
par l’équateur, mais que l’axe qui passe par
les pôles est incliné de 23 deg. 28 min. sur ce
plan, on a imaginé deux parallèles appelés Tropiques,
limites apparentes pour nous de la marche
du soleil 3 le septentrional est le tropique du Cancer,
le méridional celui du Capricorne. Ces noms
viennent de ce que, pour les hommes de l hémisphère
où fut inventée l’astronomie, le soleil, parvenu
au solstice d’é té , semble redescendre vers le
sud, ou reculer par une marche imitative de celle
d’un crustacé, vers le tropique opposé , d’ou il remonte
aussitôt qu’il y a touché, comme la chèvre
sauvage, anciennement appelée capricorne3 escalade
d’un pied léger le sommet des monts escarpés qu elle
habite. La marche du soleil entre les tropiques détermine
les saisons qui sont opposées pour les deux hémisphères
, c’est-à-dire dont l’un se trouve en hiver
quand l’autre est en été, et au printemps quand celui
ci est en automne. On appelle solstice le point de
chacun des tropiques qu’atteint la plus grande élévation
ou le plus grand abaissement du soleil dans
l ’écliptique, lequel est le cercle qui coupe obliquement
l'équateur, et dans lequel le soleil paroit
tourner autour de la Terre. Le solstice dété
est pour nous celui où le soleil , parvenu au
rropique septentrional -ou du Cancer, doit redescendre
j il détermine le plus long jour de
l ’année pour notre hémisphère, et conséquemment
le plus court pour l’hémisphère austral. Le
solstice d’hiver, qui marque le jour le plus court
de nos hivers, et conséquemment le plus long pour
l’autre côté de la ligne, est celui où le soleil, arrivant
au tropique du Capricorne, 1 abandonne aussitôt
pour remonter vers le nôtre. Les deux points opposés
où l’écliptique coupe l’équateur, s’appellent équinoxes
^ parce que les nuits sont égales aux jours en
durée, quand le soleil y passe dans sa révolution
annuelle. Cette élévation et cet abaissement alternatif
et régulier du soleil sur le plan de 1 équateur
terrestre, produisant les saisons, et conséquemment
l’inégalité de la durée des jours et des nuits, a non-
seulement servi de moyen pour mesurer le temps,
mais encore pour déterminer sur le Globe une division
de climats que les astronomes et les géographes
ont évaluée en heures, mais que le physicien considère
seulement sous le point de vue de 1 influence
qu’ils exercent dans la répartition des êtres organisés
à la face du Globe. La circonscription de ces climats,
considérés ainsi physiquement, ne dépend pas uniquement
de leur distance à l’équateur | elle se modifie
par une multitude de causes locales, ainsi que
M. de Candolle la fort savamment expliqué quand il
a porté la lumière dans la Géographie botanique,
jusqu’à lui seulement indiquée, et déjà surchargée
d’inventions qui, sans l’esprit judicieux du professeur
genevois, eussent détourné cette science de la
marche qu’elle doit tenir.
Les climats que nous appellerons généraux y
sont ceux qui dès long-temps ont été indiqués sous
le nom de Zones. Ils sont au nombre de trois :
i° . La Z one to r r id e : unique, mitoyenne,
contenue entre les deux tropiques, déplus 1100
lieues de largeur, coupée en deux parties pres-
qu’égales par l’équateur} ainsi nommée de la chaleur
perpétuelle qui ne cesse d’y régner : chaleur
plus grande, à circonstances égales de localités,
qu’elle ne l’est jamais en dehors des tropiques. Ic i,
quand le sol n’est point abandonné à l’ardeur dévorante
d’un soleil dont les rayons sont rarement
éloignés de la perpendiculaire, et que ses eaux fécondées
par l’influence du grand foyer lumineux ne
s’évaporent pas sans profit pour la végétation,
la nature produit avec complaisance et même avec
luxe, les plus pompeuses de ses merveilles et le
plus de ces créatures auxquelles ses lois imposèrent
des formes prodigieusement variées. La végétation
n’y cesse point ; la vie, dans toute sôn.inten-
sité, ne s’y use que par l’exercice continuel de ses
propres forces ; et quand une mort hâtive y vient
atteindre des êtres qui vécurent trop vite, ces êtres
y sont aussitôt remplacés sans efforts par l’effet d’une
puissance productrice infatigable.
20. La Z one TEMPÉRÉE : double, dont une
moitié est au nord de la zone torride, et l ’autre
au sud, s’étendant des deux tropiques aux
deux cercles polaires. La largeur de chacune de
ses parties est de ico o lieues au moins. Dans
leurs limites tropicales, elles sont souvent plus
chaudes que certaines parties contiguës de la torride
, tandis que d’autres points de leur étendue
éprouvent déjà les rigueurs de violens hivers.
30. La Z one g l a c ia l e : également double,
dont les deux parties opposées, limitées d’un
côté par leur cercle polaire respectif, ont les pôles
pour centre et non pour extrémité : région déshéritée
, où la nature vivante expire dans les
longues alternatives de jours sans éclat , et de
profondes ténèbres. Des neiges éternelles y réfléchissent
une lumière égarée, au bruit confus
du déchirement des montagnes de glace contre
lesquelles se brisent en mugissant des flots qui
deviennent aussitôt solides; lieux où nulle créature
animée ne sauroit s’acclimater , où des
rayons épars, dans une atmosphère brumeuse, donnent
au sein de nuits de plusieurs mois une imparfaite
image de nos aurores, tandis que des vapeurs
épaisses et dès nuages glacés, s’élevant de la surface
des mers à l'aspect du soleil, frappent d’impuissance
en le voilant cet astre qui, partout ailleurs,
féconde l'Univers.
