la
Bavière, l’un des anciens lacs du Danube primitif,
donc Ratisbonne et Munich occupent le milieu, et
qui s’étend depuis le Fitchel-Gébürge, montagne
granitique duPalatinat, jusqu’aux Alpes réthiennes ;
son élévation esc de 250 à 160 toises.
§. IV. D e s Ile s.
Ce seroic ici le lieu de nous étendre sur le chapitre
des îles, si chacune de celles qui méritent
qu’on s’y arrête n’étoit traitée à son article
particulier dans le Dictionnaire, et si M. Des-
marest ne se fût occupé des généralités qui
les. concernent, au mot même qui fait le titre
du présent paragraphe. Il ne nous reste qu’à les
considérer sous un point de vue qui nous semble
être assez nouveau.
Chacun sait qu’une île est un espace de terrain
environné d’eau, et qu’une réunion d’îles porte le
nom d'Archipel, D ’après le système de la diminution
des eaux à la surface du Globe, les archipels
présentent des sommets de montagnes futures dont
les bases sont encore cachées sous les flots, et loin
qu’ils soient, au moins pour le plus grand nombre,
des débris de continens détruits, ils sont comme
les charpentes de continens futurs ou d’additions
aux continens actuels. Ce n’est que lorsqu’une ou
plusieurs îles se trouvent très-rapprochées d’une
terre plus grande et séparées par des cassures évidentes,
sur les côtes opposées desquelles on recon-
noît la même nature et la même disposition des
couches de roche, qu’on peut croire à la disjonction
de contrées primitivement unies. L ’île de
Wigh dans la Manche a , par exemple, pu être
violemment séparée de la côte d’Albion; Aurigny,
. Grenesay, Jersay et les roches de Chausai dans la
même Mer [yoyt\ PI. 9 ) , ont fort bien pu être détachées
de la côte de Normandie et de Bretagne.
Les Canaries avec les autres îles Atlantiques voisines
[yoye\ PI. 47) durent appartenir à un même
continent lacéré ; l’Archipel Grec ou Egéen étoic
probablement une contrée continentale avant la
rupture du Bosphore et des Dardanelles; mais il
ne s’ensuit pas que toutes les îles aient fait nécessairement
partie des terres voisines. Néanmoins il
est rarement question d’îles, sans que les géographes
qui en écrivent ne les arrachent d’un continent
, sans s’inquiéter des distances. On brise l’Afrique
pour former Madagascar de l’un de ses quartiers
, Mascareigne, Maurice et Rodrigues de trois
de ses éclats ; on brise l’Asie équatoréàle pour ériger
la Polynésie sur ses débris ; on sépare les Ma-
louines de la terre des Patagons. L ’on ne réfléchit
pas que les points volcaniques auxquels on attribue
tant de puissance dans ces parties du Monde, sont
I de simples accidens de localité, comme Santorin,
dont la formation n’eut point de rapporc avec la
révolution physique dont provint l’Archipel Egéen;
on ne veut pas voir que Madagascar et les grandes
îles de la Polynésie, au lieu d’être de simples morceaux
de continens, sont des rudimens de continens
à venir ; que ces grandes îles furent des centres
distincts de création, ayant jusqu’à leurs Mammifères
particuliers, créatures qu’on verra quelque
jour se répandre de proche en proche sur les parties
limitrophes de nos continens actuels, quand Punion
de tant de terres divisées s’opérera à la suite d’une
diminution de cinq ou six cents mètres d’eau tout
au plus. Si la barbarie ramène d’ici là les hommes
à ce qu’ils étoient seulement en Europe vers le
moyen âge, et qu’on 11’aie conservé que de vagues
traditions de tels changemens physiques, lorsque
le besoin des sciences se faisant de nouveau ressentir,
des voyageurs naturalistes parcourront ces contrées
métamorphosées ; ils s’émerveilleront de
voir que les Makis, l’Aye-aye et le Tenrec soient
comme cantonnés sur des points particuliers de
l’Afrique orientale, et que les Orangs roux,
les Rhinocéros à deux cornes, avec de nombreux
Chéiroptères tout particuliers , habitent
exclusivement les prolongemens de l’Inde et de
la Chine. Mais lorsque s’éclairant davantage, les
voyageurs naturalistes qui succéderont. aux Béions
d’alors s’occuperont attentivement de la topographie
des lieux et qu’ils étudieront, à l’aide des
nivellemens, l’antique état des surfaces, rétablissant
par la pensée ce qui est l’état actuel des
choses, ils se rendront aisément raison de ce
qui leur seroit resté éternellement inexplicable,
s’ils n’a voient eu recours au système de la diminution
des eaux, système qui explique si bien
l’incorporation des'archipels aux continens, ten-
I dant toujours à s’étendre. Pourquoi ne devan-
I cédons-nous point nos arrière-neveux dans
l T 2'’- , - ’ &A ■ , ■ ‘ une
une pareille marche et ne remonterions-nous
pas dès à présent à ces époques, dont les monumens
sont partout? Choisissons, pour reconstruire la
surface du Globe comme elle devoit être à l’aurore
du mode d’existence organique où l’homme est
lui-même subordonné, le point du passé où les
eaux de la Mer s’élevoient d!un millier de mètres
au-dessus du niveau actuel. Il ne sera pas nécessaire
d’en ajouter davantage pour reconnoître d’un coup
d’oeil où furent les berceaux respectifs des principaux
groupes végétaux et animaux que lient des affinités
évidemment naturelles. La Belgique, la Germanie,
la Pologne, la Russie, auront disparu sous les
eaux, les montagnes hyperboréennes (voyqr pag.
