toucher. Les écailles fe détachent aifément du tronc ; mais'à la tête,
elles tiennent fi fortement, (]ii on ne peut les défacher qu’avec beaucoup
de peine. La bouche eft petite ; la mâchoire inférieure avance fur la
fupérieure, & l’on voit des deux côtés un os large dans la lèvre. Les
narines font près des yeux, qui font de moyenne grandeur; ils ont une
prunelle bleuâtre, entourée d?un iris, d’un jaune verd. Derrière les yeux,
on trouve les fix éminences dont j ’ai parlé: la première eft plus groffe
que les autres. Les deux mâchoires font armées d’une rangée de petites
dents émouffées. On trouve à l’éfophage deux os rudes. Le palais & la
langue font unis. La membrane des ouïes, qui eft cachée fous leurs
opercules, a des rayôfls ronds. Le tronc eft marbré de brun & de gris,
cendré en deffus, & blanc en deffous: il eft parfemé de taches rondes
couleur d’orange, aufîibien que les nageoires du dos-& de l’anus. La ligne
latérale pafle au milieu du corps dans une direétion droite. Les rayons
des nageoires du dos, de l’anus & de la queue, font plus longs que la
peau qm les unit; ils font longs & couverts jufqu’à la moitié' d’êêàilles:
Toutes les nageoires font d’un gris foncé; La nageoire dorfale commence
immédiatement au-delà de l’oeil, & finit près de celle de la queue.
Avant la nageoire de l’anus, on trouve un fort piquant.
Nous trouvons ce-poiffon en quantité dans la Baltique, & fur-tout
dans la mer du Nord, où ü fe tient dans le fond. Il en fort dans la belle
faifon, pour chercher les endroits des côtes & des fleuves où les rayons
du foleil favorifent fa propagation, fi vit de petite poififons, mais fur-tout
de coquillages & de petits efcargots. J’ai trouvé dans les inteftins une
quantité de coquilles pulvérifées.
La plie parvient à une grofleur affez cohfîdéraMe, & péfe jufqu’à
quinze à feize livres. Elle fraie en Février & Mais, & dépofe fes oeufs
entre les pierres & dans les herbages.
On prend les pliés avec des hameçons dormans, auxquels on attache
des petits poiffons coupés. On les prend auffi de la manière fuivante:
Lorfqu’il fait un beau foleil, & que l’eau eft tranquille, les pêcheurs
cherchent les places unies fur les côtes, le rivage, ou les bancs de fable.
Lorfqu’ils y découvrent une plie, ils lui lancent un plomb attaché à une
ficelle, & auquel on a affujetti un fer à trois ou quatre pointes crochues
Lorfque les crochets tombent bien fur le corps, le mouvement circulaire
du iable fait connoître au pêcheur que le poiffon fait des efforts pour fe
détacher des crochets. Lorfqu’il n’y a pas plus de deux à trois braffes de
fond, ils prennent la plie avec une perche, , à laquelle ils attachent des
crochets de la même efpêce; & de cette manière, le poiffon leur échappe
B r a a s , J > j r 3 i
rarement. Cependant dans ces deux cas, il eft néceffaire que le bateau
foit dans un repos parfait; & quand quelques petites vagues l’agitent, ils
tâchent de le mettre en repos par de l’huile qu’ils jettent dans l’eau.
La plie eft un poiffon de bon goût, prefque généralement eftimé;
mais qui n’eft pas par-tout également bon. Les plus petites & les plus
minces font les plus mauvaifes, parce que leur chah- devient molle &
gluante par la cuiffon. Les grofles ont au contraire, la chair ferme, graffe
& de bon goût. Lès premières, font par-deffous d’un blanc bleuâtre; les
autres ont une couleur d’un blanc rougeâtre. Les plus mauvaifes fe falent,
fe fèchent à Pair, & on en fait des paquets qu’on envoie de tous côtés.
On les fait enfuite ramollir & cuire avec des pois. Cependant elles ne font
pas une bonne nourriture pour les malades. L’efpèce la plus groffe & la
meilleure fe fèche auffi; & après en avoir ôté la peau, on la mange en
guife de fromage. On accommode les fraîches de différentes manières.
La cavité de la poitrine eft petite, & le coeur forme un carré long.
Le foie eft long, fimple, & la véficule du fiel groffe. L’eftomac eft
long & pas fort large. Le canal des inteftins a plufieurs finuofités; & au
commencement, on trouve deux à quatre appendices. Le foie eft rond &
d’un brun rouge. La laite & l’ovaire font doubles. Le diaphragme eft noir
par en haut, & blanc par en bas. On trouve quarante-trois vertèbres à
l’épine du dos.
Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Schulle, à Hambourg.
Platteifs & Scholle, dans plufieurs
endroits de l’Allemagne.
Roedfpætte, Schuller, en Danne-
ffiarc.
Hellebutt y Sondmoer-Kong, Vaar-
Guld, Flocnder-Slaeter, enNonvège.
Skalla, en Suède.
Karkole, en Islande.
Scholle, en Hollande;
Plaife, en Angleterre.
Plye ou Plie, en France.
Corne & Jeï, au Japon.
Bot ou Plie, aux îles Molucques.
Selon Mr. Deslandes, il y a un conte fort commun dans divers cantons
de l’Angleterre & de la France ; c’eft que la plie eft engendrée par la
chevrette ou cevrette a'), efpèce d’écréviffe de la grofleur du petit doigt
Pour remonter à l’origine de ce conte, cet auteur fit plufieurs expériences:
il mit plufieurs dë ces chevrettes dans un vafe plein d’eau de mer, qui
avoit. trois pieds de diamètre. Au bout de douze ou treize jours, il y
découvrit huit à dix petites plies, qui grofîirent peu à peu. Ayant effayé
plufieurs fois la même chofe, il vit toujours le même effet. Enfuite, au
a ) Cancer Squilla. L.