C A R IA M A D E M A R C G R A V E .
aux oiseaux de rivage par scs jambes, scs pieds cl scs ongles, et même,
par l'ensemble de sa conformation. Il a le bcc des Gallinacés, le port
et le cou du likea Nandua ( Rbca Amcricana ) , l'oeil dos oiseaux de
proie. Néanmoins on ne peut le r.approcbcr des oiseaux deau,p.arcc
qu'il vit dans les plaines montucuscs, à la lisière des forêts claires,
sèches ct élevées. Sa nourriture se compose de lézards cl d’insectes.
On le rencontre réuni par paires ou en petites troupes ; il luil 1 homme
de très-loin. Faroucbe et rusé, il sait éviter, par une surveillance
assidue, d'être facilement découvert ct poursuivi. Sa démarcbe ordinaire
est grave et mesurée ; quand il soupçonne quelque sujet de
crainte il examine avec attention autour de lui avant de se décider
.à demeurer ou à se mettre en course. Les chasseurs, (iuoi([UC entourés
de ces oiseaux, ont beaucoup de peine à s’en rendre maîtres.
Sa voix forte et sonore retentit au loin dans les immenses plaines du
Brésil ct du Paraguay. La course est le seul moyen par lequel il
puisse se soustraire aux poursuites du cavalier qui l'a découvert ; mais
celui-ci ne parvient à lui lancer son lacet, ou bien à le tirer, qu’après
maints détours ct une persévérance opiniâtre; étant fatigué, le Cariama
se blottit contre terre, ou bien il se pose sur quelque buisson
ou sur un arbre, et le chasseur est alors assuré de sa proie. 11 place
son nid, composé de branches sèches, enduites de bouse de vache,
sur un arbre bas ou de moyenne bauteur, ct pond deux oeufs blancs ;
les jeunes sont couverts de duvet; ils ont l'iris d'un jaune vif, et sonl
trcs-promptemcnl en état de courir. Quoique la cbair de ces oiseaux
soit blancbe et de très-bon goût, on ne les chasse point au Brésil
comme gibier. Les jeunes que l'on nourrit cn domesticité mangent
(luelqucfois de petits morceaux de viande, mais ils refusent le maïs.
Ils parcourent le bourg ou le village où ils sont élevés, sortent même
dans les campagnes ct reviennent à leur demeure.
C A R IA M A DE M A R C G R A V E .
Le Cariama parait, au premier coup d’oeil, avoir des rapports avec
le Secrétaire d’Afrique, mais ils dilfèrcnt beaucoup lorsqu’on les com-
parcavec [ilus d’attention ; le premier est [ilus rapproché des oiseaux
coureurs, de \ Agami ct du Kamichi, tandis que le dernier oflre, dans
fcnsemblc de scs formes, tous les caractères des oiseaux de proie. La
charpente osseuse du Secrétaire ludique plus exactement encore tous
CCS rapports que les formes extérieures ont fait p ré jug er ;« , s'il est
permis d'en juger aussi d’après ces formes seulement, il semblerait
probable que le squelette du Cariama, qui n’est point encore connu,
doit avoir des rapports avec celui du Butor ( Ardea slellaris), de
y Agami ( Psopbla crcpilans ) , et des oiseaux compris dans l’ordre des
Grales.
La langue du Cariama est de moitié plus courte que la mandibule
inférieure, plus unie,entière, et terminée par une pointe cornée;
l’estomac est de forme ovalaire et très-musculeux.
Le cou est couvert de longues plumes à barbes plus ou moins décomposées,
îloltantes, molles cl soyeuses sur la nuque, à peu près de
la môme manière que d.ans le Butor; l’oiseau les étale et les relève lorsqu'il
est effrayé; une buppe plus légère, à barbes rares et désunies,
forme une belle toulfe sur le front, et s'avance sur la base du bec,
([u'clle ombrage; elle est disposée sur deux plans parallèles comme
dans les liupicoles. Lc tour des yeux est n u , et cette nudité communique
au bec; la peau est blcutitre. Les pieds sont longs et grêles, et
les doigts très-courts; la queue est arrondie ct de moyenne longueur.
De longs cils noirs garnissent la paupière supérieure de l'oeil.
La couleur générale des parties supérieures du Cariama est d’un
brun couleur de terre; les parties inférieures sont plus blaucbàtrcs.
Toutes les plumes du cou sont finement rayées de zig-zags d'un bruii
plus sombre que celles du fond du plumage. Les deux pennes du