f i
G l iN I lK A L B A T R O S ,
tendent à conilrmer que dans le temps des amours et de la reproduction
ils s’éloignent moins des terres on sonl leurs petits : dans
tout autre temps dc l’année l’immense étciulnc dc l’Océan semble
être leur séjour babitncl. Ce n’est pas seulement dans les tourmentes,
les coups de vent ct lorsque les vagues sont très-élcvécs (pi’on
aperçoit les Albatros, leur puissant moyen de vol se jonc il est vrai
des plus fortes tempêtes, mais ils se balancent aussi avec grâce et
semblent voguer dans le llnidc dc l’air pendant les calmes ct la sérénité
de l’atmospiière. M. Boié confirme ce fait, contraire à l’opinion
de M. Caimavd, qui croit qne, lorsque le calme aplanit la surface de
l’océan, ils fuient vers d’autres régions, pour reparaître avec les
vents. Leur vol s’clïcctne toujours en planant; s’ils battent (|nelque-
fois des ailes, c’est pour s’élever avec plus de rapidité: le plus babi-
tuellemcnt leurs ailes étendues forment en dessous une concavité;
elles n’olfrent point de vibrations apparentes, quelles que soient les
positionsque ces oiseaux puissent prendre,soit qu’elllcurant la surface
dc fonde ils soumettent leur vol à ses ondulations, soit que s’élevant
ils décrivent de grandes courbes autour des vaisseaux ou des cétacés
llottansqui Icurserr'cnt de pâture. Ils ont beaucoup de peine à prendre
leur vol (|uaiid ils sont une fois reposés sur fcau; pour le faire il faut
qu'ils y soient contraints par un motif puissant : on les voit alors courir
sur l’eau l’espace de ¡dus de quarante à soixante toises avant de
réussir à s’élever; cn nageant, ils luienl avec une grande vitesse. Dans
le vol ils s’élèvent avec Ihcilitc, tournent brusquement sur eux-mémes
à l’aide do leur queue, et vont contre le vent le plus fort, sans que leur
marcbe en paroisse ralentie, cl sans imprimer à leurs ailes un bal-
tcmciil qui soit sensible à l’obscrvatcnr.- aussi toutes les relations s’accordent
sur la force prodigieuse dc leurs moyens dc vol; on a vu
des Pétrels voler pendant plusieurs jours de suite. Après s’étre abattus
m
G E .M IE A L l iA T R O .S .
sur les eaux ils lieiiueiit les ailes étendues un instant; coiicbécs
contre le corps, elles nuisent à l’élégance des formes par le renflement
(|u’cllcs produisent vers la partie postérieure du corps.
C ’est vraiment, dit M. Gaimard, de ces oiseaux qu’on pourrait
dire avec justesse qu’au lieu de manger pour vivre, ils semblent ne
vivre que pour manger, i.a plus grande partie de leur vie est employée
à parcourir l’Océan, et à recbercbcr péniblement une nonr-
rilurc presque aussitôt digérée que prise (i).
I.cs relations des voyageurs nous apprennent encore qu’on n’a
point trouvé dans l’estomac des Albatros des débris de poissons on
de mollusques. Nous avions beau, dit M. Gaimard, être entourés de
poissons volans, de méduses, de bipbores, de pbysaies, de vélelles,
ils ne s’en nourrissaient point, el recbercbaienl avec avidité d’autres
alimcns. Ou trouvait toujours dans leur ventricule des débris de
sècbes et de calmars. Mais M. Marion a rencontré des troupes de
ces oiseaux sur le corps d’un énorme cétacé flottant sur les ondes; et
M. Carmicbael assure que leur principale nourriture consiste cn charogne
ct en débris de ces géans des mers ; ce qui porte à croire <|u’ils
ne sont nullement piscivores.
Jusqu’ici nous avons offert le résumé des observations faites eu
pleine mer sur ce genre d’oiseaux; la relation très-intéressante de
M. Carmicbael nous fournit les moyens de compléter leur histoire
( i ) ü n peu t en Rire autant de tous les oiseaux des hautes m e r s ; les espèces des genres L e s -
/ r is , L a r u s , S u la , e t c . , ont la même v oracité lor.squ’ e lles v iv en t clans l'abondance; mais en
temps de disette e t dans les grandes tourmentes des élémens , tous ces oiseaux, les A lb a t r o s
e t les P é t r e ls , selon M. Boie', pas même exccpte's, supportent trc s -Io n g -tem p s la l'aim et la
priva tion com p lè te , pendant plusieurs jo u rs , de toute n o u r r itu re ; c a r il e st prouve que les
A lb a t r o s et les P é t r e ls , à la suite de fortes tempêtes de très-longue duré e , sout aussi maigres
qu e les Ster cora ire s , les M o u e tt e s , les Pin go uin s et les M a ca r eu x q u ’oii trouv e souvent e x p
ire s de faim le long des cotes ma ritimes.
■