H I S T O I R E N A T U R E L L E
L'ARA MARACANA T A P I R É .
I N D I V I D U I N F I R M E DE L ' E S P È C E P R É C É D E N T E .
PLANCHE X.
J'AI possédé vivant chez moi, pendant l'espace de deux ans, l'individu
qui Tait le sujet de cet article, et qui appartient à l'espèce du
Maracana. Lorsque j'en fis l'acquisition, il ne dilïéroit en rien de tous
les individus de cette espèce; mais j e remarquai qu'à chacune de ses
mues il lui poussoit quelques plumes rouges dans différentes parties
du corps, où l'on n'en voit point ordinairement dans les Maracanas
communs. Cet oiseau ctoit fortement attaqué de la poitrine, cl respirait
très-difficilement II mourut enfin au bout de deux ans, ayant pris
à chaque mue un plus grand nombre de plumes rouges, de manière
qu'il est probable que, s'il eût vécu quelques années de plus, il en
auroït toujours pris davantage.
Cette observation détruit un peu, je pense, la prévention des
naturalistes qui pensent que les Perroquets ainsi tachetés le sont
par un procédé particulier, imaginé par les sauvages, et qui consiste,
assure-t-on, à arracher les plumes de l'oiseau, et à frotter celles qui
commencent à pousser avec le sang d'une espèce de raine qui est
commune à la Cuianc {la raine à tapirer).
Si ce procédé peut avoir lieu, ce que j e ne crois pas, il est certain,
du moins, que plusieurs Perroquets se tapirent naturellement et sans
le moindre procédé de l'art. Je sais bien que le sang d'un animal
quelconque, ainsi que toute autre matière, peut teindre plus ou moins
fortement une plume en rouge ou en une couleur différente; mais j e
doute que par son action une plume qui de sa nature devrait être
verte, devienne ou jaune, ou rouge, ou blanche.
J'ai beaucoup examiné de ces Perroquets tapirés, ou variés de
différentes couleurs, et j'ai remarqué en général que ces individus
étoient malades : j'ai remarqué de plus, qu'ils ne prenoient jamais
d'autres couleurs que celles dont ils avoient déjà quelque nuance
dans leur plumage. J'ai vu plus de vingt Perroquets cendrés de
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