que les trois doigts sont unis dans les deux autres genres, el que le
pouce porte à terre dans toute sa longueur chez les Hérons. Leur
sternum offre encore un développement extraordinaire, étant destiné
à recevoir entre ses parois latérales les différentes circonvolutions de
la trachée; leur coecum est double.
Ces oiseaux voyageurs rccbercbcnt en hiver les climats doux cl tempérés;
ils se transportent, par un vol élevé, vigoureux ct long-temps
soutenu, à de grandes distances : aussi voit-on les Grues passer périodiquement,
et se transporter au loin dans des pays trcs-élolgnés de
leur séjour habituel; leur migration, du moins celle des deux espèces
européennes, a Heu de l'orient .à l'occident, contraire à celle des Cigognes,
qui parait avoir lieu, le plus habituellement, du midi au
nord ; c'est ainsi que de proche en proche toutes émigrent périodiquement
pour chercher, dans la saison froide de raniic'e, les climats
plus doux que ceux où ils ont reçu le jour. Les Grues, réunies en
bandes, s’élèvent très-haut dans les airs : comme les Flammans et les
Oies, elles forment un triangle en volant, mais leurs troupes se mettent
le plus souvent en mouvement au crépuscule; on les entend
au clair de lune fendre l’air d'un vol bruyant et vigoureux, et les
individus de la troupe se réclamer en répétant le signal donné par
le conducteur de la bande. Posées, ou pourvoyant à leurs besoins,
elles se gardent à merveille par des postes avancés mis en vedettes:
au signal donné par la sentinelle, toute la troupe se met en mouvement
et suit le conducteur. On croit avoir trouvé des indices
dun changement de température dans les diverses inflexions du vol
de CCS oiseaux. Si le matin le vol est élevé ct la troupe paisible, il
indique un beau jour; s’il est bas, et qu’elles s’abattent à terre, elles
présagent l’orage; enfin leurs cris, pendant le jour, servent, dit-on,
d indice de pluie, et quand ils deviennent tumultueux elbruyans.
ils annoncent la tempête. Quoique d’une défiance extrême en état de
liberté, les Grues captives sont en domesticité le plus bel ornement des
basses-cours; leur démarche grotesque, le plus souvent grave et à pas
comptés, devient tout-à-coup véloce et gracieuse: toutes les espèces
se ressemblent sous ce rapport, et la Grue caronculée, toute grande
qu’elle soit, n'est pas moins élégante et gracieuse dans ses mouve-
incns (JUC la Grue demoiselle, la plus petite du genre, qu’on s’est
avisé d’isoler du genre Gras, pour en former le type d’un genre
Anthropoïdes 0 ). La Grue royale, à bec plus court que ses congénères,
aussi distraite de ce genre, ne forme pas exception; tout lensemble
de ses formes, son genre de vie, et sa manière d’être en domesticité,
ne dillêrenl en rien des Grues antigone ct caronculée, munies d'un
bec du double plus long que la téte.
Les Grues aiment les cbamps découverts où elles peuvent apercevoir
de loin leurs ennemis, se ranger en masse contre 1 Aigle et les
carnassiers de moyenne taille, ou prendre la fuite pour 1 homme;
on les voit aussi dans les immenses joncbaies que forment les lacs et
les fleuves ; le soir, elles aiment à se percher. Quoique essentiellement
insectivores, les graines leur servent aussi de nourriture babltuelle,
ce qui les conduit dans les champs. Les Grues détruisent les insectes,
les vers, les petits reptiles, les grenouilles et les poissons, quelles
cherchent dans les marécages. Pallas nous apprend que ces oiseaux
choisissent, pour placer le nid, de petites buttes de terre, des émi-
( , ) Afin qu'on puisse apprécier celtccoupe a r lif ic ie llc i sa jusle r.sleur, nous la signalons ici
sans autre coiumentaire. On peut comparer l'importance des caractères donnés par M. \ leillot
pour servir à reconnaître une Grue d'un Anthropoïde, dans ce qu i suit :
Gane. B e c tr ie-tong , sillonné sur tes cités de sa partie supérieure, enlier, ou demi-dentelé
sur ses bords; téle chauve ou emplumée et caronculée.
A»iauor.oï»s. B e c à peine p lus long que ta l i t e , eutier, sillonné en dessus, tête totalement
vmplumée ou nue seulement sur les tempes.
F i!