petite bulle claire, autour de laquelle on voit le jaune qui eft entouré
du blanc. ’ Dans une perche de deux livres trois quarts, l’ovaire entier
pefoit fept onces, & contenoit deux cents cinquante-huit mille & huit
cents oeufs. Selon le calcul de Harmers, une perche d’une demi-livre
avoit 281,000 oeufs a ) : nombre immenfe, mais néceffaire pour la
confervation de l’efpèce, fans ceffe expofée à la voracité de plufieurs
habitans des eaux, & dont les oeufs font fouvent perdus, difperfés par les
tempêtes, ou deviennent la proie des oifeaux aquatiques. Ajoutez à cela,
que le mâle ne peut jamais féconder tous les oeufs : car il y en a qui
s’attachent les uns aux autres par le moyen de la matière gluante dont
ils font couverts ; ' & ceux qui font en deffous relient infécondés. La
perche fraie comme le brochet, dès la troifième année; & vers ce tems,
quand l’occafion s’en préfente, elle paie des lacs dans les ruiffeaux &
les rivières.
Elle nage avec autant de rapidité que le brochet, & refte à une certaine
hauteur : ce qu’il faut obferver quand on veut faire une pêche heureufe;
de ce poilTon à l’hameçon. D’ailleurs, c’eft un poiffon vorâce; mais;
comme il ne parvient jamais à une groffeur confidérable, il ne s’attaque
point aux gros poiffons, mais feulement aux petites efpèces ou aux petits
des grandes. Quand il fait chaud, la perche vient auffi fur la furface de'
l’eau, pour attrapper des coufins. Comme le brochet, elle n’épargne pas
fa propre efpèce; mais elle n’eft pas fi prévoyante que ce premier dans fa
chalfe. Le brochet ne fe jette fur la perche & la petite perche que faute
d’autre nourriture; parce qu’il redoute leurs écailles pointues;; mais il ne
s’attaque jamais â l’épinoche bfi La perche aü contraire, eft fi vor'acef
qu’elle fe jette fur tout ce qu’elle peut attrapper, & perd quelquefois la
vie en voulant faifir fa proie. jiL’épinoche dès qu’elle eft prife, fe demènè
comme les autres poiffons, enfonce fes pointes dans la bouche de la-
perche , qui eft obligée de mourir de faim. Lorfque les pêcheurs là
prennent dans cet état, ils tirent l’épinoche de fa bouche, & rejettent W
perche dans l’eau, parce qu’alors elle eft très-maigre. Cependant elle
perd la faculté de pouvoir refermer la bouche : car quand on la reprend,
on lui retrouve toujours la bouche ouverte.
On prend la perche de plufieurs manières différentes : favoir, avec les
hameçons, les filets; en hiver, au coleret, & dans le tems du frai, avec
un filet ou tramail particulier, connu fous le nom de filet à perches;
L’hameçon eft l’inftrument le plus commode & le plus favorable pour la
prendre,
il) Krünit{, Encyclop. Tom. XIII. p. 448* ^ ) Gafterofteus aculeatus. L.
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prendre.. On met pour appât un petit poiffon, un ver de terre, ou une
patte d’écréviffe. Il y a une chofe à remarquer dans la pêche de la perche
au filet: dès qu’elle y eft entrée, elle nage fur le dos, & paroît morte;
puis elle revient bientôt Peut-être cela vient-il du coup qu’elle fe donne
contre le filet dans fa courfe rapide, qui lui caufe un étourdiffement.
La perche eft auffi fujette à prendre fous la glace une maladie
particulière a). Son corps eft enflé; & alors quand on la pêche dans les
lacs profonds, on voit une efpèce de veffie cunéiforme qui lui fort de la
bouche ; mais quand on la tire d’un lac peu profond||on trouve cette
même veffie au nombril. J’ai examiné quelques perches de cette efpèce,
que l’on avoit pêchées parmi des marènes dans le lac Madui; & cette
veffie n’étoit autre chofe que la peau de la bouche qui étoit fortie. Ainfi
les pêcheurs fe trompent en penfant que la véflcule aérienne leur fort du
corps : car ces poiffons n’ont point proprement de véficule aérienne; mais
au lieu de cela, ils ont utte peau tendre qui va depuis un côté des côtes
jufqu’à l’autre. Dans le tems du frai, on les prend dans des naffes & des
louves, en mettant dans les gorges des branches de pin, ou de la bruyère,
qu’elles cherchent alors pour s’y frotter.
>j .Eqsperche a la chair blanche, ferme & de bon goût; & comme .elle
n’eft point graffe, elle fournit auffi une bonne nourriture aux perfonnes
foibles. Voilà pourquoi les Romains eftimoient auffi beaucoup la perche ¿).
Avec la peau de ce poiffon, on prépare, une colle qui furpaffe de
beaucoup celle des autres poiffons. Les Laponois s’en fervent pour coler
leurs arcs, qu’ils font de bouleau ou d’épine, & leur donnent par ce
moyen beaucoup de durée. Comme cette colle eft d un grand ufage
économique, il ne fera pas inutile de due ici la manière dont on la
prépare, fur-tout parce qu’il y a des cas où l’on ne trouve pas à vendre la
perche, tels qu’en Été, quand l’endroit de la pêche eft éloigné des villes,
ou quand la foudre eft tombée dans le lac ; ce qui les rend malades &
les fait périr. Dans ces deux cas, on peut employer la perche à faire de
la colle. Les Lappons la font de la manière fuivante : Ils ôtent la peau
des groffes perches, la fèchent; puis la ramolliffent dans l’eau froide, de
manière qu’on puiffe détacher les écailles. Ils prennent ordinairement
quatre à cinq de ces peaux de perches à la fois, les mettent dans une
veffie de rhêne, ou les enveloppent dans une écorce de bouleau, afin
qu’elles ne touchent pas immédiatement à l’eau. Ils mettent ces peaux
a ) T ym p a n i t is ."V ~ ' Ne te deÜciasmenfarwn Perça JÛebo,
b ) Voici ce qu'Auront dit de ce poiffon dans Amnigenos inter pifees dignatt mariais.
fon Eleg. MofcL vers 115.
Part. I I . I '