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composé d'iinc substance très-dure ct prcs<iuc sans fosse nasale recou-
vcnc de membrane, leur sert d'instrument pour casser rcnvcloppc
des graines, ct pour rompre les liges les plus dures; leurs pieds,
dont ils se servent pour saisir ct pour porter leurs allmcns au bcc,
sont pourvus de doigts très-longs, facilement rétractiles, ct d’ongles
qui sc replient aussi avec quelque facilité, ce (|ui leur donne ce pouvoir
de prébension. Un plumage éclatant, où le bleu de tunjuolse
domine, est propre au plus grand nombre des espèces connues,
ct c'cst parmi elles que notre espèce européenne, tant estiinéc des
anciens, sc distingue par sa beauté, par scs doigts eVunc longueur
qui semble disproportionnée, ct no sc retrouve que dans les genres
Pana et Palamedea; enfin, par son bcc énorme, fort ct dur, et
par sa placjuc frontale très-dilatée. L’espèce européenne est très-
abondante élans le Midi, où elle n'a point été transportée d’Afrique,
ct acclimatée comme l’assurciit ceux qui ne connaissent point la véritable
espèce de nos contrées. On les voit en plusieurs villes de Sicile,
dans les marcbés et dans les rues, tant elles sont communes et
faciles à apprivoiser.
Le porpbyrlon d'Europe, connu de nos jours sous le nom de Poule
Sultane ou Talève, était un oiseau très-fameux cbez les anciens. En
grande vénération cbez les (irccs ct les Romains, on le considérait
comme un liôle digne d’obtenir un asyle sons l’égide de la Divinité;
il était nourri dans l'enceinte des temples et obtenait les mêmes soins
que nous voyons encore de nos jours prodiguer à plusieurs espèces
d’animaux dans les temples d’indous par les sectateurs de la religion
de Brama. Les ménageries et les collections d’bistoirc naturelle
doivent sons doute leur origine à ce fanatisme religieux des peuples
de ranti([uilé; toutes leurs pensées, concentrées dans le culte, les portaient
à consacrer les objets les plus remarquables de la nature à leurs
divinités; les sanctuaires furent les premiers dépôts où le voyageur remit
sous la garde des prêtres, et comme un bommage rendu aux Dieux,
les objets rares ([u’il avait rapportés. Ou croit retrouver sur quelques
médailles antiques les indices de ces actes religieux. Nous savons que
des poissons étalent suspendus au temple de ¡Neptune; des bois de
cerfs décoraient les portes tic ceux de Diane. Le Cartbaginois Hannon
consacra ainsi dans le temple de .Tunon une peau de gorgone, qu’on
peut conjecturer être la dépouille de quebjue grand singe d’Afrique.
De nos jours encore, des églises ct quelques cbapelles conservent ces
offrandes des voyageurs superstitieux; on volt dans plusieurs églises
d’énormes ossemens de baleine suspendus aux voûtes ou au-dessus des
portiques; un voyageur Italien a sans doute consacré dans l’église de
Notre-Dame-de-Cimes, sur les bords du golfe de Gôncs, le grand
crocodile suspendu ii la voûte. Un capitaine baleinier Nerlandais
aura consacré au retour d’un voyage périlleux l’énorme téte de Cacba-
lot, Physeter Macrocephalus, placée dans l’église de Scbeveninge sur
les bords de la mer.
I.a dénomination de Porpliyrioùate. dn tempsd'Aldrovande; Brisson
a fait usage de ce nom pour désigner un petit groupe dans lequel
figurent des espèces étrangères à ce genre; Linné comprit ces oiseaux
dans son genre Fúlica, et Latbam les plaça dans le genre Gallinula.
J’en ai formé un genre distinct sous le nom Talève {Porpliyrio)
(voj'ez le Manuel d'Ornitbologie 2«.édition) ; et j ’ai conservé à 1 espèce
européenne, celle connue des anciens, la dénomination de Porphy-
rion. On doit distraire dn groupe mentionné les espèces de Linné,
décrites sous les noms de Fúlica martinica ( i ) . el Flavirostris, que
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( i ) Celte espèce a ète' donnée par M. V ie illo t , Galerie des Oiseaux, pl. 2 6 7 , sous le nom de
FoTfhy rion tavoua. En comparant cette figure à celle de la pl. 2G8 du même ouvrage «fui