
cysces et des Lessonies, arbres marins qui s’y pressent
au point d’arrêter les rames de l’esquif lorsqu’il
tente d’y aborder. Ces Hydrophytes s’avancent
parfois le long des côtes occidentales des pointes du
nouveau et de l’ancien Monde, fait de Géographie
aquatique des plus remarquables, que personne
n’annota, et qu’on retrouve dans la botanique végétale
des continens, où l’on voit diverses productions
s’égarer le long de certaines côtes ou chaînes
de montagnes hors de la zone où elles croissent
habituellement.
4°. OCÉAN in d ien . ( Voye^ PI. 5 et 6.) Cette
partie de l’Océan, appelée simplement Mer sur
ces mappemondes où les noms d’Océan grand
et petit furent si prodigués, confine vers le
sud, avec l’Océan qui vient de nous occuper,
en suivant la courbe qu’on tireroit du midi de
l’Afrique à la terre de Lewin par les côtes
septentrionales de la terre de Kergulen ; les
côtes africaines de l’est le bornent à l’occident ;
les rives occidentales de l’Australasie au levant, et
les îles de la Sonde, les côtes de l’Inde de la Perse,
avec celles de l’Arabie, le contiennent au septentrion;
Madagascar et Ceylan y sont comme des
fragmens de continens détachés. Les îles Trials,
des Cocos, de Nicobar, d’Andaman, de Chagos,
Maldives , Laquedives, Rodrigue, de France , de
Mascareigne, des Séchelles, de Comore et Soco-
tora, y forment des archipels ou des terres isolées,
sur lesquels la végétation et les animaux présentent,
outre la physionomie commune aux climats
chauds, un aspect particulier qui tient à la fois de
l ’africaine, de l’asiatique et de l’australasienne. Ici,
le calme est l’état habituel des flots , la plupart du
temps si tranquilles, que leur surface paresseuse,
unie comme un miroir, mérite à l’Océan indien le
nom de Mer d’huile que lui appliquèrent les matelots
de tous les pays. Lorsque des ouragans épouvantables,
mais très-rares, n’y viennent pas troubler
l ’ordre habituel, ce sont des vents réglés, appelés
Moussons, qui y régnent. ( V'oye-^ §. III du pré
sent chapitre. ) Les côtes de ce vaste bassin prodiguent
à l’homme les plus précieuses productions
qui soient au monde ; car la Mer y nourrit
jusqu’à ces Fintadines, génératrices des perles.
Si la civilisation bien entendue s’établit jamais
sur ses rivages, l’Océan indien baignera les plus
belles et les plus heureuses parties de l’Univers.
5°. L 'O c é a n p a c if iq u e . ( Voye% Pi. 6 , 7
et 4.) Nous croyons devoir adopter ce nom,
qui a l’antériorité, et qui désigne assez bien
l ’état de repos où demeurent ordinairement les
flots entre la Polynésie, l’Asie orientale, l’A mérique
occidentale et l ’Océan antarctique ;
nous n’en appellerons pas la partie contenue
entre la ligne, le tropique du Cancer, la Nouvelle
Guinée et l’Archipel dangereux, Grand
Océany parce que, nous le répétons, nulle partie
de l’Océan n’est au contraire plus restreinte que
cet espace semé d’écueils, de peu de profondeur
et d’une navigation très-dangereuse ; nous n’en
appellerons pas non plus Boréale la région située
précisément au midi de l ’immense courbe formée
dans son pourtour par l’Asie et l’Amérique rapprochées.
Cet Océan , très-ouvert vers le sud, s’y
termine à peu près dans la ligne sinueuse qu’on
peut tirer de la terre de Van-Diémen à la Nouvelle-
Zélande, et .de celle-ci vers les côtes du Chili.
Les îles Aleutiennes , au nord, en séparent la mer
de Béring, qu’il faut soigneusement distinguer; des
Archipels nombreux, dont la plupart sont peu
connus et presqu’inextricables , en remplissent
la plus grande partie, surtout entre les tropiques
à l’est de la Polynésie, et sêmblent même
n’être qu’une continuation de ce futur continent.
Il arrive dans cet Océan ce que nous avons
vu dans l’Atlantique, où, malgré la diversité des
climats dans une si grande surface que coupe
l’équateur, et dont les extrémités opposées touchent
aux régions glaciales, les productions des
rivages et de l’eau présentent la plus grande analogie.
L ’humidité perpétuelle qu’entretient une
abondante évaporation autour de mille points
exondés, contribue à parer la surface de ceux-ci
d’une végétation riche, fraîche et brillante. Les
Fougères et autres tribus cryptogamiques y entrent
dans une immense proportion, en dépit des lois
précipitamment établies par les arithméticiens de
la. botanique. Nulle part les Madrépores et autres
Polypiers pierreux, avec les Spongiaires et les
Mollusques marins, ne sont plus nombreux, plus
variés en forme, plus grands en proportions, ni
enrichis de plus brillantes couleurs. Le luxe des
teintes, la multiplicité infinie des figurations, n’y
sont pas restreintes à ces seules légions animées ; les
Poissons, les Cétacés eux-mêmes y participent; la
succession active et jamais interrompue par de rigoureux
hivers, de toutes les créations marines
y produit avec rapidité, l’augmentation des rochers
et l’élévation du sol, partout où quelque
écueil peut abriter d’innombrables habitans, architectes
et préparateurs d’une terre à venir ; terre
qui doit nécessairement se former par l’encombrement
de mille détroits, où les pyrogues des
Neptuniens et des vaisseaux Anglais cinglent maintenant
à pleines voiles. Aussi, malgré la beauté
d’un ciel où régnent des vents assez modérés,
la navigarion de l’Océan pacifique est-elle périlleuse
pour les embarcations qui tirent beaucoup
d’eau. C ’est là qu’011 voit en peu d’années
changer la forme des lieux comme par enchantement;
où naguère passoit un grand navire, une
chaloupe toucheroit aujourd’hui.
