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Mais ce qu'il y a do plus remarquable dans ces sortes de divisions
fondées sur les couleurs, c'est que ce soit Buffon qui en ait conçu
l'idée, lui qui croyoit (à ce que prouvent du moins les rapprochemens
qu'il a si souvent jugé à propos de faire que la différence seule du
climat et des aliniens produisoit les variations les plus étonnantes, au
point même de changer totalement les couleurs et jusqu'aux formes
d'un oiseau. Quant à nous, comme nous trouvons chez, les Perroquets
rouges les mêmes caractères fondamentaux que chez les autres Perroquets
en général de tous les climats, et qu'ils diffèrent eulr'eux
comme tous les autres Perroquets ou Perruches diffèrent les uns des
autres, c'est-à-dire que, comme on trouve parmi eux des espèces à
queue courte et arrondie, tandis que d'autres l'ont étagée en forme
de fer de lance; que quelques-unes ont les deux pennes intermédiaires
très-allongées, formant le caractère que nous avons désigné
par les mots de queue en Jlècke, et qu'il en est, enfin, dont la queue
est très-large; nous placerons les espèces à plumage rouge dans les
mêmes divisions que les autres Perroquets ou Perruches chez lesquels
on retrouve les divers caractères «pie nous venons d'indiquer. Buffon
observe qu'outre la différence principale d'avoir le rouge pour couleur
dominante, les Loris ont, en général, le bec plus petit, inoins
courbé et plus aigu que les autres Perroquets: mais ceci ne doit,
comme on le verra, s'entendre que de quelques espèces particulières,
et non indistinctement de tous les Perroquets à plumage rouge. Quant
à leur regard vif, à leur cri perçant et à leurs mouvemens prompts,
ils n'ont, à ces égards, rien de particulier qu'on ne retrouve dans
beaucoup d'autres Perroquets, quelles que soient leurs couleurs. Voudroit
on, enfin, séparer les Loris des autres Perroquets, parce que
Edwards assure qu'ils sont les plus agiles de tous, et les seuls qui
sautent sur un bâton jusqu'à un pied de hauteur? Mais, cette observation,
le naturaliste anglois est sans doute lui-même loin de l'appliquer
à tous les Loris; et s'y appliquàt-elie, on ne pourroit encore la
prendre pour base dans la classification des oiseaux : nous ne saurions
du moins le faire, nous pour qui il s'agit bien moins, dans
cet ouvrage, d'arrangemens systématiques, que de faire coimoître les
différentes espèces d'oiseaux d'une manière plus précise ou, au moins,
plus exacte qu'on ne l'a fait jusqu'ici.
La Perruche écarlate, que nous représentons de grandeur naturelle
sur nos planches (ce qui nous dispense d'en donner les dimensions),
a le dessus de la tête, le derrière du cou, le manteau, le dos, les
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couvertures supérieures de la queue, et le dessous du corps, d'un
beau rouge écarlate, qui, sur le devant du cou, sur la poitrine et
autour des yeux, prend une teinte jaunâtre et formant quelquefois
bordure sur chaque plume de la poitrine. Les couvertures du dessus
des ailes, vers le poignet, sont vertes; les moyennes et les grandes
sont du rouge du dos, ces dernières ayant de plus leurs pointes vertes.
Toutes les pennes des ailes, si on en excepte les dernières ou celles
voisines des scapulaires, et qui sont bleues, sont d'un rouge vif et
à pointes vertes. Les couvertures du dessous de la queue sont d'un
rouge cramoisi, et toutes bordées de bleu. Celles du dessous des ailes
sont d'un rouge pâle et à bordures brunâtres. La plume la plus latérale
de chaque coté de la queue est entièrement verte sur son bord
extérieur; les autres n'ont toutes du vert qu'à leurs pointes, et sont
ailleurs, en dessus, d'un rouge cramoisi, et en dessous, d'un rouge
terni de brun. Il est à remarquer que le vert du bout des plumes
des ailes, et celui de la queue, ne se montrent point sur leur revers.
Les yeux et la base de la mandibule supérieure sont entourés d'une
peau nue, de couleur brune. Le bec est rougeâtre. Les pieds et les
ongles sont d'un noir brun.
L'espèce de la Perruche écarlate se trouve communément à Bornéo:
j'ai vu plusieurs de ses individus vivans dans la ménagerie du Cap
de Bonne-Espérance; j'en ai vu d'autres encore dans plusieurs cabinets
en Europe, tels que ceux de Mauduit et de l'abbé Aubry à Paris,
et ceux de MM. Bcers et Holihuyscn en Hollande.