72. J formeront une grande île scan iinave, peuplée
d’une espèce d’hommes particulière, appropriée
aux frimas, avec des rennes, des ours polaires,
également habitans des glaçons errans, et
avec quelques bouleaux^nains ou autres végétaux
rabougris, propres aux tristes forêts du Nord.
L’Océan arctique, dont le domaine se trouve
ainsi accru, communiquera, comme au temps de
Strabon , avec le Pont-Euxin et la Caspienne ; un
vaste Océan séparera ainsi les monts Ouraliens
des monts Krapaks, et les Scythes primitifs pa-
roîtront pour toujours devoir demeurer étrangers
aux hommes d’espèce Japétique.
La dépression où nous voyons aujourd’hui le
canal de Languedoc, l’Helvétie qui n’est pas même
un plateau, mais dont les plaines, dans les cantons
de Berne, de Fribourg et de Zurich, formées de
grès tertiaire ou mollasse, n’ont que deux cents et
quelques toises d’élévation au-dessus du niveau des
Mers actuelles, mettront en communication le
Rhône, le Danube et le Rhin, pour séparer la Péninsule
d’Ibérie , avec ses singes et ses caméléons,
d’une île Celtique où naquirent nos pères, et de
l’île dont les hommes de race pélage peupleront les
pentes méridionales, tandis que les Germains s’y
multiplieront Sur les versans septentrionaux ; île
qu’habitent aussi les urus, dont sont sortis les taureaux
domestiques, les élans et les bouquetins,
qu’on y a presque détruits.
L ’Atlas étoit alors séparé des monts de Guinée et
de l’Egypte, bien différente de ce qu’elle fut même
au temps de ses Pharaon, par une Mer dont le
désert de Sahara nous présente le fond sablonneux.
La contrée dont cette chaîne est le point culminant
donne son nom aux hommes développés sur
les pentes heureuses, où se développoit aussi le
dattier, où les mêmes caméléons que ceux de l’Espagne
vivoient avec des singes identiques, singes
qui ne sont pas ceux des autres régions africaines. '
Les montagnes de Guinée et de la Lune, soit
que leur séparation existe au-dessus du Bénin, soit
qu’il y ait connexité entr’elles, sont les limites de
l’Afrique primitive, de l’Ouest de laquelle sortenc
des Ethiopiens, tandis que la race d’Adam y naît
aux sources du Nil. Un éléphant et une girafe
particulière , si. l’on adopte l’opinion de M. Geoffroy
de Saint-Hilaire sur la distinction de deux
espèces, dans un genre où l’on n’en soupçon-
noit qu’une, sont propres à l’Afrique ainsi circonscrite
, dont les fleuves ont des crocodiles
particuliers avec des rats du N i l , . tandis que
les déserts s’y peuplant d’antilopes et de quelques
êtres qu’on retrouve ailleurs, produisent
leur fenec qu’on ne voit nulle autre part. L ’onagre,
dans ses parties orientales, y sera la souche
de l’âne domestique, mais le cheval et le
dromadaire 11’y pénétreront qu’après la jonction
de cette partie de la terre d’Asie, dont les allu-
vions du Tigre, de l’Euphrate et du Sind prépa-
roient l’agrandissement méridional.
Nous avons, dans une note de notre Essai çoo-
logique sur l’Homme (tome I I , pag. 75 ) , prouvé
combien l’existence de cette grande chaîne intérieure
de l’Afrique, appelée Epine du Monde par
M. de Lacépède, étoit douteuse. On ne sait pas
davantage si des montagnes assez hautes pour avoir
pu former une ou plusieurs îles à l’époque où nous
sommes remonté, s’élèvent sur les confins du pays
de Congo ; mais il est certain que des régions
basses s’étendent de ce qu’on nomme la Côte déserte
3 jusque vers le nord du Monomotapa. Là
sont de vastes amas d’eaux intérieures, dont les
géographes ont fait leur lac Marawi qui n’existe
probablement pas, ou du moins donc l’existence
ne doit être qu’éventuelle, si l’on s’en rapporte à
des traditions qui nous sont venues de plusieurs
Ethiopiens. Il paroît qu’au temps des débordemens
de quelques fleuves intérieurs, qui prenant leur
source au revers méridional des montagnes de la
Lune, coulent vers le sud, il se forme des flasques
immenses, dont la plus grande partie se dessèche
ensuite , et ces flasques sont, dans le langage africain,
appelées Maraw-avi 3 c’est-à-dire les grandes
eaux. A la surface de cette basse région des grandes
eaux se balançoit la Mer, et la pointe méridionale
de l’Afrique formoit une île considérable avec deux
espèces d’homme, les Cafres et les Hottentots,
outre plusieurs autres animaux d’une physionomie
particulière, des bruyères, des protées,. des ficoï-
des, végétaux qui forment une verdure dont nulle
autre partie du Globe ne sauroit reproduire l’idée.
La Perse orientale est sous les eaux ainsi que
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