par Brisson avoit appartenu à l’abbé Aubry, et je 1 acquis à la vente
qui fut faite de son cabinet. Celui décrit par Buffon fait encore
aujourd’hui partie du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Ces
deux individus diffèrent de celui que j ’ai figuré et qui fait partie du
cabinet de M. Raye de Breukelervaert, d’Amsterdam, en ce qu’ils
ont le dessus de la tête entièrement jaune. Ce dernier a même encore
des teintes verdâtres dans toutes les parties du dessous du corps ;
ce qui décèle évidemment la couleur primitive. J ai vu , dans la riche
collection de M. Temminck, une autre de ces variétés, qui avoit aussi
le dessus de la tête et le bout des pennes alaires grisailles, mais dont
tout le jaune avoit encore une teinte verdâtre. J’en ai vu enfin une
cinquième, vivante, qui avoit déjà tout le dessous du corps, la tête
et le cou, jaunes ; le dos et les ailes étaient chez elle encore mélangés
d’autant de plumes jaunes que de vertes : cette même variété avoit
conservé le rouge du poignet des ailes, ainsi que celui du milieu de
leurs pennes intermédiaires et de la queue.
D’après toutes ces observations sur l’espèce du Perroquet Amazone,
observations qui sont le fruit de trente années de recherches et de
comparaisons, on doit, ce me semble, rester convaincu de l’unité
d’espèce de tous ces Amazones variés, dont nous avons présenté la
série principale comme nécessaire et suffisante pour prouver aux naturalistes
que ce n’étoit point sur de simples présomptions que nous
avions établi une opinion contraire à celle de ceux dentreux les
plus recommandables par leurs connoissances ornithologiques, mais
qui avoient fait de la plupart de ces mêmes Amazones variés autant
d’espèces différentes.
Il est peut-être utile ou même nécessaire de faire encore remarquer
ici, à l’égard des variétés de l’Amazone que nous avons présentées,
que les quatre premières offrent une nature de variations différente
de celles de la cinquième et dernière. En effet, chez celles-là il n’y
a eu qu’une simple transposition dans la plupart des couleurs, comme
dans l’Amazone, par exemple, chez lequel le rouge, ayant abondé et
s’élant dérangé de son cours par quelque cause locale, s’est porté sur
des parties autres que celles de sa destination naturelle dans 1 espece;
ce que nous avons déjà remarqué dans d’autres Perroquets, et ce dont
nous donnerons encore quelques exemples. Dans la variété de notre
n.° 86, c’est le jaune qui a prédominé et qui a pris sur la tête la
place du bleu : dans celle n.° 87, c’est au contraire le bleu qui a prévalu
et qui couvre le dessus de la tête, ainsi que dans la quatrième
variété, dans laquelle le jaune s’est de plus répandu sut1 une grande
partie des plumes. Mais ici, dans notre cinquième variété, où tout
ée qui étoit vert et une partie du rouge ont jauni, et où le bleu de
la tête et’ du bout des ailes est devenu gris, aucune des coüleurs
primitives n’a été dérangée ; seulement elles ont été détériorées, effacées
même, par l’épuisement, le presque-anéantissement des forces
vitales de l’oiseau. Cet oiseau enfin n’est autre chose que le Perroquet
Amazone dans son état de vieillesse, de caducité. C’est. l’image du
vieillard vénérable, dont la tête et la barbe, de noires qu’elles étoient
dans son printemps, ont grisonné dans l’âge mûr et blanchi dans
sa vieillesse. Tout est soumis dans la nature aux mêmes lois. Nous
en avons déjà donné plus d’un exemple dans des oiseaux qui ne
conservoient plus rien d’aucune de leurs couleurs primitives. Les
oiseaux perdent à un certain âge la faculté de muer et par conséquent
de renouveler leurs plumes : il en est aussi chez lesquels l’épuisement
occasioné par l’âge ou par quelque dérangement dans les organes, fait
dégénérer la matière colorante de leurs plumes ; et c’est le cas où
s’est trouvé notre Perroquet Amazone, devenu jaune.
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