
de deux torrens coulant en sens opposé. Les
Dépressions sur lesquelles le général Andréossy
appela le premier l'attention des géographes,
sont définies par cet illustre et savant militaire :
l’abaissement entre deux groupes de montagnes !
compris entre quatre cours d’eau opposes deux
à deux, qui se réunissent latéralement deux à
deux pour se rendre dans leurs récipiens respectifs
, dont les directions sont en sens contraire.
L ’étude de ces Dépressions est fort importante
lorsqu’il s’agit de la défense d une frontière ou de
la canalisation d’un pays; elle ne l’est, pas moins
en Géographie physique ; chaque Dépression dut
former un détroit entre deux îles ou deux concmens,
à l’époque où le niveau des mers atteignoit au seuil.
Pour mieux faire comprendre ceci, nous emprunterons
quelques lignes au général Andréossy. « Il
résulte, dit-il, du rapport de situation des Dépressions
longitudinales et des cours d’eau qui les déterminent,
que la coupe verticale des Dépressions
dans le sens longitudinal, forme une courbe concave
touchant par le point le plus bas, la partie la
plus élevée d’une courbe convexe qui est la limite
des sections transversales de la Dépression ; ces
deux combes étant situées dans des plans perpendiculaires
entr’eux, ou formant des angles très-
ouverts , nous appellerons seuil le point le plus bas
de la courbe concave, et parois ses parties latérales.
»»
La propriété d’être le point le plus bas dans le
sens longitudinal, poursuit le savant qui nous sert
de guide, et le plus haut de la courbe convexe .
limite des sections transversales, désigne le seuil
des Dépressions pour point de partage de canaux
navigables. On en voit un exemple au Vaidieu, qui
est tout à la fois le seuil de la Dépression des
Vosges et du Jura, et le point où le canal du Rhône
au Rhin pouvoir être dirigé suivant la ligne la plus
courte et avec le plus petit nombre, de chutes
c’est-à-dire d’écluses. La Dépression dont nous parlons
se trouvant dans le voisinage des frontières
peut être l’objet, d’autres considérations ; située
vis-à-vis du débouché du Rhin supérieur à Bâle,
elle donne passage à la grande ligne de communication
entre la France et l’Allemagne, laquelle
Dépression, dans une guerre d’invasion, devient
ligne d’opération offensive et défensive. D ’après
cela, on voit que Vauban a parfaitement saisi
cette position en y établissant un fort, comme place
de dépôt, et pivot des manoeuvres d’armée.
On a vu que les Dépressions écoient comprises
entre quatre cours d’eau, et l’on peut ajouter
qu’elles ne sont l’origine d’aucun, ce qui les distingue
encore davantage des cols, d’où naissent,
ainsi qu’on l’a dit, deux cours d’eau opposés. Aux
trois Dépressions que le général Andréossy a fait
connoître sur le soi de la France, et qui sont,
entre les Vosges et le Jura; 2°. entre le
département de la Loire et celui de la Haute-
Loire ; 30. entre les Montagnes-Noires et les
Pyrénées : on en pourroit citer d’autres non
moins bien senties. Nous avons plus haut mentionné
celles qui distinguent plusieurs groupes
des Pyrénées. La Planche 26, où M. Desma-
rest fit représenter une partie de la Haute-Saxe,
donne assez exactement l’idée d’un pareil accident
aux sources du Ma y 11 ou Main et de la
Salle ; on y voit fort bien les cours d’eau opposés
deux à deux se réunissant latéralement deux à deux
dans deux rivières respectives coulant en sens contraire
; cet exemple du figuré d’une Dépression
terrestre suffit. Voyons maintenant avec le général
Andréossy, si le rapport de situation de deux reliefs
maritimes adjacens, tels que ceux de l’Angleterre
et de la France, ne nous donnera pas une
Dépression sous-marine , et si le Pas-de-Calais ne
seroit point construit sur le modèle des Dépressions
de l ’intérieur des terres.
M. Desmarest avoit fait graver une carte de la
Manche ( voyqr PI. 9 ) , qui semble avoir eu pour
but de fournir la démonstration du fait. Il suffira,
pour le prouver, de montrer qu’il existe de Calais à
Douvres, ou plus exactement du Cap Blancnez
au Cap près de Douvres, un point qui, étant le plus
bas de la Dépression longitudinale entre les deux
reliefs, touche le point le plus élevé de la courbe
formant le lit du littoral de la France et de l’Angleterre
dans cette partie. L ’on voit clairement
dans la planche de notre Atlas, où les diverses li •
gnes de profondeur ont été soigneusement ponctuées
avec leur brassiage, combien le seuil est évidemment
marqué entre les deux rivages sous-marins
opposés de trente brasses. Si l’on, admet que
par la continuité de la diminution des eaux durant
beaucoup de siècles à venir, le rivage sous-mann
de soixante-dix brasses puisse devenir la côte du
pays formé par la réunion de l’Angleterre à la
France, la ligne A , B , C , D , deviendra celle de
deux cours d’eau principaux , qui, s’échappant par
deux directions opposées, l’une vers la Mer du
Nord, l’autre dans l’Océan atlantique, n’auiont pas
leur point de départ au brassiage 19, mais se formeront
évidemment de quatre cours d’eau opposés
deux à deux, courant l’un vers l’autre ; deux de
ces quatre cours seront pour le fleuve du fond de
] la Manche, l’Esh en Angleterre, au sud de Douvres,
le Slach en France, au sud de Calais ; les
deux autres pour le fleuve tombant dans la Mer
du Nord, seront la Sroure, qui passe à Cantorbéry .
d’un côté, et l’As, à l’orient de Calais de l’autre.
