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opinions reçues, quoique souvent consacrées par un mérite supposé!
Hélas, combien d'hommes qui ne doivent leur grande réputation
qu'au piédestal sur lequel ils sont montés! Tel, dont on n'eût jamais
parlé, est tout à coup proclamé un homme du plus grand mérite, ou
parce qu'on le craint, ou parce qu'il peut beaucoup. Ces hommes-là
ne pourraient-ils pas être comparés à ces nains, montés sur de
grandes échasses, que tout le monde prend de loin pour des géans,
mais qui se trouvent être réellement plus petits que l'homme de la
taille la plus ordinaire ? Revenons à notre Lori.
Le Lori noir est une forte Perruche, qui, par la structure d'un
corps très-épais, ressemble plutôt à un Perroquet qu'à une Perruche;
mais comme il a la queue plus longue qu'un Perroquet, et que d'ailleurs
il l'a pointue et coupée en fer de lance, nous avons cru devoir
le placer parmi les Perruches de cette division. iNous ne donnerons
pas les dimensions de cet oiseau, puisqu'on le trouve représenté de
grandeur naturelle sur nos planches. Son plumage est, en général,
sur le corps, les ailes et la queue, d'un brun-noir violacé, qui, dans
l'ombre, est des plus monotones, parce qu'il y paroit d'un brun-noir
uniforme; mais en revanche, exposé au jour, il est d'un bleu-violacé
très-brillant, partout où la lumière le frappe directement. Les plumes
de cet oiseau, celles surtout du dessous du corps, ont, au toucher
et à l'oeil, le moelleux du velours. Le revers de la queue est d'un
rouge brillant, mêlé d'une forte teinte jaune, qui paroît d'or au
soleil. Le bec est noir, et les pieds sont bruns.
L'espèce du Lori noir fait partie de mon cabinet : j'ai vu un autre
de ses individus dans le cabinet de M. Temmiuck, à Amsterdam:
j'en ai vu enfin •deux autres, vivans, au (lap de Bonne-Espérance;
ils y avoient été apportés d'Amboine, où l'espèce se trouve aussi.