A R G U M E N T .
L'apôtre Saint P aul ayant appris,en Macédoine, par le retour de Tite,
son disciple, qu’il avoit envoyé à Corinthe pour s’informer du succès de sa
première lettre , que les fidèles de cette ville avoient un désir ardent de le
revoir ; qu’ils avoient eu toute l’obéissance qu’ils dévoient à ses avis ; qu’en conséquence
ils avoient retranché de leur communion l ’incestueux qui avoit
scandalisé leur église ; qu’enfinils étoient très-bien disposés à soulager par
leurs aumônes les pauvres de Jérusalem qu’il leur avoit recommandés, crut
qu’il étoit à propos de leur efl témoigner sa joie, n’espérant pas de les aller
voir sitôt. C’est ce qu’il fait par cette lettre, dans laquelle il s’excuse d’abord
de ne les avoir pas encore été voir, sur les travaux et les persécutions qu’il a eu
à souffrir dans l’Asie, et sur l’appréhension où il étoit que sa présence n’attristât
quelqu’un d’eux par les réprimandes qu’il auroit été obligé de leur faire : il les
invite à user de quelque indulgence à l’égard de cet incestueux, de crainte de
le jeter dans le désespoir et dans l’apostasie ; il réfute sommairement les
reproches et les calomnies que quelques-uns de leurs faux docteurs faisoient
contre lui; et il oppose aux vaines louanges qu’ils se donnoient, ses travaux
apostoliques, ses souffrances et ses révélations : enfin, il les avertit de bannir
d’entr’eux les divisions et les querelles, et de travailler par leur bonne conduite
à ne pas i’obliger, lorsqu’il les ira voir, d’agir avec eux dans toute la rigueur.
Cette lettre est écrite en grec, au nom de saint Paul et de celui de Timothée j
que cet Apôtre avoit retrouvé en Macédoine ; et elle est adressée non simplement
à l’église de Corinthe, mais à tous les fidèles de la province d’Àchaïe. Il
paroît que cet Apôtre a écrit cette lettre en Macédoine , après être sorti de
Troade. [Voyez chap. a, v. 12 et i3 , chap. 7,-2;. Ô, i 3 et 14. ) On ne sait
point en quelle ville de la Macédoifie il étoit alors : quelques exemplaires grecs,
syriaques et latins, disent qu’il etoit à Philippes ; d’autres prétendent qu’il étoit
à Nicopolis, l’an de l’ère vulgaire, la vingt-quatrième année après la mort
de Jésus-Christ, peu de temps après sa première lettre. Tite et deux autres
disciples furent chargés de porter cette seconde lettre aux Corinthiens, et du
soin de recueillir les aumônes qu’ils avoient préparées pour les pauvres d©
Jérusalem. ( Voyez chap. 8 ,v .6 7 16,18 et2.2k.)