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Guinée, tapirés plus ou moins en rouge, et qui tous l'étoient
devenus naturellement; il ne m'a jamais été possible d'en voir de
tapirés d'une autre couleur. Ce Perroquet, qui est gris, a, comme
on sait, la queue rouge.
J'ai vu aussi beaucoup de Perroquets amazones, tapirés en rouge;
d'autres, en jaune, et quelques-uns, en rouge et en jaune. Ces Perroquets
, dans leur état naturel, ont le front jaune, et du rouge aux ailes.
A ces observations, dont je garantis l'exactitude, il faut ajouter que,
sur près de cent Perroquets vivans que j'ai vus, et qui tous étoient
plus ou moins tapirés, plus des trois quarts étoient des oiseaux
malades, et que ceux qui étoient le plus tapirés étoient ceux qui se
portoient le plus mal.
Il est donc certain que ces variations peuvent être produites par
la nature, et qu'il n'est pas nécessaire de recourir aux effets de l'art
pour les expliquer.
Voici comment j'imagine que l'état de maladie produit ces variations.
Un oiseau quelconque (je dis quelconque, parce que tous les oiseaux
en général sont, de même que les Perroquets, sujets à être variés de
différentes couleurs), un oiseau donc à plumage varié, doit nécessairement
être organisé de manière à ce qu'il y ait en lui une sécrétion
des diverses substances destinées à former les différentes couleurs de
son plumage : or, chacune de ces substances doit avoir un cours
particulier, qui la fasse aboutir à l'endroit du corps où elle doit
produire les plumes qui lui sont propres. Mais lorsqu'il survient un
dérangement physique, une maladie, toute cette organisation intérieure
doit s'en ressentir. Alors telle matière qui devoit former des
plumes rouges, par exemple, ne suit plus son cours ordinaire, et reflue
dans une autre partie du corps. C'est ainsi que chez les hommes,
lorsque la bile prend un cours différent de celui qui lui est propre,
elle se mêle avec le sang, et donne une couleur jaune à toute la peau.
Quant au procédé de lapirer les Perroquets par art, je pense que
c'est une erreur; du moins j e ne crois pas, ainsi que je l'ai déjà dit,
qu'il soit possible de faire pousser une plume de telle couleur, quand
elle auroit naturellement dû être d'une autre. Il est sans doute possible
de la teindre pour plus ou moins de temps. Il est plus facde
encore de changer la teinte d'une plume ; par exemple, de rendre
jaune une plume rouge, blanche une plume jaune, et brune une
plume noire. Il suffit, pour cela, de l'exposer plus ou moins à une
forte fumigation de soufre, ou à la vapeur d'un acide. On peut, de