A R G UME N T .
L’apôtre Saint P aul ayant appris que les Galates qu’il avoit convertis â
la foi de Jésus-Christ s’étoient laissé persuader en son absence par quelque»
faux apôtres qu’ils ne pouvoient être sauvés, s’ils ne se faisoient circoncire, et
s’ils n’observoient les autres cérémonies de la loi judaïque, et que ces mêmes
docteurs, pour détruire dans l ’esprit de ces peuples l’estime qu’ils avoient
conçue pour lui comme leur premier maître, répandoient par-tout que Paul
n’ayant pas vu Jésus-Christ, il n’étoit pas du nombre des vrais Apôtres, et que
sa doctrine même étoit différente de la leur ; il jugea qu’il étoit à propos de
réfuter ces erreurs, et de dissiper ces faux bruits. C’est ce qu’il fait dans cette
lettre qu’il écrivit aux Galates de sa propre main, chap. 6, v. 11, où il leur
reproche d’avoir reçu trop légèrement les pernicieuses maximes de ces faux
docteurs, et de s’être laissé prévenir par leurs calomnies; et contre ces erreurs,
il établit la nécessité de la foi en Jésus-Christ pour être justifié, et leur prouve
l’inutilité des observances légales et des autres cérémonies de la loi ; e t, contre
leurs calomnies, il leur fait voir la conformité de ses sentimens avec les autres
Apôtres, et la vérité de son apostolat; et à cette occasion il leur fait le récit
de l’histoire miraculeuse de sa conversion, et des étroites liaisons qu’il avoit
eues dans la suite avec les principaux d’entre les Apôtres ; il leur déclare que
ceux qui les invitent à se faire circoncire et à embrasser les autres pratiques
judaïques, n’ont point d’autres vues que de les mettre à l’abri, aussi-bien qu’eux,
de la persécution. Enfin, il les exhorte à garder dans toute sa pureté le dépôt
de la foi qu’il leur avoit confié, d’éviter les partialités et les divisions, et leur
prescrit des règles chrétiennes pour leur conduite. Cette lettre, selon l’ordre
chronologique, auroit dû être placée avant les trois lettres précédentes, puisqu’il
paroît que l’Apôtre l’a écrite peu de temps après qu’il eut quitté la Galatie, et
après qu’il eut travaillé à la conversion de ces peuples. ( Voyez chap. 1 , v. 8
et xi y et chap. 4 , v. i 3. ) Ce qui ne peut convenir qu’au temps pendant lequel,
selon que le rapporte saint Luc, Act. chap. 16, v. 6, et chap. 18, v. a3 ,
S. Paul traversa la Galatie et laPhrygie, l’an 5i ou 52 de l’ère vulgaire. Quelques
uns même croient que les paroles de l’Apôtre, 1. Cor. 16, v. 1 et a ,
Faites la même chose que j'a i ordonnée aux églises de Galatie ; que chacun
de vous mette à part ses aumônes pour les saints de Jérusalem, ont relation
à ce qui est dit ici, chap. 6, v. îo , quoique d’une manière assez générale :
Pendant que nous avons le temps, faisons du bien à tous, mais principalement
à ceux qu'une même fo i a rendus comme nous domestiques du