tielles à la détermination des genres, aient été exprimées avec autant
de soin. Et même Tespèce de dureté, de crudité que l’on peut reprocher
à l’enluminure, outre qu’elle n’existe pas au même degré
dans tous les exemplaires, et que d’ailleurs elle n’empéche nullement
de reconnoître les espèces, a eu son côté avantageux, en ce qu’elle
a permis de donner ces planches à un prix moins élevé, et par conséquent
de les répandre en beaucoup plus grand nombre.
Les planches enluminées de BulTon sont donc devenues la collection
fondamentale et classique de figures pour l’étude de l’ornithologie
, celle qui comprend le plus d’espèces et qui les fait le mieux
connaître; et miilgré les ouvrages infiniment plus magnifiques dont
cette branche de la science a été enrichie, dans ces derniers temps,
par les soins de MM. Levaillant, Vieillot, Meyer, Temminck, Wil-
son, etc., les naturalistes sont toujours obligés de consulter et de
citer le recueil de Buflbn.
En effet, les ouvrages dont nous venons de parler, et qui par la
beauté de leurs planches, non moins que par l’intérêt des observations
dont ils sont remplis, méritent toute sorte d’éloges, sont tous
limités ou à certaines familles d’oiseaux, ou aux oiseaux de certains
pays. R n’en est aucun d’universel, et qui embrasse 1 ornithologie
toute entière; il n’en est aucun qui puisse tenir lieu des autres, et
éviter au naturaliste peu favorisé de la fortune les frais énormes
qu’exige l’acquisition de tant de figures qui font doubles emplois, et
doubles emplois d’autant plus multipliés, qu’aucun de ces auteurs ne
s’est abstenu de reproduire les figures qui avaient déjà été données
par ses confrères, et même par Buflbn.
Cependant les planches enluminées de Buflbn ont un grand inconvénient;
c’est que leur publication ayant été interrompue au n». 1008,
et en l'année iy88, elles ne comprennent aucune des espèces si nombreuses
et si intéressantes qui ont été découvertes et rapportées en
Europe depuis cette époque. Les oiseaux que les Anglais ont rassemblés
dans leurs vastes colonies; ceux qui enrichissent les nombreux
cabinets des amateurs de Hollande, et qui ont été recueillis à grands
frais en Afrique et dans les deux Indes; ceux que le commerce nous
apporte chaque jour de Cayenne, du Cap et des autres endroits où
il s’est établi des préparateurs; les nombreuses et intéressantes espèces
que nous ont procurées les voyages de Cooh, de Sparman, de Maugé,
de Péron; celles que nous transmettent maintenant les courageux
naturalistes qui sont allés séjourner quelque temps dans des pays
lointains pour enrichir nos cabinets, MM. Leschenault-Delatour,
Reinward, Milbert, Lesueur, Auguste de Saint-Hilairc, Diard’
Duvaucel, Delalande, etc., n’ont pas pu entrer dans les planches
enluminées, et un très-grand nombre manque encore, même dans
les ouvrages plus modernes que nous avons cités.
Les naturalistes instruits désiraient donc vivement un recueil qui,
par son format, pût faire suite à celui de Btifron ; qui frit susceptible,
par son prix modéré, de se continuer assez long-temps pour offrir un
grand nombre d’espèces, et où l’on eût soin de ne comprendre que celles
qui ne sont point encore dans les planches enluminées. Mais pour
que ce voeu fût satisfait, il fallait une condition difficile à remplir;
c’est que l'entreprise fût dirigée par des personnes dont la fortune
leur permit de faire de grandes avances, et dont la position dans le
monde -écartât toute idée de spéculation financière.
Les auteurs de la présente entreprise, MM. C. J. Temminck et
Mciffren Laugier, baron de Chartrouse, se sont chargés de répondre
aux désirs des naturalistes et aux besoins de la science. Leurs vues
sont précisément celles que nous venons d’exprimer. Ils offrent en
ce moment au public une collection de planches coloriées qui aura