Les deux mâchoires font armées d’une rangée de petites dents. Le palais
eft rude; la langue lifte, large & mince. Les yeux font grands, & ont
une prunelle noire, entourée d’un iris argentin tirant fur le rouge. Par
derrière, les yeux font recouverts d’une peau prefqu’à moitié. La tête,
les côtés & le ventre font argentins. Le front & le dos font d’un verd
bleu. Le dos eft tranchant, & a un fil!on deftiné à recevoir la première
nageoire. L’opercule des ouïes confifte en deux lames, dont la fupérieure
a une tache noire. La membrane des ouïes eft pofée fous l’opercule, &
l’ouverture des ouïes eft large. La ligne latérale forme une courbure vers
le ventre à la fin de la nageoire de la poitrine ; puis , va en ligne droite ;
elle eft garnie de foixante-huit boucliers pofés les uns fur les autres
comme les tuiles d’un toît, & dont chacun eft garni au milieu d’une pointe
courbée vers la queue. Cette ligne latérale avance beaucoup vers la queue,
& la rend par conféquent quarrée. Le tronc eft couvert d’écailles minces)
rondes & molles. On en remarque aufli de femblables fous les boucliers.
Toutes les nageoires font blanches; il n’y a que les premiers rayons de la
fécondé nageoire du dos qui foient noirs, . Les rayons dè la'ipremiôre
nageoire dorfale font à piquants; le premier eft le plus court & arqué en
avant. Les autres rayons font mous, excepté les deux premiers dé la
nageoire de l’anus qui font piquants. La nageoire de la queue eft en forme
de croiffant, comme dans les précédents.
Dans les environs de K iel, ce poiffon ne devient pas plus long que
la main a). En Angleterre, il a ordinairement un pied, & deux dans la
Méditerranée b').
Le maquereau bâtard vit dans la mer dü Nord, dans la Baltique &
dans la Méditerranée. On le trouve aufli dans les eaux de l’Orient & dans
celles de l’Amérique. Les anciens naturafiffes' font tous mention de ce
poiffon; mais Bdlon eft le premier qui l’ait décrit clairement & qui l’ait
fait graver en bois c). Après lui, Rondelet d) & Salvien e) Font aufli
décrit & repréfenté; mais le deflin du dernier n’elt pas.exact, en ce que
le dos y eft repréfenté avec trois nageoires.
Le maquereau bâtard eft un poiffon carnacier. Willtigbhy f ) a trouvé
dans fon eftomac le lançon g ). Ce poiffon eft aufli un de ceux qui, au
printems, paroiffent en grandes troupes vers les bords de la mer. Voilà
pourquoi Oppian l’a rangé parmi les poiffons de mer h). Comme il fraie
a) Schonev. Ichth. p. 7a. e ) Aquat. p. 78* b.
b) Rondel. Hift. des PoiC P. Í. p. 190., /") Ichth. p. 0.9c.
c ) Aquat. p. 191.’ g") Ammodytes Tobianus. Ld)
Hift. des Poiff P. L p. 90. A) Haliet. Jib. I. v. 103,
._ / > ■ M A Q U E R E A U V B A ? A R B . y y
en même tems que les maquereaux, on en prend en même tems avec ces
derniers, au filet & à l’hameçon.
La chah de ce poiffon n’eft pas fi tendre ni fi graffe, que celle du
maquereau. Galien prétend qu’elle eft difficile à digérer cl) . Cependant à
Kiel, où on le prend au printems, il paffe pour un morceau délicat b).
En Italie, on ne l’eftime pas. A Rome, on le vend parmi d’autres petits
poiffons fous le nom de friture c). La plus grande partie fe fale comme le
hareng; & en Angleterre, on lui donne, à caufe de fon bon gout, le nom
de mère d’anchois d).
Le foie ¡du maquereau bâtard eft petit, & confif§e; en deux lobes
çle différente grandeur. La rate eft noire & oblongue. L eftomac, eft
triangulaire, & le canal inteftinal a deux finuofités & douze à treize
appendices. La véficule aérienne eft placée le long du dos.
Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Stæcker, Müfeken, dans les envi- Saürôu, à Vénife.
rons de la Baltique. , Suaro,^Éltoine.
Stoikker, en Dannemare. Sou, à Gênes.
Pur, en Norvège. Savrella, à l’île de Malthe.
Horsmakrill, en Suède.. • ' * Staurit-Balük, en^vaquie.
Marsbancker, en Hollande. Ara, au Japon.
Scad, en Angleterre. Curvata pinima, au Bréfil.
Horfemakrel, à Londres. Bointo, parmi les Portugais du
Maquereau bâtard, en France. Bréfil.
Suvereou & Macfaeo, àMarfeille, Bonite, aux Antilles.
Saurel & Sieurel, à Montpellier.
Bellon e ), Rondelet / ) , Salvien g '), Aldrovand h) & Jonjlon t) ont
tort de refufer les écailles à ce poiffon.
Willughby eft le premier qui les a obfervées k).
Aldrovand le décrit d’après Rondelet, dont il a aufli copié le deflin l);
mais dans la fuite il en décrit un qu’il a vu & fait defliner lui-même m).
Mais on voit clairement par fa defeription & fon deflin, qui offre une
ligne latérale droite & unie, & trois nageoires dorfales, qu’il avoit fous
les yeux un poiffon tout différent du nôtre.
a) De Aliment CMC H. p. ;o. g) A<pfc. p, 79-
' A) DePifc. p. ni?.
c ) Salv. Aquat. p. 79. m p -95-
d ) Çharlet. Onom. p. 143* ^ Ichth. p. 168-
e) Aquat. p. 190. ‘ /) de Pifc. p. 235