
composent et qu'entraînent les courans marins,
leur indiqueront la direction de ceux-ci. S ils y
trouvent dans la zone torride des productions du
N o rd , ils en concluront que le courant passe par
le voisinage d’un cercle polaire ; s i, au contraire,
vers les glaces septentrionales, on y observe quelques
fragmens de productions intertropicales, ils
concluront que le courant vient du voisinage de
l ’équateur.. Au milieu de la confusion des corps
entraînés, les naturalistes pourront trouver des objets
inconnus, mais alors ils doivent, se garder
d’indiquer le lieu de leur découverte, comme en
étant la patrie.
La marche de certains courans pélagiens est aujourd’hui
aussi exactement déterminée'que le peuvent
être sur une carte géographique le cours de la
Seine ou celui de la Loire. Nous citefons comme
exemple des courans marins le plus remarquable de
tous, qui est le grand courant Atlantique septentrio- I
nal, vulgairement appelé Gulf-Stream } dontunepar^
tiè se trouve représentée dans la Planche huitième
du présent Atlas. Il parcourt un cercle irrégulier,
immense, de 3800 lieues au moins de circuit.
Des Canaries, vers lesquelles il circule a partir
des côtes d’Espagne, il pourroit conduire en treize
mois aux cotes de Caracas ; il met dix mois a faire
le tour du golfe du Mexique, d’où il se jette, pour
ainsi dire, par une accélération de vitesse, dans le
canal de Bahâma, après lequel il prend le nom de
courant des Florides ; il longe alors les Etats-Unis et
parvient en deux mois vers le banede Terre-Neuve,
qui doit peut-être son existence a ses depots, et que
Volney a ingénieusement comparé à la barre d un
grand fleuve. Ce banc se trouve en effet au point
de contact d’un autre grand courant septentrional,
qui pourroit bien être déterminé pat le fleuve Saint-
Laurent. De Terre-Neuve aux Canaries, en passant
près des Açores , et se dirigeant vers le détroit
de Gibraltar, d’où il se courbe au sud-ouest, le
Gulf-Stream achève de parcourir la fin de sa révolution
, qui dure presque trois ans et dix ou onze
mois. C ’est dans l ’intérieur de ce cercle que se
rencontrent surtout ces amas flottans de Sargasses,
dont furent si fort surpris ces premiers investigateurs
du Grand-Océan, qui les signalèrent sur leyrs cartes
informes 3 quand ces amas, portés par le balancement
des flots, atteignent aux limites du courant,
ils sont entraînés par lui jusqu a ce qu ils trouvent
quelque point favorable a leur accumulation.
Cette disposition se rencontrant surtout dans 1 espèce
de grand bassin que forment les Canaries, tes
îles du Cap-Vert et les côtes d’Afrique ; c’est dans
çet espacé'que les Sargasses 5 accumulent en immenses
bancs flottans qui, d’après nos observations
, paroissent n’avoir pas végété dans les profondeurs
des parages sur lesquels on traverse ces
sortes de forêts ou plutôt de prairies océaniques.
Un autre courant, qui part de l’équateur en
se dirigeant au nord-est, se porte au fond du golfe
de Guinée, et passant ensuite entre les îles du
Prince , de Saint-Thomas et la côte voisine, se
perd vers l’embouchure du Zaïre. On trouve un
autre courant dans l’hémisphère austral dont nous
avons observé la ligne écumeuse, et qui se dirigeant |
vers le Cap de Bonne-Espérance, s’y embranche
avec un courant qui paroît venir du canal de
Mozambique, doubler la pointe méridionale de
l’Afrique et longer vers le Nord les cotes désolées
qui s’étendent dans la même direction.
Dans les mers de l’Inde, les courans paroissent
j alterner et suivre la marche des vents alisés ou des
moussons. La Polynésie est remplie de courans contraires
et peu connus, dont plusieurs sont fort dangereux.
Du sud de la Nouvelle-Hollande partent
encore de grands courans, et l’Océan Pacifique
offre aussi son Gulf-Stream. En général, les courans
partiels longent les côtes, tournent les caps et
deviennent plus rapides dans les passages rétrécis.
C ’est ainsi qu’on en trouve de violens dans le détroit
de Magellan et dans le canal de Mozambique.
Dans le golfe de Gascogne on observe un
courant très-sensible qui court au nord-est ; il
reçoit, en suivant la côte de France, les eaux de
la Garonne , de la Charente , de la Loire et de la
Vilaine , et passant entre les îles et la côte de Bretagne,
il va se perdre dans l’Océan. On assure que
la Manche n’en offre pas de traces bien sensibles,
non plus que le pourtour des îles britanniques. Le
canal Saint-George, au sud duquel débouche la
rivière de Bristol, devroit cependant en offrir un
assez considérable, si l’on en juge par analogie. La
I côte du Labrador a son courant qui,.dans toutes
les saisons, se dirige du nord au sud. Depuis le
mois de mai jusqu’en octobre, un courant de la
mer des Indes se dirige dans le golfe Persique, qui
semble se dégorger durant les six autres mois. En
général, les courans , partis du grand Océan , se
portent par les détroits dans les différentes mers j
intérieures j c’est ainsi qu’on voit les eaux de l’Atlantique
entrer dans la Méditerranée sous la formel
d’un large courant,, dont la vitesse est accélérée par
le rapprochement des côtes. Les eaux afflue nies,
introduites par le détroit de Gibraltar, suivent la 1 lisière septentrionale, tournent entre l’île de Créé
et les côtes de Syrie, et baignant ensuite les côtes
d’Afrique, s’enfoncent dans les régions inférieures
dé la Méditerranée, d’où elles ressortent par-dessous,
de façon qu’entre la pointe méridionale de
l ’Espagne et l’extrémité septentrionale de l’empire
de Maroc, il existe un courant supérieur et un courant
inférieur. On observe un fait semblable dans
le canal de Bahama.