Le Cap Grinez et le Cap Sud-Foreland seroient les
limites des deux parois ; une diminution d’eau très-
peu considérable, d’une vingtaine de brasses au
plus, et non de soixante-deux, suffira pour déterminer
un tel état de choses. Le détroic de Béring,
qui sépare l’ancien Monde du nouveau, et qui n’a
guère plus de douze lieues dans sa plus petite largeur,
présente un fait absolument analogue à celui
qui vient de nous occuper.
Les détroits destinés à devenir des dépressions
doivent être le résultat du rapprochement de terres
qui s’agrandissent dans le sens l’une de l’autre à
mesure que les eaux diminuent ; et nous sommes
loin d’y reconnoître des preuves de fracassemens
qui auroient séparé ce qui fut uni. C ’écoir pourtant
l ’opinion de M. Desmarest, que la Grande-
Bretagne et la France furent séparées par une violente
irruption de la Mer; il est vrai que ce même
savant, avec lequel nous sommes d’accord sur tant
d’autres points, ne paroît pas croire à la formation
violente du détroic de Gibraltar, que l’examen des
lieux nous a démontré devoir être un fait indubitable,
et dont nous croyons avoir démontré l’évidence
dans nos ouvrages précédé ns.
§. II. Des Volcans ou Montagnes ignivomes.
Ici sepîaceroit naturellement l’analyse des cartes
et des planches dont on a augmenté la présente livraison,
pour l’intelligence des théories volcaniques
dont l’Encyclopédie se doit occuper; mais l’article
du Dictionnaire où notre confrère M. Huor traitera
des montagnes ignivomes n’ayant point encore
paru, il est convenable, pour éviter d’inutiles répétitions
, d’y renvoyer le lecteur. ( Voy. VOLCANS. )
Pour donner une idée de la topographie des
montagnes volcaniques, nous avons profité d’une
carte de l’Etna et des îles de Lipari, gravée par
ordre de feu M. Desmarest (voy. PI. 30), en y
faisant ajouter celle du Vésuve-, d’après Scipion
Breislac ( voye% PI. 3 1 ) , er celle du volcan brûlant
de Mascareigne , que nous publiâmes au commencement
de ce siècle ( PI. 3 2 ) ; carte o ù , le
premier, nous croyons avoir rendu convenablement
la topographie de lieux aussi bouleversés,
avec les courans de laves qui leur impriment une
âpreté caractéristique.
Pour ce qui concerne les volcans éteints, M. Desmarest
avoir fait extraire de sa belle carre d’Auvergne
les matériaux des Planches 43, 4 4 , 45 et
46 ’. nous y avons ajouté encore, d’après Breislac,
la topographie des champs Phlégréens ( V. PI. 33).
M. Huot se charge de la description de toutes ces
choses.
11 n’étoit pas moins nécessaire, pour donner
une idée des changemens qui ont si souvent
lieu vers les cimes brûlantes, de figurer divers
cratères assoupis ou embrasés; les Planches 54,
35, 36 et 37 en présentent plusieurs exemples.
Enfin, les Basaltes, qui avoient déjà occupé
M. Desmarest, devant appeler encore l’attention
du lecteur lorsqu’il sera question des Volcans, dont
tant de prismes antiques sont les gigantesques débris
, nous avons ajouté à la Planche 3 8 , qu’avoir
commandée M. Desmarest, pour représenter la
topographie du comté d’Antrim en Irlande, les
pavés basaltiques de la même contrée ( voyqr PI. 3 9
et 40), avec deux singulières dispositions d’autres
prismes basaltiques qu’on observe dans les îles
d’Ecosse. ( Voye-[ PI. 41 et 41.)
Les Planches que nous venons d’énumérer deve-
noientd’autant plus nécessaires, que l’histoire des
feux souterrains acquiert un nouveau degré d’intérêt
depuis qu’on ne doute plus de la fluidité ignée
du centre planétaire. Mairan et Bailly après ce
.savant, y crurent; Dolomieu adopta cette grande
idée en étudiant les volcans dans la Nature.
Buffon l’avoit émise dans les écarts de sa brillante
imagination; la généralité des géologues ne
manifeste aucune répugnance à s’y ranger, parce
que des observations thermométriques , faites à
diverses profondeurs sous le sol, démontrent'que
la température va croissant, à mesure qu’on s’y
enfonce. Frappé d’admiration à la vue du volcan
très-puissant que nous observâmes en pleine éruption
dès nos premiers pas dans la carrière des sciences
; comparant les révolutions physiques qu’on lui
devoir attribuer, à celles qui donnèrent naissance
à Sainte-Hélène, à l’Ascension et autres écueils
jadis embrasés qui s’élèvent sur l’Océan atlantique
; soutenant que les Basaltes dont nous avions
observé une si grande quantité de prismes, en
quelque sorte formés sous nos yeux, étaient
d’origine ignée ; quand on combattoit encore
cette opinion, nous disions, dans notre Voyage
en quatre îles des mers d’Afrique (tom, I I I , ch. 3 2) :
« Les courans basaltiques, n’en doutons pas, trouvent
leur source dans le coeur de notre planète,,
que Dolomieu prétend devoir être liquéfiée par un
extrême embrasement; venant*des dernières,profondeurs
, s’échappant à travers la matière figée