On retrouve dans l’Océan pacifique, comme
entre l’ancien et le nouveau Monde, au revers
opposé du Globe, de ces bancs flottans de Sargasses,
genre de Fucacées totalement étranger aux
deux Océans du nord et du sud, qui nourrissent
les Laminariées. Un grand courant circulaire analogue
au Gulf-Stréam , semble également y régner.
Ainsi l’analogie est complète ; et par la division
que nous proposons d’établir à la surface des
grandes mers environnantes, on voit que quatre
Océans s’y correspondent, opposés deux à deux,
et qu’un seul, impair et central, demeure isolé
par une multitude de caractères naturels qui lui
donnent quelques rapports avec les Méditerra-
nées dont il sera question tout à l’heure. C ’est
ainsi qu’en s’affranchissant de l’antique routine
qui condamne les faiseurs de cartes et de Traités
de géographie à ne reconnoître que deux continens
, ou, lorsqu’ils en mentionnent quatre,
à les distinguer d’une façon peu naturelle ; c’est
ainsi, disons-nous, que l’on pourra également
ieconnoî:re cinq continens, dont un impair et
ne ressemblant à aucun autre par la nature de ses
productions; tandis que les quatre autres seront
analogues et opposés deux à deux, l’Afrique correspondant
à l’Amérique du sud, l’Europe confondue
avec l'Asie correspondant à l’Amérique
septentrionale, et l’Australasie demeurant à part.
L ancien Monde se composera donc comme le
nouveau de deux parties bien distinctes, unies
seulement par un isthme, et la nomenclature
géographique se trouvera enfin sur la route du
bon. sens.
t t MEDITERRANEE. Méditerranea.
Selon 1 Académie, dont cette fois la définition
nous par oit entièrement exacte, Méditerranée se
dit de ce qui est enfermé dans les terres. Ce
nom sera conséquemment réservé ici pour désigner
toute mer qui, ne faisant pas partie immédiate
d un Océan , communique par u n , ou
même par plusieurs détroits, avec quelqu’une des
grandes divisions marines précédemment éta-‘
blies.
Les Méditerranées, plus nombreuses sur le
Globe qu’on ne les y avoir supposées, ne sont
pas routes sujettes aux marées, ou le sont d’une
façon moins régulière que les régions océaniques.
Selon qu’elles reçoivent le tribu de fleuves
plus ou moins considérables, leur salure est plus
ou moins sensible, mais elle n’est jamais aussi
intense que celle de l’Océan ou grande mer environnante.
Toutes, moins profondes, tendent à se
fermer comme pour former des Caspiennes ; elles
nourrissent de moins grandes espèces d’Hydro-
phy tes, de Polypiers et de Poissons, mais les espèces
y sont proportionnellement beaucoup plus multipliées
; on diroit que protégées par des côtes rapprochées,
qui les mettent à l’abri de grandes tempêtes,
elles peuvent pulluler davantage. Les grands Cétacés
pénètrent rarement dans les Méditerranées, comme
si leur masse s’y devoit trouver moins à l’aise ; les oiseaux
grands voiliers paraissent dédaigner leur surface
assez paisible. Ce sont les espèces habituées aux
migrations qui ordinairement les traversent, et des
Echassiers semblent, plus que toute autre tribu
ailée, se plaire sur leurs paisibles rivages, souvent
plats et marécageux. A des latitudes égales
les bassins de ces mers intérieures, ou prêtes à le
devenir , présentent dans leur végétation et par
leurs animaux une physionomie qui indique en
elles une plus grande élévation de température,
proportions gardées avec les régions de l ’Océan,
où nous voyons les Méditerranées se dégorger. Les
vents 11e suivent guère à leur surface de marche fixe ;
ils y sont toujours subordonnés à la direction plus
ou moins resserrée des côtes ; un courant général
, ordinairement parallèle à la principale direction
des rivages, semble en faire graduellement
le tour, comme si ce courant partoit de
l’Océan pour venir recueillir le tribut des fleuves,
et le lui rapporter après s’être grossi de ce tribut
qui adoucit le courant, mais qui n’exerce point
la même influence sur le vaste espace où rentre
celui-ci. Ce n’est point l’évaporation qui tend
à diminuer la surface des Méditerranées, ainsi
qu’à préparer leur séparation du grand réservoir
ou elles communiquent, mais le charroi continuel
des matières arrachées à la surface des continens
par les eaux pluviales, les rivières et les
fleuves, qui dépouillent et sillonnent ces continens.
Les dépôts résultans de tels transports,
entraînés vers les issues par les courans méditerranéens,
se perdent en partie dans l’Océan, encore
qu’ils en encombrent peu à peu les profon-
1 deurs, tandis que les plus grandes portions de leur
I masse sont déposées en chemin, partout où des
J promontoires peuvent protéger un dépôt, et