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tG E N R E V A U T O U R ,
de défense, ni pour emporter dans leur aire des parties de leur proie,
qu’ils consument sur les lieux. Ils vivent par paire, mais se réunissent
en grandes troupes à la curée autour des cadavres qu’ils éventent
de très-loin; leur ample jabot reçoit la chair dont ils se gorgent;
repus, ils ont de la peine à reprendre le vol. Leur aire est placée dans
les rochers les moins accessibles; c’est dans ces repaires isolés qu’ils
vont pourvoir à la subsistance de leur progéniture, en dégorgeant
devant elle une partie des alimens contenus dans leur jabot. Ils n’attaquent
jamais un être vivant, et lorsqu’ils ne sont point réunis en
troupe, le plus timide des animaux les met en fuite. Leur vol est
lent, mais soutenu; on les voit s’élever dans les airs à des hauteurs
d’où ils échappent aux regards; leur ascension a lieu en tournoyant,
et c’est de cette manière qu’on les voit se diriger vers la terre. Leur
attitude est lourde, leurs mouvemens embarrassés; repus et posés à
terre, ou perchés, on croit voir une masse emplumée privée de mouvement;
leur petite téte, et le cou grêle, le plus souvent nu, sont
alors retirés vers la cavité thorachique, ombragés par les plumes de la
fraise, et les pieds totalement cachés par les longues plumes des flancs.
La mue n’a lieu qu’une fois dans l’année. On distingue les mâles des
femelle.s par la taille plus forte de celles-ci: l’âge opère des changemens
très-marqués dans les couleurs du plumage et dans la forme, comme
dans la distribution des taches; l’adulte est facile à distinguer des
individus dans les premiers périodes de l’âge; ces derniers ont le
plumage bigarré et tacheté, le sommet de la tête couvert de duvet et
les parties nues parsemées à claire-voie de faisceaux duvetés; l’adulte
est le plus souvent unicolore, ou son plumage est coloré par grandes
masses; les parties nues le sont totalement ou portent rarement quelques
parcelles d’un léger duvet. Toutes les espèces connues vivent
dans l’ancien continent.
G E N R E V A U T O U R .
Il faudrait entrer dans une longue et aride discussion, et remplir
une grande quantité de pages pour discuter la nomenclature de ce
groupe composé, il est vrai, d’un nombre très-borné'd’espèces, mais
encombré d’une foule de noms tantôt bien, tantôt mal appliqués, et
d’une quantité à peu près du double d’espèces nominales. Pour donner
une idée de cette confusion dans les synonymes, nous nous bornerons
à citer ici quelques remarques très-exactes faites à ce sujet par
M. Savigny. Le Vultur cireneus de Gmelin, à doigts jaunes, à tarses
emplumés jusqu’aux doigts, ce Vautour décrit par Brisson , Buffon,
La Peyrouse, et autres, est-il autre chose qu’une espèce défigurée,
un être imaginaire (i)'i et cependant c’est lui que Daudin cite sous
Vultur vulgaris. Buflbn a décrit sous Percnoptère un grand Vautour,
Vultur fulvus de Gmelin, et Hasselquist, sous le même nom, un petit
Vautour blanc et brun dans le jeune âge (2). C’est de la description
d’Hasselquist que Linné a emprunté la phrase et la description du
sien : ainsi l’identité des deux oiseaux n’étoit pas douteuse. Latham
en a jugé autrement; en conséquence, 11 attribue à la citation d’Hasselquist
celle de Buffon, arrangement assez bizarre: car, comme il
a copié d’ailleurs le texte de Linné, il en résulte que le Percnoptère
d’Hasselquist se trouve expulsé par le Percnoptère de Buffon d’un
article dont il fait tous les frais. Le Vautour percnoptère dans Gmelin
est en efiTet une espèce composée de quatre autres indications qu’on
pourrait rapportera des états différens de la mue d’espèces distinctes.
L ’erreur ne s’est pas bornée aux écrits des naturalistes anciens; les
modernes en ont également leur part. Nous avons aussi commis des
(1) C’e st, à inçHî a v is , un Vautour a/Tublë cles pieds tlTin Aigle royal.
(2) C’est notre Catharle alimoche du Manuel d’Ornilhologie. Cette espèce, aujourtriiui bien
connue clans tous ses étais de liv r é e , a fourni aux naturalistes rénuinératioii de onze déterminations
diirérentes.