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LE PERROQUET À FRANGES SOUCI.
P L A N C H E CXXX> L E M A LE .
Taille moyenne; corps robuste; queue courte, im peu étagée; ailes atteignant
aux trois quarts de la longueur de cette dernière; tête, cou et poitrine, d’un gris-
brun olivacé; estomac, ventre, croupion et jambes, vert-de-mer brillant et lustré;
manteau, couvertures des ailes, vert-brun; grandes pennes alaires et plumes de
la queue brunes, avec quelques bordures vertes; bord des ailes frangé de souci;
jarretières de cette couleur au bas des jambes; b ec fort et blanc; pieds grisaille.
C e Perroquet est la seule espèce de Perroquets proprement dits qtié
j ’aie trouvée dans toute la partie de l’Afrique que j ’ai parcourue à des-*
sein d’y observer les oiseaux. Il ne fréquente que les grandes forêts de
la côte de l’est, et n’avance par conséquent vers le cap de Bonne-Espérance
que précisément jusque-là où elles commencent par rapport à
nous, c’est-à-dire, à une quarantaine de lieues environ de ce fameux
promontoire. Il est donc vrai qu’on trouve des Perroquets au-delà des
tropiques, puisque celui-ci habite sous le trente-deuxième degré de
latitude sud, et qu’il est même très-probable que, si les arbres qui
portent les fruits dont ils se nourrissent croissoient plus sud encore *
ces oiseaux y descendroient. Le fait, au reste, que je rapporte ici, n’est
pas le seul que nous ayons à opposer à l’opinion contraire de BufFon
à ce sujet : d’autres voyageurs ont aussi trouvé des Perroquets bien
au-delà des tropiques. C’est ainsi que chaque jour l’expérience vient
détruire les erreurs du génie. Cherchons la vérité dans des faits cons-
tans et avérés, sans prétendre l’établir sur de simples conjectures.
Viendra peut-être un second Buffon, qui, s’emparant de tous ces faits
et les ennoblissant par la magie du style, en fera sortir des traits de
lumière qui, en éclairant les hommes, fixeront peut-être leurs con-
noissances en histoire naturelle. Vouloir établir ces connoissances sur
des idées enfantées par l’orgueil ou l’ignorance, c’est vouloir, dans un
désert aride, élever un monument durable sur un sable mouvant, que
le vent agite, soulève et finit par disperser au loin : l’édifice, laissé sans
fondement, croule alors sur lui-même, et n’offre plus aux yeux étonnés
qu’un amas informe de débris épars ou confusément entassés !