confifte en deux lames, & l’ouverture des ouïes eft large. Le corps eft
couvert d’écailles minces, qui fe détachent aifément. Les côtés font
un peu comprimés. Le dos eft rond; la queue quarrée, garnie en haut
& en bas de fept à onze fauffes nageoires, & des deux côtés d’une peau
qui avance un peu en forme de nageoire adipeufe. Les nageoires font
longues à la poitrine, & courtes au ventre. Les premières font jaunes; les
fécondés grifes. La première nageoire du dos eft bleuâtre, & la fécondé
jaunâtre, ainll que celle de l’anus & les fauffes nageoires. La nageoire de
la queue eft d’un gris noir, & forme un croiffant.
On trouve ce poiffon non feulement dans la mer du Nord & dans la
Méditerranée; mais auffi dans les contrées de la Guinée d), du Bréfil ¿),
près des îles Antilles c), Malouinès d.) & de la Chine t) ; dé même que
vérs Ta b a go f ') & la Jamaïque g). Il a ordinairement un à deux pieds
de long; mais quelquefois il eft d’une groffeur monftrueufe. On en trouve
fur les côtes de Guinée qui ont la groffeur & la grandeur d’un homme /z);
fur celle du Bréfil, on en pêche qui ont fept pieds. Pennant en décrit un de
fept pieds dix pouces, qui avoit cinq pieds fept pouces de circonférence z).
Schonevtld parle d’un autre, pris fur les côtes du Holftein, qui avoit huit
pieds & demi de long P). Or, comme félon l’obfervation de M. Briinniche,
un poiffon de cette efpèce, long de deux pieds, ne pèfe que fept livres /),
& que celui de M. Pennant, qui n’avoit pas huit pieds, pefoit quatre
cents foixante livres ni), on peut penfer qu’un thon de dix pieds pefoit fept
à huit cent livres. Arijlote parle d’un thon qui pefoit quinze talens n);
ce qui revient à fix cents cinquante-deux livres & demie; & Cetti nous
affure qu’il n’eft pas rare d’en trouver de mille livres, & que quelquefois
même on en pêche de dix-huit cents o). Ce poiffon eft probablement le
plus gros de' tous les habitans des eaux qui nous fervent de nourriture.
.Cette groffeur monftrueufe l’a fait regarder par quelques écrivains comme
une elpèçe de baleine. Le thon eft un animal très-rapace; fa gloutonnerie
va fi loin, qu’il n’épargne pas même fa progéniture. Voilà pourquoi
Oppian lui donne l’épithète de fcélérat p~). Il fe nourrit ordinairement de
harengs
a) Allgem. Reifen. Tom. I. p. 333. I ) Piic. MaiT. p. 70.
b) Bomare. Didt à l’article thon, - m) Au lieu cité. p. 1 i>S*
c y Plumier, Manufçript. ' . n) H. A. lib. 8. c. 30.
d) Pernetti.Hift.deslslesMalouin.Tom.II.p.78. o) Sardin. III. p. 14.3.
e ) Osbeck. China, p. 90. p) AJl diro Thynno non efi f celeratior alter,
f") Hamb. Magaz. Tom. IV. p. n i . Et nullus pifiis tanta impietate notandus;
gy Browne. Jamaica. p. 451. Offendit quicquid rapidam demergit in alvum,
A) Allgem. Reifen. Tom. IV. pi 479. Namqut foluta parens par tu, privata dolore, ,
i y B. Z. III. p. 166. Non parvis parcèt natis fatvijjima mater.
i ) Ichth. p..75. .
harengs ordinaires ; & on fe fert avec avantage de ces poiffons poui le
prendre. Il pouriuit aulîi les maquereaux, & il épie les haiengs qui
échappent aux filets fies pêcheurs <z). Il a pour ennemi le requin.
Ce poiffon nage très-rapidement. Selon le chevalier Chimbaut, une
troupe de thons fuivirent fon vaiffeau depuis le Bréfil jufqu’au détroit de
Gibraltar, pendant un voyage de fept à huit jours ¿). Pline rapporte auffi
qu’ils luivent les vaiffeaux pendant plufieurs jours de fuite, & quaucun
bruit ne peut les éloigner c).
Selon Arijlote d') & Pline e), le thon dans la canicule, eft tourmenté
par un infeéte qui a la groffeur d’une araignée & la forme d’un fcorpion,
& qui fe met fous les nageoires de la poitrine. Le thon piqué par cet
animal, devient lurieux, au point que, félon Oppian f ) , il faute dans les
vaiffeaux & fur le rivage. La raifon pour laquelle cet infecte s’attache plus
particulièrement au thon qu’aux autres poiffons, ç’eft que la peau du thon
eft très-molle, fous les nageoires de la poitrine g'). Il eft vraifemblable
que dans cette efpèce le mâle parvient à une groffeur plus confidérable
que la femelle; car, félon Mr. Cetti, on trouve toujours des laites dans
les plus gros, que l’on prend dans les environs de Sardaigne.
Selon l’opinion populaire, ce poiffon voyage de la mer du Nord dans
la Méditerranée h). Il feroit inutile de répéter ici les raifons pour réfuter
cette opinion, comme nous l’avons déjà dit au hareng & au maquereau,
d’autant plus que Mr. Cetti affure qu’on en a découvert, en hiver, une
grande quantité dans la mer de Sardaigne z). Pendant lhiver, ce poilïbn
habite les fonds de la Méditerranée, de la mer Noire & de l’Océan. Au
printems, il fort du fond, & cherche les côtes, pour y dépofer fon frai.
Arijlote a déjà remarqué que le thon ne dépofe pas fes oeufs comme les
autres poiffons â l’embouchure des fleuves, mais dans la mer même A).
Il fraie en Mai & en Juin. Malgré la groffeur de ce poiffon, fes oeufs Ue
furpaffent pas la groffeur d’un grain de millet. Dans le tems du frai, les
thons fe raffemblent vers les côtes en grandes troupes de plufieurs
centaines, & quelquefois de mille; ils forment un quarré long, & font un
grand bruit.
Selon Plutarque, ils doivent, comme le rapporte Gellius, fe preffer
comme les harengs, les uns contre les autres, & former des rangs; de
a) Pcnn. B. Z. ffl. p. *>8. ' & ficpc in terrant faliùnt c gurgitc mjlo,
b') Bomare, à l’article Thon, In tanto rolrunt lù3antia rmtnbra dolore.
e \ H. N. lib. 9. cap. i j . g) Salv. Aquat. p. il« .
¿ ) H. A. lib. S-cap. 19. :. J : , ' A) latbat. Reif. nacb Span. Tom. J. p. 7J.
e ) I.ib. 9.;cap. 15. _ ,t ) Sardin. Tom. 11L p..148.
f~) Hi tortiftimulis incurfant navibus altis, A) H. A. lib. 4. c, 10.