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éminences du côté fupérieur font beaucoup plus greffes que celles de
l’inférieur : les unes & les autres font couvertes d’écailles minces. La tête
eft large & rude au toucher comme lé tronc, à caufe des éminences qui
la îendent inégale. Les yeux font grands, ont une prunelle d’un verd de
mer, entourée d un iris brun. L’ouverture des ouïes eft large. La mâchoire
inférieure avance, & l’une & l’autre font armées de plufleurs rangées de
petites dents. Les nageoires font jaunâtres, parfemées de taches & de
points noirs. La ligne latérale, après avoir formé un arc à la poitrine,
divife le corps en deux parties égales, & ria point d’éminences.
Nous trouvons ce poilfon non feulement dans la mer du Nord & la
Baltique, mais auffi dans la Méditerrannée. D parvient à une groffeur
très-conüdérable. Rondelet en a vus qui avoient cinq aunes de long,
quatie de large & un pied d’épaiffeur a). En Angleterre, on en prend qui
pèfent vingt à trente livres b). La pêche de ce poiffon eft fi confidérable
dans ce pays, quon en apporte annuellement aux marchés de Londres
plus de trente mille livres c),
On piend ce poiffon comme les précédens; mais for-tout avec
lhameçon de fond. En Suède, on fe fort du hareng pour appât, <!\ en
Angleteue de légrefin & du hareng coupés en petits morceaux : ce font
les poiffons qu’il aime le mieux. Cependant, comme ce poiffon eft fort
difficile dans le choix de fa nourriture, & qu’il ne mord pas à toute forte
d appât, fur-tout quand il y a douze heures que le poiffon eft' mort, on
prend poui cela des poiffons vivans, & for-tout des petites lamproies d f
qui ont la vie très-dure. Pour cet effet, les pêcheurs d’Angleterre achètent
tous les ans aux pêcheurs hollandois pour plus de fept cents livres fterlings
de lamproies, e). Pour pêcher ce poiffon, les Anglois prennent un canot,
où ils fe mettent trois. La ligne dont ils fe fervent, a trois milles angloifes
de long; & chaque pêcheur a trois lignes de cette elpèce : ils y attachent
à une certaine diltance d’environ fix pieds deux pouces, un crochet, par
le moyen dune ficelle de crin: de forte qu’un tel canot jette dans la mer
deux mille cinq cents & vingt crochets de cette efpôee. Ils attachent un
plomb à la corde, de la ligne, afin de l’affujettir au fond,- & y attachent
auffi des morceaux de liège, afin de pouvoir la retrouver quand ils
veulent. Comme le flux & reflux change toutes les fix heures fur les côtes
d Angleterre, les pêcheurs doivent fe régler en conféquencé pour jetter &
lever leurs lignes.
i l i i I -Le *0 Hüt des PoiÆ P. I. p. 147, d) Petromyzon fluviatilis. L.
1 9 z-H P- 233. . tYPmn. B. Z. III. p. 237.
Le turbot a la chair ferme & de bon goût. On le prépare comme la
plie. Il habite les profondeurs de la mer comme les autres poiffons de fon
genre, fi a une membrane clignatante, qui lui fort, comme aux autres
efpèces, à empêcher, pendant les tempêtes, le fable'de lui faire du mal.
Il eft du nombre des poiffons voraces, & vit fur-tout d’infeétes & de vers.
Les inteftins font comme ceux de la barbue.
Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme :
Steinbutt, dans nos contrées. Tarloth, en Hollande.
Botte & Steinbotte, en Pruffe. Turbot & Breet, en Angleterre.
Pigvar,' Tonne & Steenbut, en Turbot, en France.
Daimemarc. Bertonneau, en Normandie.
Vrang Flônder, Skrabe-Flyrider, Rombi afpri, en Sardaigne.
en Norvège. Turbot, à Surinam.
Butta, en Suède.
Willughby a ) , Ray b~) & Pennant c) refufent les écailles à ce
poiffon; mais il faut qu’ils ne les ayent. pas remarquées, parce qu’elles
font tendres & enfoncées dans la peau. Les deux premiers rapportent
notre poiffon fous deux noms différens : une fois fous celui de rhombe à
pointes d~), & l’autre fous celui de grand rhombe e~).
Klein l’a auffi décrit comme deux elpèces différentes f ) . Il cite
fauffement ici le moineau de mer A'Artédi g').
Jonflon & Ruyfch ont fait auffi deux efpèces différentes de ce poiffon K).
Bellon eft le premier qui l’ait décrit, & le repréfente fauffement avec
les yeux à droite z). C’eft ce que font auffi fes focceffeurs Rondelet F)
Gejher /) & Ruyfch m).
Willughby l’a repréfenté une fois avec les yeux à droite, & une autre
fois à gauche n).
:Fifcher rapporte à notre poiffon la troifième elpèce de Klein 0); mais
comme ce dernier eft repréfenté avec la ligne latérale droite, ce n’eft point
notre poiffon, mais plutôt le foivant.
il) Ichtli. p. 94. tab. B. 2. . hy Cicbarus & Rhombtis aculeaciis.
£) Syn. Pifc. p. 31. n. 4. I ) Atjuât. p. 139': 14D.
c) B. Z. III. p. 133. n. 109. k) Hift. des P oiil P. I.ap.- 345.
d) Rhombiis aculeatus. , Z) Aquat. p. 66l-lcon. An. p.59. Thierb. pi Jo.
e) ------ maxiraus r.or. aculeafas. * ’ * * ‘ bi) Tab. 30. üg. 15. rab. a i. îîg. 12.
f ) MiC Pife IV. 'p.;34- «• I. & 35- «• «• n) Tab: f . 8- £g. 3. tab. F. 2.
g ) Tab. | . fig. 1. tab. 9. fig. 1. o;) Liefl. p. 117. n. idd, ,.
Part. II. 0