L ’on a pensé que le mouvement de rotation du
Globe déterminoit les courans de la Mer ; si ce mou-
Ivement en étoit la vraie cause, tous les courans sui-
vroient une même direction. Nous avons vu que plusieurs
se dirigeoient perpendiculairement à l’écliptique
, et que ceux qui se rapprochoient le plus de
cette ligne, ne le faisoient qu’obliquement. Ce
mouvement de rotation ne doit pas avoir plus d’influence
sur les eaux que sur le continent, si ce n’est
par rapport aux marées que nous ne considérons
pas, ainsi qu’on l’a vu plus haut, comme l ’effet
des courans, mais comme subordonnées à l’influence
sidérale.
La vitesse des courans est souvent très-rapide 3
elle tient à la profondeur des vallées sous-marines
qui les déterminent, et l’on peut supposer assez raisonnablement
qu’à mesure que les mers diminueront
et que les continens augmenteront, les courans
deviendront de grands fleuves, dont plusieurs
pourroient d’avance se figurer conjecturalement sur
la mappemonde.
t t t DES COURANS ATMOSPHERIQUES.
L ’histoire de l’atmosphère ne rentre pas assez
exactement dans la Géographie physique pour que
nous en traitions ici, elle appartient plutôt à la
météorologie 3 mais il est plusieurs des phénomènes
propres à cette enveloppe du Globe qui
ont trop d’influence sur celui-ci, pour qu’il n’en
doive pas être dit quelques mots dans la présente
Illustration : relies sont les pluies dont il sera ques*
ïtion au paragraphe où nous traiterons des eaux
'douces5 tels sont les vents, courans de l’air, qui
doivent trouver leur place à la suite de ce qui vient
d’être dit touchant les courans marins.
I Les vents semblent procéder de la formation des
nuages, ou, si l’on veut, de la condensation de l’humidité
contenue dans l’air des> contrées éloignées ;
ils peuvent également naître de la pression que les
nuages exercent sur les coucKes mobiles de l’air, et
non-seulement ils nous indiquent l’existence de
météores aqueux , mais encore ils les transportent
à des distances considérables. L ’apparition d’une
de ces sortes de météores détermine toujours.l’ap-
parition ou la disparition de l’autre, selon que le
^courant trouve sur son passage une plus ou moins
grande masse de nuages, selon qu’il occasionne un
changement plus ou moins grand dans la température
et dans les autres circonstances physiques des
couches qu’il traverse. Il n’est pas de remarque plus
populaire que celle de l’influence de certains vents
sur la sérénité du ciel. Les marins particulièrement
ont, dans leurs observations routinières, des moyens
plus certains que les savans avec leurs inatrumens
météorologiques.} car ils pronostiquent sur la production
du plus léger mouvement de l’air, quel sera
l ’état du ciel pendant les heures qui suivront. Dans
nos contrées, les vents du nord annoncent presque
toujours un temps clair et sec, tandis que ceux du
sud nous amènent infailliblement les nuages et la
pluie. Le froid se fait plus sentir à la surface de la
Terre lorsque les premiers soufflent; les autres, au
contraire, élèvent brusquement la température de
plusieurs degrés. Ces variations de chaleur atmosphérique
peuvent bien provenir de ce que les vents
du nord traversent des zones froides pour arriver à
nous, et de ce que ceux du midi, au contraire, apportent
avec eux le calorique des climats chauds
qu ils ont parcourus; mais il nous semble qu’on doit
ajouter a cette cause celle du rayonnement de la
surface de la Terre, qui, lorsque les vents du nord
ont éclairci le ciel et que les couches supérieures de
1 atmosphère sont très-froides, doit nécessairement,
comme dans le cas de la rosée, y occasionner un
abaissement de température. Les vents du midi,
au contraire, chargeant notre atmosphère de nuages
épais ou d’une énorme quantité de vapeurs
aqueuses, empêchent que le rayonnement ne tourne
au préjudice de la surface du Globe, puisque les nuages
et les vapeurs dont la température est assez élevée
, lui renvoient une quantité de calorique plus
grande que celle qu’ils en reçoivent.
Feu M. Desmarest avoit fait graver, pour l’intelligence
des articles qu’il préparoit sur le cours
des vents, quatre cartes où l’on trouve indiquée,
d’après les navigateurs les plus dignes de fo i, la direction
des Vents Alisés et des Moussons. On y
voit d abord (P/. 4 , 5 , 6 et 7 ) ces vents alisés,
marqués par de petites lignes parallèles, au
travers desquelles sont lancées des flèches donc
les pointes indiquent la direction du courant
aérien : ces vents régnent, non pas exactement,
comme on l’a dit, entre les tropiques, car on commence
à les rencontrer dès les 30e. degrés nord et
sud ; ils ne cessent .d’acquérir de la force et de la
fixité à mesure qu’on approche de la ligne. Ce
n est que depuis le travers de l’île de Mascareigne à
la Nouvelle-Hollande qu’ils commencent au tropique
du Capricorne ; mais dans cet Océan