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 les  saisons,  une  température  et  des  alimens  convenables;  celui qui  
 les  porte  d’avance  à  construire,  pour  déposer  leurs  oeufs  et  élever  
 leur progéniture, ces demeures disposées et appropriées avec tant d art  
 aux divers'besoins de leurs petits, sont autant de circonstances dignes  
 de  toute l’attention des  amis de  la  nature;  mais  pour  étudier  avec  
 fruit  ces  circonstances  dans  tous  leurs détails,  il  est  nécessaire avant  
 tout  de  distinguer  avec  précision  les  espèces  dans  lesquelles  on  les  
 observe;  et  le  nombre  prodigieux  des  oiseaux  qui  ont  déjà  été  recueillis  
 dans  les  diverses  parties  du  monde,  rend  cette  distinction  
 très-difficile. 
 Non-seulement  les  naturalistes  ont  été obligés de former  des  divisions  
 et  des  subdivisions  de  divers  ordres,  qu’ils  ont  fondées  sur les  
 diverses  formes  des  becs  et  des pieds,  sur  les  proportions  des  ailes,  
 des  queues  et  des  jambes,  ou  sur  d’autres  caractères  également  sensibles. 
   Pour  arriver  à  la  distinction  des  espèces,  11  leur  a  été  nécessaire  
 de  recourir  aux  couleurs  du  plumage, et même de  déterminer  
 avec  soin  les  changemens  que  ces  couleurs  éprouvent  dans  chaque  
 espèce,  selon  l’âge, le  sexe  et  la  saison. 
 Or , aucun langage humain ne serait capable d’exprimer avec clarté  
 des  nuances  si  nombreuses,  si  fugitives;  de  rendre  tant  de  taches,  
 de  lignes,  de  traits,  de  points  dont  se  compose  la  coloration  des  
 plumages,  ni  même  de  faire  concevoir  l’effet  général  plus  ou moins  
 éclatant,  plus  ou moins  suave,  plus  ou moins  bizarre qui  résulte  de  
 l’alliance  ou de  l’opposition de  toutes  ces  teintes. 
 La  peinture  seule  peut  en  approcher,  et  encore  n’en  approche-  
 t-elle  que  dans  le  faible  degré  où l’art peut  approcher  de  la  nature;  
 mais  toujours  est-il  certain  que  dans  cette  partie  de  la  science  son  
 secours  est  absolument  indispensable. 
 C’est  ce  que  les  naturalistes  ont  senti  de  bonne  heure,  et  ils  ont  
 eu  soin,  aussitôt  que  les  arts  ont  été  assez  répandus,  de  les  appeler  
 à  leur  aide, et  d’orner  leurs  ouvrages  de  figures,  et  autant qu’ils  le  
 pouvaient,  de  figures  coloriées. 
 Déjà  Bclon  et  Gesner  ont  donné  des  images  grossièrement  enluminées  
 de  quelques  oiseaux; mais  ce n’étaient  encore  que des  essais  
 informes. 
 ir is ch ,  en  Allemagne;  Albin,  Edwards,  Catesby,  et  d’autres  
 encore  en  Angleterre,  surpassèrent  beaucoup  ces  premiers  ornithologistes, 
   par  1 exactitude  du  trait,  la  finesse  de  la  gravure,  la  v^’ité  
 et  l’éclat  des  couleurs.  Cependant  leurs  recueils  demeurèrent  dans  
 des  limites trop étroites. Le nombre  des espèces  qu’ils  représentèrent  
 resta  trop  peu  considérable  en  comparaison  de  celles  qui  existent  
 dans  la  nature, et qu’il  est  important de  connoitre. 
 Buflbn  résolut de les surpasser  à  cet égard.  11  conçut un plan dont  
 1 étendue  répondait  à  celle  de  son  génie;  c’était  de  rassembler  dans  
 sa  collection  d’estampes,  tous  les  oiseaux  qu’il pourrait  se  procurer,  
 sans  distinction  de  climats  ni  d’espèces,  et  de  former  ainsi  pour  le  
 naturaliste  une  sorte  de  cabinet  portatif  et  durable,  plus  complet  
 qu aucun  de  ceux  qu’un particulier pourrait  réunir,  et surtout  conserver. 
  Il  chargea  Daubenton le jeune  de  diriger  cette  entreprise;  et  
 tant  que  Buifon  a  vécu,  elle  a  été  continuée  sans  interruption.  Le  
 nombre des  planches  se  porte  aujourd'hui  à  ioo8,  ou à  gya,  si  l’on  
 en  retranche  55  qui  représentent  des  objets  étrangers  à  l’ornitho- 
 .Ces  gyS  planches  contiennent  ladg  log  figures.. .d..’o..is..e.a.u.x.. 
 Aucune  des  collections existantes n’est  aussi  complète  à beaucoup  
 près;  on  pourroit  dire  même  qu’en  ayant  égard  à  tout  ce  qu’un  
 pareil ouvrage exige, aucune n’est aussi parfaite ; car il n’en est aucune  
 ou  les  détails  des  formes  du  bec  et  des  pieds,  ces  parties  si  esscii