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 d'un  jaune  jonquille  sur  le  sommet  de la  tète,  le  cou,  les  scapulaires,  
 le  dos, la  poitrine,  et  sur  toutes  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  
 dont  aucune  n'a  de  bordure  rougeâtre.  Le  rouge  orangé  ne se  montre  
 que  sur  le  front,  les  côtés  de la  tète et  les flancs.  Les  plumes  des  
 jambes,  celles  qui  couvrent  le  bas  ventre, ie  croupion,  les  couvertures  
 du  dessus  et  du  dessous  de la  queue,  sont  d'un  jaune  mêlé  
 de  vert.  Les  ailes  ont  plus  de  vert  et  moins  de  bleu  que  celles  du  
 mâle: la  queue  porte  aussi  plus  de  vert,  n'ayant  que la  bordure  
 extérieure  de  ses  pennes  latérales  et  les  pointes  des  intermédiaires  
 qui  soient  bleues.  
 Le  jeune  mâle  de la  Perruche  Guarouba  est,  sur  tout  le  corps,  
 d'un  jaune  uniforme,  moins  vif  encore  (pie  celui  de  la  femelle;  car  
 il  ne  porte  aucune  des  teintes  rougeàtres  qu'on  aperçoit  dans  certaines  
 parties  de  celle-ci.  Les  grandes  pennes  des  ailes,  les  bordures  extérieures  
 des  latérales  de la  queue  et  les  pointes  de  ses  intermédiaires,  
 sont  bleues;  dans  tout  le  reste,  l'aile et la  queue  sont  d'un  vert  
 jaunâtre,  sauf  quelques  bordures  tout-à-fait  jaunes  sur  les  dernières  
 pennes  et  les  plus  grandes  couvertures  de  l'aile.  Toutes  les  autres  
 couvertures  du  dessous  de  celle-ci  sont  du  même  jaune  que  le  plumage  
 en  général, à  ceci  près  qu'on y  remarque,  ainsi  que  sur  les  
 scapulaires,  quelques  taches  vertes,  assez  irrégulièrement  distribuées;  
 ce  qui  me  porterait à  croire  (pie  les  premières  plumes  de  cet  oiseau  
 sont  entièrement  vertes,  et  que  ce  n'est  qu'à sa  seconde  mue  qu'il  
 commence à  prendre  du  jaune.  
 La  planche  enluminée  de  Ruffon,  n.°  5 2 5 ,  représente  ce  jeune  
 Guarouba,  et  non  une  autre  Perruche  de  Cayenne.  Le  Guarouba  ne  
 se  trouve  ni  dans  la  Guiane  ni  aux  environs  de  Cayenne ;  jusqu'ici,  
 du  moins, il  ne  nous  en  est  parvenu  aucun  individu.  On  le  trouve  
 au  Brésil,  et  j'en  ai  eu  un  mâle  et  une  femelle  qui  ont  vécu  ensemble  
 chez  moi  pendant  trois  ans. Us  étoient  d'un  caractère  très-doux,  et  
 fort  caressans.  La  femelle  pondit  plusieurs  oeufs  entièrement  blancs  
 et  transparens,  qu'elle  couva à  diverses  reprises,  mais  jamais  assez  
 constamment  pour  qu'ils  pussent  éclorc.  J'en fis  couver  deux  par  une  
 tourterelle,  mais  encore  sans  succès.  Il  est  vrai  aussi  que  je  ne  vis  
 jamais  le  mâle  cocher sa  femelle.  Notre  climat est  sans  doute  trop  
 froid  pour  exciter  les  mâles à  l'acte  de la  génération : j e  dis  les  mâles,  
 car  les  femelles  de  tous  les  Perroquets  paraissent  plus  portées à  
 l'amour;  du  moins  semblent-elles  souvent  faire à  leurs  mâles  des  
 provocations,  qui  le  plus  souvent  restent  sans effet.  
 D E S  P E R R O Q U E T S .  45  
 LES  P E R R U C H E S  
 PROPREMENT DITES.  
 LES  Perruches  que  nous  allons  décrire,  et  que  nous  surnommons  
 PROPREMENT  DITES, se  distinguent  des  Perruches  Aras  en  ce  qu'elles  
 n'ont  point  une  portion  de la joue  nue  comme  celles-ci : à  cela  près,  
 elles  en  ont  tous  les  caractères  et  toutes  les  formes;  corps  svelte  et  
 alongé;  queue  plus  ou  moins  longue,  et  toujours  étagée,  mais  étagée  
 si  diversement  que  nous  diviserons  en  trois  sections  le  genre  entier  
 des  PERRUCHES  PROPREMENT  DITES.  Dans la  première,  nous  parlerons  de  
 celles  dont  les  pennes  de la  queue  sont  étagées à peu  près  également,  
 et  de façon à  représenter  dans  leur  déploiement la  forme  d'un fer  
 de  lance. La  seconde  comprendra  les  Perruches  dont  nous  désignerons  
 la  queue  par  l'addition  des  mots en Jlèche  (queue  en flèche),  parce  
 qu'en effet  elles l'ont  plus effilée  par  le prolongement  des deux  pennes  
 intermédiaires,  qui  s'étendent  beaucoup  au-delà  des  secondaires.  La  
 troisième,  enfin,  nous la  destinons  aux  Perruches  dont la  queue,  au  
 lieu  de se  terminer  en  pointe,  comme  celle  des  deux  premières,  
 est,  au  contraire,  très-large à  son  extrémité.  Cette  dernière  et  petite  
 famille, nouvelle dans  toutes les espèces que nous en avons  rassemblées,  
 semble  rapprocher  le  genre  des  Perroquets  de  celui  des  Touracos,  et  
 même  des  Couroucous.  
 Bulïôn  avoit,  avant  nous,  divisé  les  Perruches  en  deux  sections,  
 et  même  en  quatre,  en  séparant  celles  de  l'ancien  continent  de  celles  
 du  nouveau  monde,  division  que  nous  ne  suivrons  pas, par la  raison  
 que,  dans  l'un  et  l'autre  hémisphère,  ces  oiseaux  présentent  les  
 mêmes  caractères  généraux.  D'ailleurs il  est  souvent  arrivé à  ce  naturaliste, 
   comme  nous  l'avons  déjà fait  observer,  de  décrire  un  même  
 oiseau  sous  différens  noms,  et  de  placer la  même  espèce  dans  chacune  
 de  ses  divisions,  erreur  que  nous  éviterons  bien  certainement;  
 car  nous  ne  parlerons  jamais  que  des  espèces  que  nous  aurons  vues  
 en  nature,  et  dont,  par  conséquent,  nous  aurons  constaté  par  nousmême  
 les  caractères.  Il  est  bon  de  remarquer ici  que,  dans  l'état