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point des Perdrix ni des Cailles, bien moins des Outardes; le naturaliste
un peu exercé à observer les caractères dislinclils des genres,
se gardera bien de les confondre avec les espèces qui composent les
genres d'oiseaux mentionnés.
Il paraît que Linné n'a point été à même de voir une dépouille de
Tinamou, puisqu’il range ces oiseaux dans lo vaste cadre (pi’il adonné
au genre Tetrao; des caractères mar(|iians ct Ihciles à saisir distinguent
les Tinamous de tons les Gallinacées, tant de l'Ancien que du
Nouveau-Monde. C'est Latbam (]ui leur a le premier assigné un genre
particulier, sous la dénomination de Tiiianms; dcimis, le savant
professeur Illiger a pu trouver bon de cbanger ce nom adopté contre
celui de Crypta ru s (i).
Une des causes qui a le plus contribué à faire croire aux naturalistes
que les Tinamous d’Améri(|UC étaient dn même genre (|ue les
Perdrix ou les Cailles de l'ancien Continent, c'est que les colons, tant
ceux de la Guiane que les Espagnols établis au Paraguay, el les Portugais
dn Brésil donnent aux grandes espèces de Tinamous le nom
de Perdrix, et anx petites espèces, le nom de Caille. Les indigènes
delà Guiane désignent ces oiseaux par le nom de Tinarnou ; an Paraguay
el au Brésil, ils sont connus sous le nom ¡XYriarnbu.
Les Tinamous sont des oiseaux stupides, peu sociables, dont le vol
est lourd, peu élevé ct de très-peu de durée; mais en revanche ils
courent avec une extrême vitesse. Quelques espèces babitent les pays
découverts ct les cbamps, d’antres vivent toujours dans l'épaisseur
des forêts. Ils vivent en petite famille, mais ne sc réunissent point
comme le font nos Perdrix, tpii prennent leur vol ensemble. La jeune
famille des Tinamous est davantage éparpillée; cbaque Individu se
choisit un abri: ce qui (hit (pic lorsqu’une telle compagnie prend
( i ) I llig e r , Proil. el Av. p. 2 4 4 » Gen. 23 .
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1 essor, clic sc disperse toujours de côté et d'autre, et ne vole point
vers nn même endroit comme le font le plus souvent les compagnies
de Perdrix. Ils se nourrissent (finscetcs et de fruits (pi’ils ramassent
a terre; leur nid est comme celui de la plupart des Gallinacées, sans
aucun apprêt; leur ponte est de plusieurs oeufs verdâtres,« communément
deux fois par an : le cri d'appel qu'ils font entendre de jour
comme de nuit est un silllement lent, mais assez fort. Il n'y a guère
dedilférencedans les sexes; leur plumage est coloré des mêmes teintes.
Sonnini dit que leur chair est blancbe, ferme, cassante et siiccn-
lentc, surtout celle des ailes dont le goût a beaucoup de rapport avec
celui de la Perdrix rouge; niais les cuisses el le croupion sont d’ordinaire
d’nne amertume (pii les rend désagréables : cette amertume vient
des fruits du balisier dont ces oiseaux se nourrissent, et l'on trouve
la même amertume dans les pigeons ramiers qui mangent de ces
fruits: mais, lorsque les Tinamous se nourrissent d'autres fruits,
comme de cerises sauvages, etc., alors toute leur chair est bonne,
sans cependant avoir de fumet. Ils aiment de préférence, non-seulement
les cerises sauvages, mais encore les fruits du palmier Corrion,
et même ceux de l’arbre à café. Ce n’est pas sur les arbres mêmes
qu'ils cueillent ces fruits, ils se contentent de les ramasser à terre;
ils les cberchcnt : ils grattent aussi la terre et la creusent pour y faire
leur nid, qui n’est composé pour l'ordinaire que d'une coucbe d'berbes
sèches; ils font communément deux pontes par an, ct tontes deux
très-nombreuses (i).
Les plumes des Tinamous, particulièrement celles dn dos et dn
croupion, ont des baguettes très-larges, lisses et voûtées à leur partie
supérieure, profondément cannelées cn dessous ct très-peu adhérentes
.i la peau; les baguettes vers le milieu des plumes dcvien-
( i ) Bull'., étiil. (le Sonn., v. i 4 > p- 35.