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figures pourront suppléer à ces détails que nous sommes à même de
pouvoir remplacer plus utilement par quelques observations sur les
moeurs et sur les habitudes dc ces oiseaux, partie historique dont nous
nous voyons souvent à regret privés dans la description des animaux
nouveaux figurés dans ce recueil ; rhabilcté des artistes remplit alors
ce vide d’une description stérile du plumage, à laquelle on se volt trop
souvent borné faute de matériaux plus Intéressans pour la science (i).
Doués d’une force musculaire égale, et pourvus d’armes également
redoutables, les deux espèces d’Aigles chasseurs qui se partagent le
domaine des airs dans nos régions européennes, poursuivent tous les
deux les mêmes proies, et sont la terreur des mammiîères et des gros
oiseaux qui ne peuvent se soustraire à leur appétit vorace que par un
heureux hasard ; leur taille et les armes dont la nature les a pourvus
comme moyens de défense, deviennent inutiles ou insuffisantes contre
l’attaque brusque et la force musculaire de ces Aigles, qui manquent
rarement la proie sur laquelle ils fondent du haut des airs ; ils la poursuivent
en suivant une ligne horizontale ; étouffer et emporter cette
proie dans les lieux où ils ont établi leur repaire est l’affaire d’un
moment. En captivité ils se contentent d’élouffer l’animal; se posant
alors tout près de la victime terrassée, ils attendent quelque temps
avant de la déchirer, apparemment afin que le sang encore fluide
ne soit point perdu.
( i ) Je saisis cette occasion pour le'moignei' à MM. Ilu ct et Prêtre mes remerciinens pour
le zèle q u ’ils mettent à rendre ce Recueil digne des suiTi-ages dont le pu b lic l ’iionore. Les soins
non interrompus de ces artistes d is tin gu é s , et leurs désirs de coopérer à un ouvrage
destiné à marcher graduellement à un fini plus p a r fa i t , leu r donne des droits bien fondés
à notre reconnaissance. Je les prie d ’agréer cet hommage pu b lic que nous nous empressons
de leu r ren dre , de même q u ’à MM. Coulant et L an g lo is , qui rivalisent de zèle avec MM. les
peintres , pour que le fini du burin et la liclle exécution des planches ne laissent plus rien
à désirer comme portraits fidèles de la nature.
La taille et les formes de ces deux Aigles sont à peu près les
mêmes; mais leur port, dans l’état de repos et en captivité, diffère
dans la pose du corps ; l’Aigle impérial, à terre comme lorsqu’il
branche, porte le corps horizontalement ; il marche plus ou moins
lentement; sa queue est relevée, et il tient le cou tendu. L ’Aigle
royal, posé sur la branche, a le corps dans une direction perpendiculaire
, la téte en arrière et la queue pendante ; à terre il avance le plus
souvent par bonds et par sauts, rarement à pas comptés ; le dernier a
dans son port plus de ce qui tient de la nature des autres oiseaux de
proie. En examinant l’autre de loin, on croit voir un dindon. La trachée
artère de l’Aigle impérial est composée d’anneaux très-solides et
rapprochés ; il se forme une ossification angulaire au larynx inférieur ;
les bronches ont des anneaux lai’ges, qui diminuent sensiblement de
diamètre en approchant des poumons. Cette partie chez l’Aigle royal
est formée d’anneaux minces, distans et liés par des membranes; 11
n’existe point d’ossification apparente à l’endroit de la bifurcation, et
les bronches sont d’un diamètre égal dans toute leur longueur. Le cri
de ces oiseaux est différent ; celui de l’Aigle Impérial est un son rauque
et fort, qu’il fait entendre fréquemment ; celui de l’Aigle royal est plus
sourd et sa voix est faible. Les ailes du premier sont delà longueur ou
plus longues que la queue, qui est à peu près carrée; chez le second
la queue est plus longue que les ailes, el elle est arrondie. L ’Aigle
Impérial a les narines obliques, à bord supérieur échancré; l’ouverture
du bec fendue jusqu’au dessous du bord postérieur de l’oeil; on
compte cinq écailles sur la dernière phalange du doigt du milieu, et
sur les autres doigts seulement trois ou quatre écailles, suivant les
différences d’âges des individus. Chez l’Aigle royal, les narines sont
elliptiques, hautes de quatre lignes, et larges de deux et demi, à bord
antérieur émoussé; l’ouverture du bec ne s’étend point au-delà du
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