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Selon Richter, le thon étoit chez les anciens l’image de la fidélité
conjugale, & on en mangeoit ordinairement aux nôces a). Les Grecs
l’avoient confacré à Diane.
Le foie de ce poifîbn eft gros, rougeâtre, & confifte en trois lobes. La
rate eft d’un bleu foncé; lefophage large & garni de larges plis. L’eftomac
eft allongé. De fa partie fupérieure naît le canal inteftinal; & à une petite
diftance de l’eftomac, on trouve deux appendices, dont chacun fe divife
en deux branches, qui fe partagent encore en plufieurs rameaux; de forte
qu’à la fin on compte feize extrémités. Le canal inteftinal n’a que trois
finuofités; mais ce qui paroît fur-tout remarquable à l’égard des entrailles,
c’eft la véficule du fiel, qui eft aufli longue que la cavité du ventre, &
attachée au canal inteftinal.
Ce jpoiffon eft connu fous différens noms. On lé nomme :
Thun, ou Thunfifth, en AUe- Mè^o-Tonno, quand il n’en pèfe
magne. ' que trois,cents,; ,
Springer, à Heiligeland. Tonni Golfitani , ceux qui vieri-
Tanteie, en Dannemarc. nent dans les golfes;
MakrdL - Stoerie, en Norvège & Tonni Cor fa , ceux qui relient
en Laponie. .dans la mer. '
Thonyn, en Hollande. Albacore, en F.fpagiie.
Tunnyf en Angleterre. Abbacor, aux îles Canaries.
Thon, en France. , Cavala, en Portugal.
Chicora, quand il n’a qu’un an. Gérémon, aux Antilles.
Thonno, en Italie. Talling, aux Maldives.
Scampirro, en Sardaigne, quand Itton, à l’île de Malthe.
il fie pèfe pas quatre cents livres; Guarapuca, au Bréfil.
Ariftote prend fauffement le cordyle b') pour le thon quand il >n’a que
fix mois, & le bonnet c) pour un thon plus âgé. D a communiqué fon
erreur non feulement aux Grecs & aux Romains; mais encore à différens
auteurs allemands, tels que Jonfton d') & Aldrovand e).
Bellon eft le premier qui obferva que le bonnet diffère du jeune thop
par les raies noires qui manquent à celui-ci/’) ; & Scaliger confirma
cette opinion par l’expérience des pêcheurs de Marfeille, qui l’affurèrenjt
qu’une pêlamite ne devenoit jamais un thon g'). Willughby a donc raifon
a) Ichth. p. 5131 e ) ------------p*«8° 7*
b") Scoraber Côrdyla. L> f ) Aquat. p. 106. .
c | > ------ Pelamis. L. g1) WiUugJib. Ichth. p. 404.
d ) De Pifc. p. ia.
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de féparer ces deux poiffons a). Ray a fuivi fon exemple b'). Une chofe
étonnante-; c’eft que le pénétrant Artédï, qui' d’ailleurs a coutume de
fuivre- Willughby, ait regardé le bonnet comme un jeune thon, Ta le
cordyle comme une variété du même poiffon c). Ces deux poiffons
diffèrent du thon non feulement par leur groffeur qui eft moindre, & par
la différence du nombre des rayons & des fauffes nageoires, mais auffi
parce que le bonnet a des raies noires & le cordyle a des boucliers fur une
partie de la ligne latérale.
Ariftote fe trompe en croyant que le thon croît fi promptement, qu’on
peut le voir grofiir tous les jours à vue d’oeil d"). Il fe trompe aufli
quand il dit qu’il ne vit que deux ans. Cette dernière erreur eft d’autant
plus frappante, que la groffeur prodigieufe du thon ne devoit pas être
inconnnue à cet auteur e). Il fait encore une autre faute, en difant que
ce poiffon s’accouple en Février/) & ne pond fes oeufs qu’en Juin. Il lui
refufe aufli les écailles g).
Galenus A) & d’autres auteurs Grecs regardent le thon comme une
jeune baleine ; & Bellon eft de leur avis i ). Ce dernier conclut même
de-là, qu’il y a parmi les animaux marins, de même que parmi les
quadrupèdes, des vivipares & des ovipares.
Ariftote fe trompe encore A), & Pline /) après lui, lorfqu’ils difent
que le mâle n’a point de fauffe nageoire. Rondelet a détruit ce fentiment par
fes obfervations m); mais il eft tombé dans une autre erreur, en foutenant
fans raifon folide, que les mâles ont la nageoire de l’anus entière, & que
chez les femelles1 elle eft partagée, afin qu’elles puiffent procéder plus
librement à l’oeuvre de la propagation.
Athénée 72 ) & Softrate o) fe trompent quand ils croyent que notre
poiffon quand il eft petit devient pelamys, thon quand il eft plus gros,
orcynus quand il l’eft davantage, & baleine quand il eft parvenu à toute
fa groffeur.
Gronov fe trompe en prenant pour un thon le maquereau qu’il décrit
dans fon Zoophylacium N°. 305 ; car ce poiffon n’a que fix rayons à la
première nageoire du dos, les nageoires peétorales font plus courtes, &
la nageoire de l’anus eft garnie de deux piquants : caraétères qu’on ne
a) Au lieu cité. p. 176. 18
à) Syn. Pifç. p. 37. n. 1.
c) Synon. p. 50. var. (3.
d) Lib. 6. cap. 17.
c) — 8- — 3°*
M tf. - 17.
g') — a — 13.
h) De Alim. Clalïi II. p. gi.
i ) Aquat. p. 105.
k ) Lib. 5. cap. 9./ - '
1 ) 3 ■ §9 m) De Pife. P. I. p. 146.
n) Lib. 7¿ cap. 9. p. 151.
o) JVillughb. Ichth. p. 177.