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elles ont conservé en môme temps quelipics nncs des Idées superstitieuses
pour certaines espèces d'animau.x utiles dans les travaux
agrestes, ou dont l'apparition périodique pouvait servir à garantir
les trésors confiés à la terre des atteintes ct de la voracité des espèces
parasites; tandis que quelques autres espèces également révérées annonçaient
rapproche d'une époque où la nature promet une nouvelle
fécondité. Lorsqu'cnfiii ce culte, prodigué à la créature, sc fut
concentré dans 1 adoration tlu Créateur, l'espèce luimainc n'en a pas
moins conservé un respect provoqué par des lois, plus tard par des
liabitudes cn faveur de quelques animaux; ct de nos jours encore
certaines espèces continuent à jouir d’une hospitalité et d’une protection
toute particulières.
Nous voyons sous cette égide protectrice vivre, dans tous les pays
du globe, les espèces classées dans le genre Cigogne. Ici des lois servent
à cn propager les espèces; là, des traditions populaires empêchent
leur destruction ; leur demeure est préparée par la main des hommes
dans quelques pays; dans d'autres, les lieux où elles viennent sc rassembler
en grande troupe sont respectes; dans la plupart des contrées
civilisées, la reconnaissance publique impose une forte amende
sur celui qui les détruit.
L appétit de ces oiseaux leur procure cette protection cn quelque
sorte religieuse. Ils purgent le sol de cette immense quantité de reptiles
qui menaçaient de le couvrir entièrement par leur facile reproduction
ct par leur longévité. Cloaque vivant, leur énorme es-
tomac, leur facile eligestion, et de là leur appétit vorace, sans cesse
aiguillonné par de nouveaux besoins, engloutit les cadavres cn
putréfaction ct les immondices les plus infects. La grande taille où
ils parviennent, ct leur prodigieuse multiplicité dans les contrées les
plus chaudes du globe sont remarquables ; il semble que les espèces de
ce genre soient organisées de manière à prévenir, par leur étonnante
voracité, les lléaux les plus redoutables à l’espèce bnmaiiie sous cette
zone brûlante. La chasse assidue aux reptiles transporte ces oiseaux
à deux époques de l’année vers des lieux opposés : c’est du moins
le cas de ceux qui babitent les contrées tempérées ct septentrionales
du globe ; par cette migration périodique, ils sc font une température
presque constamment égale. Les grandes espèces de la zone torride
émigrent aussi, mais leurs voyages sont plus limités; ces migrations
ont lieu par grandes bandes, composées le plus souvent d’individus
d’âge à peu près égal, les jeunes de l'année voyageant rarement en
compagnie des adultes, qui partent les premiers. On les apprivoise
facilement; ils semblent même recbercbcr dans tous les pays les lieux
très-peuples, loeur mue n’a lieu qu’une fois dans I'aniice; les deux
sexes ne dilTèrent point par les couleurs du plumage; mais les jeunes
ont une livrée plus on moins disparate.
La bienveillance que l'on accorde généralement dans tous les pays
aux Cigognes, joint à la douceur de leur caractère, ont rendu ces
oiseaux presque familiers. Les très-grandes espèces de l'Inde, de
même qnc celles de nos climats, vivent sous la protection de l'bomme,
et sc rassemblent autour de scs demeures; le gite qu’on leur prépare
est souvent embelli et rendu plus commode; on provoque leur établissement
cn construisant des aires sur des poteaux très-clevcs, ou
au-dessus des cbeminées. Dans l'Inde, on est parvenu à rendre les
grandes espèces à demi-domestiques; de grands troupeaux de ces
oiseaux fournissent à quelques districts une branche d'industrie ct
de commerce; la préparation et la vente de ces plumes élégantes et
légères, connues sous le nom de marabou, occupe la population de
plusieurs villages aux environs de Calcutta ct de Madras. L’exportation
de ces plumes pourrait également ollVir un bénéfice au commerce
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