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voyage beaucoup plus long que le hareng ; car on le trouve même en
Égypte, au Japon & à Surinam, de même que dans toutes les îles
feptentrionales & méridionales de l’Europe. 11 feroit fuperilu de m’arrêter
à réfuter cette opinion, on peut appliquer ici prefque tout ce que j’ai dit
fur les longs voyages du hareng.
La pèche des maquereaux fait chez différens peuples un objet
confidérable. En Juin & Août les marchers de Hollande font pleins de ce
poilfon, & pendant tout l’Été on les trouve dans ceux d’Angleterre, mais
fur-tout en Juin qui ell le tems du frai. Comme le maquereau eft gros &
qu’il fe corrompt aifément, c’eft le feul poilfon qu’il foit permis de vendre
dans ce pays publiquement les jours de fête. En Norvège,s|§ paroît en
quantité aü printems, au grand déplaiflr des pêcheurs ;> car il pourfuit le
hareng avec acharnement. Comme les maquereaux paroilfent en grandes
troupes, & qu’ils vont d’une baie à l'autre, ils épouvantent fouvent ces
poiffons, & on en prend plufieurs avec ceux-ci a). Le maquereau eft
un poilfon vorace qui fe jette fur tout ce qu’il rencontre, & qui, à ce qu’on
dit, n’épargne pas même les hommes,, Pontoppidan raconte qu’un matelot
qui fe baignoit dans le port de Larcule en Norvège, vit difparoître tout
d’un coup un de fes camarades qui nageoit, & quelques minutes après il
le vit reparoître mort, le corps déchiré & couvert d’une quantité de
maquereaux acharnés fur lui ¿). M. D a n facteur de la cour, m’a affuré
que pendant fon féjour en .Norvège, on avoit péché deux malheureux,
dans le corps defquels on avoit trouvé des maquereaux.
Les maquereaux de la Baltique & de la Méditerrannée font plus petits
que ceux de la mer du Nord. Dans les premières il n’a jamais guère plus
d’un pied de long, & il ne pèfe pas plus d’une livré c), mais dans la mer
du Nord on en trouve de deux pieds; & à ce qu’allure M. Pennant il n’y
a pas longtems qu’on en a péché un en Angleterre qui pefoit cinq livres d~).
Ce poilfon fraie en Juin, & dépofe fes oeufs entre les pierres du ¿rivage. Il
multiplie beaucoup, & rend une lumière phofphorique lorfqu’il n’y a pas
longtems qu’il eft forti de la mer e).,Il n’a point du tout la vie dure. Non
feulement il meurt bientôt après être forti de l’eau ; , mais même il meurt
dans l’eau lorfqu’il s’avance avec trop de vivacité contre le filet. On le
prend avec des filets; mais fur-tout à l’hameçon dormant, auquel on
attaché
a) Pontop. Natiirl. Hiftor. von Norv. Tom. II. ne fauroit s’imaginer qu’un poiilon fi petit, ofeatta-
p. 256. quer un homme vivant. _
b~) Apparemment que ce matelot eft péri, en c ) Bomare Did. Tom. VI. p. 510.
nageant & que les maquereaux fe font jettés fur d) Britt. Zool. III. p. 165.
lui lorfqu'il étoit fur le point de mourir. Car on e) Schwed.. Abhandlung. Tom. VIII. p. 62.
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attache pour appât des petits harengs, ou du hareng gâté,' des morceaux
d’autre poilfon ou de viande. Sur les côtes occidentales de l’Angleterre,
on le pêche de la manière fuivante : Les pêcheurs fichent un pieu dans le
fable, non loin du bord; ils y attachent le bout d’un filet, dont l’autre
bout tient au bateau; enfuite ils s’éloignent du pieu aufli loin que le
permet la longueur du filet, & forment avec le filet un cercle vers le
bord. A un certain fignal, on retire le filet. Il arrive affez fouvent que
l’on prend de cette manière quatre à cinq cents poiffons d’un coup a').
La pêche eft fur-tout favorable, lorfqu’il fait un vent frais & fort; que Ion
appelle par cette raifon en Angleterre, le vent des maquereaux ¿).
Les habitans dé Ste. Croix le prennent d’une manière différente, mais
auffi avantageufe : Dès que la nuit commence, & que la mer eft aûffi
calme qu’ils, le défirent, ils fe muniffent de flambeaux, & fe difperfent lur ,
des bateaux dans toute la rade, fur un efpace d’un mille. Quand ils font
arrivés à l’endroit où ils penfent qu’il y a beaucoup de poiffons, ils font
arrêter les bateaux, & ils tiennent leurs flambeaux au-deffus de la furface
de la mer, de manière qu’ils ne les éblouiffent point. Dès quils remarquent
que lés poiffons commencent à fe jouer fur l’eaii, ils jettent promptement
leurs filets, & les vident dans leurs bateaux c). Les Islandbis.méprifent ce
poilfon, & ne fe donnent pas la peiné de le prendre d').
Le maquereau a une chair de bon goût, fur-tout quand on le mange
en fortant de l’eau. Mais comme fa chair eft graffe, & par conféquent
difficile à digérer, on ne fauroit en confeiller l’ufage aux perfonnes foibles
& valétudinaires. En Italie, on le marine; en Norvège & en Angleterre,
onlefale. Dans ce dernier pays, on le fale dé deux manières: après l’avoir
vidé, on le remplit de fel, on le lie, & on le met en paquet dans des
tonnes, avec un lit de fel & un lit de poilfon alternativement; ou bien,
on le met dans de la faumurë, où on le laiffe jufqu’à ce qu’il en foit
fuffifamment imprégné; enfuite on le met dans des tonnes en paquet, de
la manière que nous venons de dire. Un paffage de Columelle & de Pline.
nous prouvent que cette manière de le préparer eft très - ancienne, &
qu’elle a été connue des Romains e). EnÉcoffe, on le prépare comme
le hareng, & on choifit pour cela les plus gros, qui font les meilleurs / ) .
C’eft avec ce poilfon que les Romains compofoient leur fameux garum g).
On eftimoit fur-tout celui de Carthagène, où Strabon nous affure que l’on
a) Arr. o f Angling. p. 236. f ') Bomare à l’article maquereau.
¿)-Mackrel gale. Penn. B. Z. HL p. 165. g ) Cette fauce e'toit fort eftime'e chez eux,
c ) Adanfon. Reife.nach Sénégal, p. 9. comme on le voit dans le Martial, lib. 13. v. 81. Il
d) Anderjon. — — Island. p. 103. y eft dit: Nobile nuncjîtio luxuriofa garum.
e) Plin. 'N. H. lib. 31. c. 8*
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