pointe. Lès yeux font au fommet, près l’un de l’autre, peu éloignés de
l’ouvenure de la bouche; entre l’un & l’autre, on remarque en deffus
un enfoncement. La prunelle eft noire, & l’iris jaune, tacheté de noir.
A l’opercule des ouïes, on remarque un piquant fort. L’ouverture des
ouïes eft large ; le dos droit, d’un jaune brun, & aux- côtés, qui font
argentins fous la ligne latérale & au ventre, on remarque des lignes
brunâtres & transverfales. La première nageoire du dos eft noire & garnie
de cinq piquants roides, auxquels on peut aifément fe blèlfer. Mais il eft
douteux qu’ils foient vénimeux comme le dit Pline a ), & comme le
foutiennent plufîeurs ichtyologiftes. Car on n’ufe pour fe guérir que des
remèdes employés contre la piquure des autres corps pointus; c’eft-à-dire,
qu’on cherche à dilater la partie bleffée. Les pêcheurs Anglois ont
coutume d’arrofer la piquure avec de l’urine chaude, & l’enveloppent dans
du fable mouillé ¿). Les François au contraire, fe fervent pour cela des
feuilles de lentifque c). Les faits que rapporte Linné à ce fujet n’ont rien
de probable d').
Toutes les n a g e o i r e s / o n t p e t i t e s , e x c e p t é c e l l e s d e Ta poitrine & de
la queue, & ont des rayons ramifiés. Comme ce poilfon n’a pas la vie
dure, & qu’il fe débat beaucoup quand il eft pris, il faut prendre garde
de ne pas fe laiffer piquer par fes pointes, qui peuvent encore bleffer après
la mort du poilfon. C’eft ce qui a donné lieu en France à une ordonnance
de police, qui défend de vendre ce poilfon avec les piquants e).
Ce poilfon, qui ria pas plus d’un pied de long, fe trouve en grande
quantité aux environs de la Hollande & de l’Oftfrife; de même que dans
la Méditerranée & dans plufieurs contrées de l’Océan. Ordinairement, il
féjourne dans le fond, & paroît en Juin dans les endroits unis. C’eft dans
ce mois & dans le fuivant qu’on le prend en quantité, fur-tout en Hollande
dans des filets & des nalfes. Ainli cArijlote le met avec raifon au nombre
des poilfons de rivage / ) .
La chah de la vive eft de très-bon goût, aifée à digérer', & les
Hollandois en font un très-grand cas.
Ce poilfon vit d’infectes aquatiques, des petits des autres poilfons,
d’efeargots & d’écrévilfes. Quand il eft encore jeune, il a pour ennemis
toutes les efpèces voraces.
L’eftomac eft large; la vélicule du fiel grande; le canal inteftinal court,
& a huit appendices à fon commencement.
a) Voici ce. qu’il en dit: Peftiferum animal fit d) Weftgothl. Reife. p. 103'.
Araneus, fipinae in dorfo aculeo noxius. 1. 9. c.48. O Bomare. Diâ. Tom. XV. p. 113.
b) Ptnn B. Z. III. p. 170. ; / ) H. A. lib. 8* cap. 13.
c ) Folia lentifci. Rond. H. des Poiff. P. I.p. 340.
l l a f c 'rél ; ■ L Ai X V 'I V £. 131
Ce poilfon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Petermænnchen, en Allemagne. Vive t ou Dragon de mer , en
Schwerdtfifch, à Heiligeland. France.'
Fiaerjing , Suerd - Fisk , Steen- Arangio, àMarfeille.
Bikker, Miiller, en Dannemarc. Tfafcina, Pefce Ragna, en Italie.
Petermand, SSe-DTagc, en Nor- .'Æragina} à Rome.
Vège. Ragana,. en Sardaigne.
Fiærfmg, Fiafjingj en Suède. Mojuro ta rocca, à Malthe.
Pietermann, eh Hollande. - Pefce Arano, en Elpagne.
Weever ,Seadragon, en Angleterre.
C’eft à tort que Gronov. rapporte à notre poilfon a') 1 uranofeope de
Rondelet & de Gefner; & qu'Aldrgvand & Ray en font plufieurs genres
comme nous l’avons dit plus haut
L’auteur du Cours d’hijloire naturelle fe trompe, en plaçant dans les
narines de terribles piquants b').
Ælien d i t - q u e l a b l e f f u r e d e s p i q u a n t s de ce pqiflbn eft venimeufe.
Je ne faurois alfurer fl cela eft vrai ou non. Le même auteur dit que quand
on le prend de la main droite, il fait réflftance, & cède au contraire,
lorfque c’eft de la main gauche c). Mais c’eft encore une erreur de ces
tems, au(fi bien que ce que dit Gellius, qui prétend que lorfqu’il pique
dans leriems du frai, il s’engendre des petits poilfons,dans la plaie d).
Il faut penfer la même chofe de ce que dit Pline e), que fi l’on écorche
la gencive avec l’os de c.e poilfon, dans une douleur de dents, elle celfe.
Cela peut arriver dans certains cas, comme avec toute autre efpèce de
corps tranchant.
.C’eft à tort que Salvien refufe les écailles à ce poilfon / ) .
Quand on dit dans la Defcription des Arts & Métiers, Tom. XI. p. 657,
que les Allemands n’ont point de nom pour ce poiffon, il faut que l’auteur
de cet article n’ait pas connu le Thierbuch de Gefner, p. 43, où ce poilfon
y eft nommé meerdrachen, ni l’Ichtyologia de Schoneveld, p. 1 7 , qui la
décrit fous le nom de petermoenndwn.
~ Zoopk.p. 8b- n. *74- â ~> Vàt- AUt611- dè Pifc- P- aî ï -
| Tom. V.’p.' i j j . J « H . 3a* «P- 7"
c ) Lib. J. cap. 18, qu«vp.7a. i.
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