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instinct plus borné peut-être; et aujourd'hui, si dans les forêts où
ils se réfugient ils montrent une certaine assurance au bruit des armes
à feu, ce n'est pas par fierté, comme le prétendent quelques voyageurs,
niais plutôt parce qu'ils sont réellement des oiseaux très-stupides.
Ceci nous expliqueroit le lait rapporté par Dutertre, qui nous peint
le moyen dont les sauvages des Antilles se servoient pour prendre ces
oiseaux vivans. Il leur suffisoit d'épier le moment où ils mangeoient
à terre des fruits tombés. Us tâchoient de les environner, et tout à
coup,jetant des cris, frappant des mains et faisant un grand bruit, ils
royoient ces oiseaux, subitement épouvantés, oublier l'usage de leurs
ailes, et se renverser sur le dos pour se défendre avec les ongles et le
bec. Il leur étoit alors très-facile de les saisir.
liiifïôii observe que de tous les Perroquets l'Ara macao est le plus
sujet aux convulsions épileptiques. Un de ces Aras, qu'il a nourri,
tomboit d'épilepsie deux ou trois fois par mois.
Dans les colonies, d i t - i l , on appelle crampe cet accident, et l'on
assure qu'il ne manque pas d'arriver à tous les Perroquets en domesticité
lorsqu'ils se perchent sur un morceau de fer, comme sur un
clou ou sur une tringle, en sorte qu'on a grand soin de ne leur permettre
de se poser que sur du bois. Buflou remarque, en citant ce
fait reconnu pour vrai, qu'il tient de près à l'électricité, puisque le
fer y jonc un rôle et que son action donne une forte convulsion aux
nerfs de l'oiseau. Nous ne pouvons nous empêcher d'y reconnoître un
véritable phénomène galvanique, et si, comme tout l'annonce, le
galvanisme est une espèce d'électricité, on saura quelque gré à Billion
d'avoir deviné celte théorie singulière bien avant la découverte de
Galvani,
L'Ara macao que j'ai lait graver lait partie de mon cabinet. Il est
arrivé de la Jamaïque.