trois individus vivans de l’espèce de celui-ci : je n’en ai connu même
que cinq d’empaillés, dont deux à Amsterdam, chez MM. Raye de
Breukelervaert et Holthuysen ; deux à Paris, chez Mauduit et l’abbé
Aubry : le cinquième fait encore partie du cabinet d’histoire naturelle
de Versailles. L’un des trois individus vivans que j ’ai eu occasion de
voir chez M. Marvi, huissier-priseur à Paris, et qu’il avoit depuis long-*
temps, étoit entièrement tapiré sur les couvertures des ailes, ainsi que
sur le cou et le ventre. Le rouge du dos avoit tellement dominé dans
cet individu, qu’il s y étoit répandu partout ; ce qui, ainsi que nous
l’avons fait voir ailleurs, arrive à tous les Perroquets à la suite d’un
dérangement physique quelconque. Dans les premiers temps de son
état de domesticité celui-ci n’avoit rien de diffèrent des autres Tavouas
de son espèce ; mais au bout de quatre à cinq ans il prit quelques plumes
rouges sur les ailes, et depuis ce moment à chaque mue il lui en pous-
soit encore, de sorte qu’à la fin il se trouva avoir sur le corps autant
de plumes rouges que de vertes. Comme nous avons eu assez souvent
l’occasion de fournir des exemples d’une telle variation dans d’autres
espèces ayant naturellement déjà cette couleur sur une partie quelconque
de leur plumage, nous avons cru qu’il étoit inutile de figurer
ici ce Tavoua tapiré en rouge.
Le Perroquet Tavoua n’est pas seulement remarquable par la beauté
de son plumage ; il a encore un talent particulier pour retenir et répéter
les mots qu’on veut lui apprendre : aussi Buffon le m e t- il, sous ce
rapport, au-dessus de tous les Perroquets; mais, suivant le même
auteur, cet oiseau auroit un caractère méchant et traître au point
de méditer ses mauvais coups, et de feindre de vouloir caresser,
pour saisir l’occasion de mordre plus sûrement. Quant à moi, je
n’ai pas reconnu ce défaut au petit nombre d’individus vivans que
j ’ai vus de l’espèce : l’un d’eux même, qu’un oiseleur promenoit, il
n’y a pas long-temps, juché sur sa main ou sur ses épaules dans
toutes les rues de Paris, étoit si doux et si accessible qu’il se laissoit
prendre indistinctement de tout le monde, sans jamais chercher à
mordre personne. Il en est donc probablement du Tavoua comme de
tous les Perroquets, de tous les oiseaux, même de tous les animaux
en général, dont le caractère doux ou malfaisant dépend beaucoup
de l’éducation qu’on leur a donnée ; et certes il s’en faut de beaucoup
qu’il appartienne indistinctement à chacun d’en donner une bonne.