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suffisent sans les oeuvres. C’est en effet le sujet principal de cette lettre ; et
c’est dans ces vues que cet Apôtre leur propose l’exemple de Job, afin qu’ils
apprennent à se soumettre comme ce saint patriarche aux ordres et à la
volonté de Dieu ; qu’il les avertit de mépriser tout ce qu’il y a de grand et
d’agréable dans ce monde, pour s’attacher à s’acquérir les biens et les richesses
éternelles, de s’occuper à la prière, de veiller beaucoup sur eux-mêmes, de
parler peu, et d’éviter par le silence les maux infinis que les indiscrétions de
la parole causent dans le monde. Ensuite il leur prouve la nécessité des bonnes
oeuvres, sans lesquelles la foi n’a point de vie ; il les encourage en leur faisant
considérer le prix du don de la vocation à l’Evangile, et les invite à en remercier
Dieu. Enfin il leur prescrit diverses règles pour se conduire saintement
dans les divers états où üs se trouvent, et il les exhorte à inviter dans leurs
maladies les prêtres à venir prier sur eux, et à leur appliquer l’onction sainte ,
afin d’attirer sur eux la bénédiction de Dieu , la rémission de leurs fautes, et
la guérison de leurs maux.
Le style de cette Epître est vif, touchant, les expressions fortes et énergiques
, et les matières peu suivies ; ensorte qu’il paroit visiblement que cet
Apôtre n’y a voulu garder aucun autre ordre, que celui d’exposer ses pensées
naturellement, et comme elles lui sont venues sur-le-champ.
A l’égard de l’auteur de cette lettre, on ne peut disconvenir qu’il se nomme
Jacques, et qu’il étoit un-des Apôtres, comme il est dit au premier verset du
premier chapitre de cette Epître ; mais plusieurs ont douté si c’est Jacques, fils
de Zébédée et frère de Jean, ou si c’est Jacques, frère de Jude, fils d’Alphée.
La plus commune opinion et la plus vraisemblable, pour ne pas dire certaine,
est que c’est Jacques , fils d’Alphée et frère de Jude, appelé le Mineur ou le
plus jeune, qui est mis dans FEvangile au nombre des frères ou cousins de
Jésus-Christ, qui a été évêque de Jérusalem, et dont il est parlé ,Act. i 5,v . i3 ,
et ailleurs. Voici les raisons ou les conjectures qui appuient ce sentiment :
i°. C’est que la dispersion des Juifs dont parle cet Apôtre, ch. i ,v . 1, n’est
arrivée que long-temps après la mort de Jacques, frère de Jean; car celle
qui arriva après la mort d’Etienne, Act. 8, v. i , ne fut ni si générale ni si
étendue, et que Jacques le Majeur, frère de Jean et fils de Zébédée, est mort
long-temps auparavant, sous Hérode Agrippa, Act. 12, v. 1 et 2 ; et qu’ainsi
il n’a pu écrire aux douze tribus dispersées dans toutes les parties du monde.
a0. C’est que saint Jérôme , dans son Commentaire sur l’Epître aux Galates ,
chap. 1 , prétend , comme aussi saint Augustin , que l’auteur de cette Epître
réfute de faux apôtres, qui abusant de quelques expressions de saint Paul, dans
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son Epître aux Romains, soutenoient que l’on étoit pleinement justifié par la
seule foi, sans les oeuvres. Or c’est ce que n’a pu faire certainement S. Jacques,
frère de Jean, puisque saint Paul n’avoit pas encore commencé à prêcher
l’Evangile lorsque cet Apôtre souffrit le martyre ; et que selon saint Irénée,
lib. 3 , cap. r , les Apôtres même ne commencèrent à écrire que fort tard,
outre que l ’Epître aux Romains, dont il est ici question, n’a été écrite par
l ’apôtre saint Paul, que vers l’an 58 de l’ère vulgaire ; d’où 1 on a conclu que
cette Epître n’a pas été écrite par Jacques, fils de Zébédée, mais par S. J acques,
fils d’Alphée et frère de Jude, trente-quatre ans après la mort de Jésus-Christ,
l’an 67 de l’ère vulgaire ; et selon d’autres, vers la fin de l’année 58, ou au
commencement de l’année 5g. Voy. Eusèbe, lib. 2, Hist. cap. 22, vers la fin ;
il met la mort de cet Apôtre sous le règne de Néron: et Josephe, lib. 20,
Antiq. cap. 8 ,p. 658, n. 16, attribue la ruine de Jérusalem à la mort injuste
de cet Apôtre.
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