Ainsi, en partant de l’équateur pour nous
élever ou pour nous abaisser vers les pôles,
nous avons vu la zone torride durant trois cent
soixante-cinq jours , et le même nombre de nuits,
se montrer féconde quand l’ardeur du soleil n’en
dessèche pas les innombrables productions; nous
avons v u , au contraire, le centre de la zone
glaciale plongé dans le deuil du seul jour et de
la seule nuit dont l’année se compose pour les
pôles. Eprouvant l’influence du voisinage de l’une
et de l ’autre zone vers ses extrémités, la tem-
pérée a des saisons mieux déterminées, ou dû moins
.plus manifestes. Par l’effet que ces saisons produisent
sur les créatures qui l’habitent, la nature,
toujours à circonstances égales de localité, ne
s y montre point aussi libéralement dispensatrice
de ses trésors que dans la zone torride, mais n’y
paroïc jamais avare ; ce n’est qu’en se. rapprochant
des cercles polaires qu’on la voit devenir
parcimonieuse et finalement stérile.
S i, dans un point favorisé des.zones fécondes,
la nature étale au bord des eaux toutes ses richesses,
le rivage, la plaine ou le vallon sont couverts de
,riantes prairies, et de majestueuses forêts : de nombreuses
races d’animaux viendront en des sites fertiles
chercher leur pâture, leur proie et des ombrages
; que le sol s élève, que la plaine, la rive ou le
vallon se trouvent situés vers la base de quelque
mont sourcilleux dont le faîte se perd dans les der- 1
mères régions de l’atmosphère, on observera, en
gravissant sur les pentes alpines, que la température
changeant de la base jusqu’aux sommets, et passant
par les mêmes nuances qui la diversifient depuis^
l’équateur jusqu’aux pôles , les productions
végétales et animales se modifieront successivement
suivant le changement de température; de sorte
que, parvenu au faîte des montagnes, on y trouvera
des glaces et l ’infécondité des pôles.: Nous
pourrions citer un grand nombre d’exemples de
ocalites ou de pareilles transitions s’opèrent dans
un court espace de chemin. Ces exemples sont
r quens surtout dans les hautes crêtes des îles
et sur les cotes montueuses des pays chauds : le
El0 j ^ u én ffe , entre l’ancien et le nouveau
Monde, la Sierra-Névada, au sud de l’Espagne
j C f c * .a ■ ^ar'3ar*e ) nous ont paru les points
du Globe ou, SM1S aller „ y & j un natuca-
5 16 européen peut, dans le cours d’une seule
journée, passer d une nature torride à une na-
1 ture polaire; il y observera, de toise en toise,
de ces changemens de climats que, dans un
voyage entrepris depuis la ligne jusqu’aux glaces
arctiques, il ne reconnoitroit guère que de cent
lieues en cent lieues. Une excursion de cette nature
donne plus d’idées exactes en Géographie
naturelle , que la lecture de tant d’ouvrages où l’on
croit,avoir additionné les productions de la terre,
quand on a compulsé des catalogues souvent informes,
et composés par des auteurs qui tous n’at-
tachoient pas aux noms de chaque chose une valeur
rigoureusement déterminée.
^Agrandissant le cercle des idées que firent
naître de tels voyages dans notre esprit, nous
imaginâmes, dès notre première ascension sur de
hautes montagnes, qu’on pouvoit considérer les
deux moitiés du Globe même comme deux montagnes
immenses, opposées base à base, dont
la ligne équatoréale étoit le vaste pourtour, et
dont les deux pôles étoient les- cimes avec leurs
éternels glaciers ; e t , comme à mesure qu’on
s élève dans les Alpes on trouve sur leurs flancs
des régions variées où .selon l’exposition, les
abris, la nudité, la sécheresse, l’arrosement, et
autres causes d’humidité et de chaleur , mille
aberrations climatériques se peuvent observer ;
de même, à mesure qu'on s’élève sur les deux
grandes montagnes terrestres, de leur base commune
jusqu’à leurs sommets distincts, c’est-à-
dire de l’équateur aux pôles, on est frappé des
perturbations occasionnées dans la physionomie des
lieux, par les mers , par les bassins, par les déserts
dépouillés, ou par des.ramifications des montagnes.
C ’est dans la partie de cette Illustration, qui doit
être consacrée à la Géographie botanique, que l’influence
de ces causes diverses sera plus particulière-
mène examinée; nous devons auparavant terminer
les présentes généralités par un aperçu de la figure
du Globe, donc les accidens superficiels 11’ont pas
moins d’influence sur la Géographie naturelle que
1 élévation des lieux par rapport à l’équateur.
Outre les parallèles à cecte grande ligne, par
lesquels sont circonscrites les zones , les astronomes
imaginèrent d’autres cercles qui coupent
perpendiculairement les parallèles, et qu’on
nomme Méridiens. Çes cercles indiquent qu’il
est simultanément midi ou minuit sous tous les
points de leur étendue, qui va d’un pôle à l’autre.
On leur avoir supposé quelqu’influence sur la
répartition des productions naturelles, mais cette
influence paroît être nulle ou à peu près nulle.
La surface du Globe se compose de terre et d’eaux ;
ces eaux, comme on le verra dans le chapitre sui