A R G UM E N T .
A R G U M E N T .
Q uoique cette Epître ne porte ni le nom de son auteur, ni salut, ni
souscription, on n’a jamais douté qu’elle ne fût de l’apôtre Saint Jean ,
surnommé I’Évangéliste. Le style et le caractère désignent assez qu’il en est
l’auteur : ce qu’il dit du Verbe, approche fort du premier chapitre de son
Evangile, et le titre de petits enfans, qu’il donne fréquemment à ceux à qui
il écrit, marque l’autorité que lui donnoit son grand âge ; le soin qu’il a de les
avertir souvent de s aimer les uns les autres , convient à ce qui est rapporté de
lui par saint Jérôme , qu’étant dans une extrême vieillesse, il ne disoit autre
chose dans les assemblées des fidèles, sinon, Mes petits enfans, aimez-vous
les uns les autres; et en effet, c’est ce qu’il répète plus de dix-huit fois dans
cette lettre. Il paroît qu’il l ’adresse aux Juifs et aux Gentils nouveaux convertis
à la foi de Jésus-Christ, Saint Augustin suppose quelle a été écrite auxParthe9
c ’est-à-dire aux fidèles répandus dans fancien empire des Perses. ( Voy. liv. 2,
qu. Ev. qu. 3q ,/z. 1 , p: 266, tom. 5 , part. 2 , et son Commentaire sur l ’Epître
aux Galates, ibid. n. 40, p. 966 ; et Possidius, in indicul. cap. 9. ) On ne sait
point absolument le temps ni le heu où il l’écrivit; mais la plus commune opinion
est que <?a été à Ephèse, sur la fin de sa vie ., étant revenu de son exil de Pile
de Patmos, l’an ioi de hère vulgaire, la soixante-sept, ou soixante-huitième
année après la mort de Jésus-Christ ; ce que l ’on appuie sur diverses conjectures
, sur ce qu’il dit du bruit que l’on répandoit que le jugement étoit proche >
.chap. 2, v. 18, .et 19 ; sur ce qu’il y combat diverses hérésies qui n’ont paru
que vers ce temps-là, celle d’Ebion, de Cérinthe, et de Basilides, qui nioient la
divinité de Jésus-Christ, quil fût Fils de Dieu. ( Voyez chap. 2, v. 18, 19,22
et suiv.f et chap. 4, -u. 2 et Z)', et qu’il se fût véritablement revêtu de notre
chair. ( Voyez chap,. 1, v. 1, chap. 4, v. 14 et i5 , chap. 5 , v. 1 , 5 , 10
et suivons) ; et c’est contre ces hérétiques qu’il établit par-tout la nécessité de
la foi en la divinité de Jésus-Christ, en sa filiation divine, et en son Incarnation.
Cet Apôtre en tout cela a gardé peu d’ordre ; ce n’est proprement qu’un, épanchement
de coeur par lequel il fait connoître le zèle ardent qu’il avoit pour le
salut de ses frères, et malgré ses interruptions fréquentes, on ne laisse pas
d’appercevoir un enchaînement et une liaison suivis dans ses principes. Cette
Epître a été mise dans les anciens catalogues au nombre des Ecritures généralement
reçues de toutes les églises .chrétiennes. ( Voyez Eusèbe, lib. 3 ,
Hist. cap. 18 et 19, et lib. y , oap. 20), où il cite l’autorité de saint Denis
d’Alexandrie, saint Cyrille de Jérusalem, Cateches. 4» ( Voyez les conciles
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