G E N R E G Y P A E T E .
du vulgaire; les uns ont raconté qu’ils les avaient vus enlever des
quadrupèdes d’un volume beaucoup supérieur au leur; dautres ont
dit avoir été témoins de combats entre ces oiseaux et des hommes,
dans lesquels ceux-ci, ayant été vaincus, étaient restés la proie des
vainqueurs, qui les emportaient dans leurs aires pour les déchirer
plus à l’aise, et faire à leurs petits une distribution de membres encore
polpitans : on a assuré que des enfans avaient été enlevés en
présence des parens, sans que ceux-ci auraient eu des moyens de défense
suffisans pour s’opposer à la force redoutable de ces oiseaux. Ces
récits outrés ou absurdes tendent néanmoins à accorder aux Gypaètes
une force extraordinaire, non dans les moyens de préhension ,
mais dans le choc vigoureux de leur première attaque. Us sont le-
doutables par l’impétuosité avec laquelle ils tombent du haut des airs
sur leur proie, qui consiste le plus souvent en bouquetins, chamois,
moutons, chèvres, loups, renards, marmottes, lievres, etc. Aussi
rusés que doués de force, ils savent épier l’instant qu’un de ces animaux,
le plus souvent de jeunes individus ou les traîneurs dune
troupe, s’écarte sur les bords des précipices; tombant alors sur leur
proie avec impétuosité, et aidés de leur puissant moyen de vol, ils
la renversent et la précipitent dans l’abîme, l’achèvent sur la place à
coups vigoureux d’aile et de bec, sansj.amais rien emporter dans leurs
serres, qui ne sont point propres à saisir. Leur estomac digère les os,
la peau , les poils et les plumes; on ne les voit point vomir en boules
les substances difficiles à digérer, comme le font les aigles et le plus
grand nombre des autres oiseaux de proie.
On cite quelques exemples d’attacjues de ces oiseaux dirigées contre
l’homme : des enfans égarés sur les Hautes-Alpes suisses ont pu être
précipités et dévorés par des Gypaètes, mais ces attaques sont très-
rares.
G E N R E G Y P A E T E
Les Gypaètes ne vivent point aussi solitaires que les Aigles; ils
se réunissent quelquefois trois ou quatre, et parcourent ensemble les
montagnes, en chassant de compagnie et se jetant tous à la fois sur
la proie. Ils choisissent pour établir leur nid l’infracture la plus inaccessible
des rochers; ce nid, d’une étendue considérable, se compose
de bûches entrelacées et cimentées en quelque sorte par des débris
mous de matières animales et végétales.
On a essayé d admettre dans le nombre des Gypaètes inscrits dans
nos méthodes, Aes, Aigles, des Autours et des Vautours. Daudin présente
sous ce nom générique une réunion bizarre d ’espèces qui ne
peuvent être classées dans ce genre, où nous n’admettons provisoirement
que le seul Gypaète d’Europe, d’Asie et d’Afrique, e t , avec
quelque doute, le Caffre de Le Vaillant, Oiseaux d’Afrique, v. i , pl. 6,
espèce qui depuis Le Vaillant n’a point encore été vue par les ornithologistes.