oeufs dans les embouchures des fleuves. Cependant, félon Arijlote, c'eft
le feul de tous les poiffons qui fraie trois fois par an & le plus tard a j. On
le prend dans des filets, des louves, des naffes, & à l’hameçon fur-tout,
en mettant pour appât une queue d’écréviffe.
Afin qu’il ne fe gâte pas quand on l’envoie dans les endroits éloignés,
on le fait bouillir dans de l’eau de mer aufiitôt qu’il eft pris; enfuite on le
faupoudre de farine; puis on l’entoure d’une pâte, afin d’empêcher l’air
d’y pénétrer b j.
Ce poilfon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Rohtbart, en Allemagne. Surmulet & Striped Surmulet, en
Petermoennchen & Goldecken, dans Angleterre,
le Holftein. Surmulet, Barbarin, Rouget barbé
Schmerbutten & Baguntken, près & Mulet barbé, en France.
d’Eckernfoerdc. . Rouget, à Marleille.
Mulle, Barbe, en Dannemarc. Triglia, en Italie.
Konigvandehaaring-, enHollande. Rouget barbé& Surmulet, àVénife.
Byenaneque & Baart - Mannetje, Tekyr, en Turquie,
aux îles Moluques hollandoifes. Ikan Tamar, à la Chine. .
Le foie eft rougeâtre, & la rate noire. La véficule du fiel eft periÉ*: &
l’eftomac rond. Le canal inteftinal eft court & entouré à fon commencement -
de vingt-fix appendices.
Ce qui a fait croire à Arijlote c) Pline d') & Ælieti e ) que ce
poiffon fraie trois fois dans l'année, vient fans doute des différens tems
de l’année où il fraie fuivant fon âge.
On raconte quelques fables au fujet de ce poiffon. Selon Athénée,
quand la mère du furmulet a produit trois fois,'il s’engendre des vers
dans fon corps, qui confirment la femence, & la rendent ftérilé. Il dit
aufli, que le vin dans lequel on a laiffé mourir ces poiffons, a la propriété
de rendre les hommes impuiffans & les femmes ftériles / ) . Diofcorides
dit que l’ufage trop fréquent de ce poiffon, affoiblit la vue & les nerfs, &
qu’attaché cru à quelque pairie du corps, il guérit la jaüniffe g).
Bellon h'), Rondelet & Salvien i) fe trompent en refufant les dents à
ce poiffon; & par conféquent Athénée ne mérite pas le reproche que ce
dernier lui fait, de lui. en avoir donné k j.
a) lab. J. cap. 9. ; \ ft) Ubl'T. i. lS f f l e
b) Rondelet. P. I. p. 219. g') De finipl. Jib. 3. c. 21.
c) Lib. 5. cap. 9. . A) Aquat. p. 193.
Les quatre raies jaunes que Linné a) & Artédi b') donnent comme
un caraftère diftinétif de ce poiffon, font une marque incertaine : car on
^¿remarque tantôt plus, tantôt moins. Aiiifi j’eh trouve cinq dans
le manufcript du père Plumier, & feulement deux dans Pennant c). Le
mien eft conforme au deflin de Salvien d'), qui n’a que trois raies.
Artédi remarque e') que Salvien eft le premier qui ait décrit cè poiffon.
Mais il fe trompe ; car Bellon J j a non feulement donné une defcription
exaéte, mais aufli un deffm.
Pline g'), Salvien, Willughby, Ray, Artédi, Linné & Klein parlent
de-deux eipèces de furmulets, dont l’une eft grande & l’autre petite, &
dont la première a aulfi des raies jaunes. Gronov, Brünniche & Pennant
croient que ces deux efpèces n’en font qu’une feule. Au milieu de ces
fentimens partagés, il n’y a qu’un naturalifte Italien qui pût nous apprendre
avec quelque certitude, s’il y a réellement deux eipèces, ou fi ces raies
jaunes ne font vifibles que lorfque le poiffon à atteint un certain âge; ou
bien fi celui qui eft rayé de jaune eft le mâle & l’autre la femelle. Car il
eft certain que dans les poiffons, comme dans les oifeaux, la couleur
des mâles eft ordinairement plus belle que celle des femelles.
Gronov rapporte fauffement à notre poiffon le barbus major de Ray lij.
Ce dernier n’appartient point du tout à cette claffe, mais à celle des
'cabliaux i j , comme on le voit par le deflin k j.
Mr. Boddaert a tort de faire de notre poiffon une eipèce de carpe /):
câr le furmulet a des dents, deux nageoires au dos, & les nageoires
Ventrales font placées à la poitrine.
a) S. N. p. 496.
b~) Gen. p. 43. n. 1.
c ) B. Z. HE. p. <175
d) Aquat. p. a3<S. b
e) Syn. p. 7a.
f ) Aquat. p. 176.
g ) Hift. Nat. Iib. 9. c. 17.
A) Zooph. p. 85-
i ) Le Merlu barbu, Gadus Lufcus. L.
A) Ray. Syn. p. 164. Pl. a. fig. 7..
I ) RenardHift. des Poifll Tom. I. p. 9.