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 lianes  et  le  ventre,  tirent  au  jaune;  les  plumes  du  bas-ventre,  celles  
 des  jambes,  et  les  couvertures  du  dessous  de la  queue,  sont  toutà 
 fait  jaunâtres.  La  queue  est,  sur  son  milieu  en  dessus,  du  même  
 vert  que  le  dos, jaunissant  un  peu  cependant  sur  ses  bords  latéraux:  
 toutes  ses  pennes,  très-pointues,  sont  bleues à  leur  pointe,  et  leur  
 revers  est  jaunâtre.  Les  ailes  ont le  revers  de  leurs  pennes  d'un  gris  
 glacé,  et la  partie  intérieure  de  leurs  barbes  jaunâtre.  Les  grandes  
 couvertures  du  dessous  des  ailes  sont  cendrées,  et  les  petites  jaunes.  
 Le  bec  est  rougcàtre, si  on  en  excepte la  mandibule  inférieure,  qui  
 tire  au  noir-brun.  Le  tour  des yeux  est  nu  et  couleur  de  chair  tendre,  
 ainsi  que la  peau  nue  de la  base  de la  mandibule  supérieure,  où  
 l'on  aperçoit  les  narines,  qui  sont  rondes.  Les  yeux  sont  d'un  jaune  
 orangé,  et  les  pieds  d'un  rouge  pâle.  
 Telle  est la  Perruche  Sincialo  mâle  dans  son  état  parfait : sa  femelle  
 lui  ressemble  en  tous  points, si  ce  n'est  qu'elle a la  queue  plus  courte  
 et  le  bec  moins  rougeâtre  que  lui.  Dans le jeune  âge, la  queue  est  
 entièrement  verte  et  sans  pointes  bleues.  Le  plumage  de la  partie  
 supérieure  du  corps y  est  d'un  vert  grisâtre,  et  le  dessous  généralement  
 plus  jaune  que  dans l'âge  fait.  Le  bec  et  les  pieds  sont  bruns.  
 Nous  avons  pensé  qu'il  étoit  inutile  de  donner  des figures  de  la  
 femelle  et  du  jeune  âge,  ce  que  nous  en  avons  dit  devant  suffire  
 pour  qu'on  puisse  toujours  les  reconnoître.  
 Dans  l'état  de  domesticité,  cette  Perruche  varie  au  point  que  quelquefois  
 toute la  poitrine  et  le  ventre  deviennent  décidément  jaunes.  
 J'en  ai  même  vu  une  dont  quelques  pennes  des  ailes  étoienl  entièrement  
 d'un  jaune  citron,  ainsi  que la  plupart  de  leurs  couvertures  
 supérieures ;  mais  ceci  arrive à  toutes  les  Perruches  vertes  qui  ont  
 dans  leur  plumage  quelques  parties  jaunes.  
 J'ai  vu  beaucoup  d'individus  vivaus  de  l'espèce  de la  Perruche  Sincialo; 
   j'en  ai  aussi  disséqué  plusieurs  qui  avoient  vécu  dans  l'état  de  
 domesticité,  état  où il  est  difficile  d'en  trouver  deux  qui  se  ressemblent  
 parfaitement  pour  les  teintes  du  plumage  et la  longueur  de la  
 queue;  car  les  altérations  qu'y  subissent  en  général  tous  les  oiseaux,  
 sont  encore  plus  sensibles  et  plus  variées  dans  les  Perroquets.  On  
 doit  donc  toujours  préférer  les  descriptions  faites  d'après  des  oiseaux  
 pris  dans  leur  étal  de  nature,  c'est-à-dire,  tués  dans  les  bois.  Je  n'ai  
 vu  que  trois  individus  du  Sincialo  qui  fussent  dans  ce  cas,  l'un  dans  
 le  cabinet  de  l'abbé  Aubry, à  Paris;  l'autre  chez  Mauduil ;  le  troisième  
 est  dans  mon  cabinet,  et  m'a  été  donne  par  M.  Eoulquier,  
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 intendant  de la  Guadeloupe,  qui a  eu la  bonté  de  me  donner  beaucoup  
 d'oiseaux  qu'il  avoit  apportés  d'Amérique : je  lui  en  témoigne  
 ici  toute  ma  reconnoissance.  
 Suivant  Diiterlre,  qui  paroîl  l'avoir  observée  dans  son  pays  natal,  
 cette  Perruche  vole  en  troupe,  et se  perche  sur  les  arbres  les  plus  
 touffus,  où  elle fait  grand  bruit  en  criaillant,  piaillant et  jabotant,  
 comme  font,  au  reste,  tous  les  Perroquets,  de  quelque  espèce  qu'ils  
 soient  Selon  le  même  auteur,  elle se  nourrit  de  graines  de  bois  
 d'Inde,  ce  qui  l'engraisse  beaucoup,  el la  rend  bonne à  manger.  
 lîiiffon  rapporte  à.l'espèce  du  Sincialo la Pérriaue de la Guadeloupe,  
 dont  Labal fait  mention  dans  son Voyage  aux  îles  d'Amérique.  Nous  
 ne  sommes  absolument  point  de  cet  avis ;  car le  Sincialo  n'ayant  
 aucune  partie  de  son  plumage  qui  soit  rouge  dans  son  état  naturel,  
 il  ne  peut  jamais  prendre  sur la  tête  des  plumes  rouges.  Cette  Perrique  
 est  donc  une  toute  autre  espèce  que  celle  du  Sincialo,  toutes  
 les  descriptions  qu'on a  données  de la  première,  d'après  Labat,  ne  
 se  rapportant à  celle-ci  ni  pour la  taille  ni  pour  les  couleurs.  Nous  
 remarquerons,  enfin,  que  les  descriptions  qu'on a  données  de  cette  
 Perruche  de la  Guadeloupe  ne se  ressemblent  même  point.  Il  faut  
 donc  éliminer  encore  cet  oiseau  de la  liste  des  Perroquets,  ainsi  
 qu'on  pourroit  le  faire  de  tant  d'autres,  aussi  peu  connus  que  lui,  
 et  que  les  descriptions  qu'on  en a  publiées  rendent  pour  toujours  
 méconnoissablcs.