A R G U M E N T .
L ’Apôtre S aint Paul étant à Rome dans la captivité et dans les liens,
se trouvant presque seul et abandonné par les disciples , ou parce que
quelques-uns étoient retournés dans le siècle, ou parce qu’ils avoient été obligés
de le quitter pour vaquer aux travaux apostoliques ; il écrivit cette lettre à son
disciple Timothée , pour l’engager à le Venir trouver avec Marc, avant l’hiver,
et à lui apporter un manteau, ses livres, et ses papiers ; et dans cette lettre il
l’invite à venir en diligence, parce qu’il est sur le point d’achever sa course, et
d’être immolé par le martyre. Il prédit à ce disciple les diverses hérésies qui
troubleront l’Eglise, les persécutions dont elle sera affligée, et l’exhorte à
soutenir avec zèle et avec intrépidité les travaux apostoliques , à prêcher
l’Evangile, malgré la résistance des hommes, à persévérer dans la foi qu’il a
reçue de ses ayeux, et à correspondre à la bonne éducation qu’il a eue dans
sa jeunesse, à s’attacher de plus en plus à la lecture et à la méditation de
l’Ecriture, à conserver le dépôt de la foi qui lui a été confié, à fuir les faux
docteurs, et sur-tout Phigelle, Hermogène, Alexandre, Hyménée et Philète ,
et il se loue beaucoup de la charité d’Onésiphore qui l’est venu trouver à Rome
dans ses liens.
Cette lettre est écrite de Rome pendant la captivité de Cet Apôtre, comme
il paroît par les versets 8, 12, i6, chap. 1 , v. 9 , iô et i<j,chap. 2, etv. 6,
7 et 8 , chap. 4 ; elle fut portée par Tychique à Timothée qui étoit à Ephèse,
chap. 4, v. 12, selon la plus commune opinion, non pas dans la première ,
mais dans la seconde et dernière captivité de l’Apôtre. Les preuves qui appuient
ce sentiment sont, 1 . Qu aux v. 6, y et 8 , du chap. 4 , l’Apôtre y parle clairement
de sa mort prochaine ; 20. De ce que l’Apôtre s’applique à décrire à'
Timothée les circonstances de sa prison, comme en étant absent ; ce qui ne
convient point à la première prison, puisque Timothée y étoit présent et'
captif avec lui ; ( Voyez la lettre aux Colossiens, celle à Philémon, et celle
aux Hébreux. ) 3°. De ce qu’il se plaint d'avoir été abandonné de tous,
quoiqu’il ait toujours eu dans sa première prison, non seulement Timothée
mais aussi Aristarque et Epaphras, comme il paroît par les Epîtres que l’on
vient de citer ; 4°* chap. 4 , v. 20, il dit qu’en partant de Corinthe, il a laissé
Eraste ; qu’en passant à Milet, il a laissé Trophime malade. Or, tous ces faits ne
sauroient convenir à sa première prison ; car il est dit, Act. 20, v. 2,4 e t 5 f
que Trophime, et plusieurs autres qui avoient accompagné l’Apôtre en Grèce,
allèrent l’attendre à Troade 3 il ne laissa donc point Trophime malade à