espèce de Perroquet avoit les plumes du ventre très-petites et comme
collées sur le corps. Cette observation n’est vraie que sous un rapport,
c’est-à-dire que, quoique les plumes du ventre ne soient pas
plus petites chez cet oiseau que chez beaucoup d’autres Perroquets de
la même taille que lui, il est certain que dans beaucoup d’individus
Maïpouris on troüve toujours toutes les plumes, depuis la poitrine jusqu’au
milieu du ventre, comme poissées et unies les unes aux autres,
ce qui, en eü dénaturant un peu la couleur, leur donne en effet l’apparence
d’être collées au corps; mais en lavant cette partie poissée,
les plumes redeviennent très-pures, reprennent leur couleur naturelle;
et n’ont plus l’apparence qui a trompé Buffon, Il est probable que la
matière gluante qui colle ainsi les plumes du ventre et de la poitrine
de ces oiseaux, ne provient que de l’espèce de fruit dont ils se nourrissent,
et dont le jus se répand sur ces plumes et les poisse, comme
il arrive à nos grives de se poisser le plumage du devant du corps
lorsqu’elles se mettent à manger le fruit de la plante parasite nommée
gui, et dont la substance est si collante qu’elle sert à faire une espèce
de glue capable d’arrêter les oiseaux. Nous remarquerons en outre què
toutes les plumes du Perroquet Maïpouri sont rudes, et que sa peau
est fort épaisse ; ce qui encore, lorsque sa dépouille est • desséchée,
contribue à faire paroître ses plumes plus courtes qu’elles ne le sont
en effet : cela prouveroit aussi que ces oiseaux se nourrissent de fruits
très - succulens et même fort sucrés ; car tous les oiseaux qui vivent
de miel, comme les .indicateurs d’Afrique, les sucriers, les oiseaux
mouches, les colibris, qui sucent les fleurs, et même les guêpiers,
qui mangent les abeilles, ont la peau épaisse et les plumes rudes.
Quoi qu’il en soit à cet égard, s’il est vrai que l’espèce de Perroquet
dont nous parlons ici n’approche jamais des habitations, que tous les
autres Perroquets recherchent avec soin pour profiter des fruits qu’ils
y trouvent en abondance, du café surtout, dont ils sont très-avides,
et que dans l’état de domesticité il refuse toute espèce de nourriture,
il faudroit au moins en conclure qu’il se nourrit de substances différentes
de celles dont s’alimentent en général les autres Perroquets..
Quant à ce que dit Buffon sur le caractère farouche de cette espèce
et sur ce qu’elle vit en troupe, il faut le dire de tous les autres Perroquets
, tous criards, querelleurs, difficiles à apprivoiser quand on
les prend vieux, et fréquentant de préférence les forêts voisines des
rivières.
Il sera toujours facile de reconnoître les Perroquets Maïpouris à la
distribution régulière et par opposition de leurs belles couleurs. La
tête de ces oiseaux est couverte d’une calotte noire, qui va des narines
à l’occiput et descend dé chaque côté jusqu’aux yeux, qu’elle embrasse.
Une petite tache vert-pomme adhère dnn côté à ce noir, et occupe
l’espace compris entre les yeux, le bec et les narines. Les joues et le
devant du cou sont d’un jaune d’or; le haut du cou, d’un jaune d’ocre
plus foncé sur la partie postérieure que sur l’antérieure, où elle se
fond par degrés avec la couleur de café au lait, qui est aussi celle du
bas du devant du cou, de la poitrine, de l’estomac et des flancs,
jusqu’au ventre. Les plumes des jambes, le bas-ventre, toutes les
couvertures du dessous, même le revers, de la queue, sont du jaune
d’ocre, plus foncé que partout ailleurs. Le dos, le manteau, toutes
les couvertures et les dernières pennes des ailes, sont d’un vert gai;
leurs premières ou grandes pennes, noires dans leur intérieur et bleues
extérieurement; les suivantes, noires aussi en dessous, mais à bordures
bleues. Le bec est gris-cendré; les pieds et les ongles sont d’un brun
noirâtre, et les yeux, suivant Buffon, noisette foncé.
Entre le grand nombre d’individus que nous avons vus de l’espèce
du Perroquet Maïpouri, nous avons remarqué pour toutes différences
que quelques-uns étoient plus petits et avoient les couleurs un peu
moins vives que d’autres : il est probable que ceux-là étoient des
femelles de l’espèce. Quelques autres de ces individus, qui présen-
toient tous les caractères d’oiseaux jeunes encore, avoient les plumes
du dessus de la tête d’un noir brunâtre et marquées de vert. On voyoit
aussi quelques bordures vertes aux plumes d’ocre du haut de leur cou
et à celles de toute la région abdominale, tandis que celles du devant
du corps avoient dans leur intérieur une teinte jaune et n’étoient bordées
que d’isabelle. Le vert du dos avoit en outre chez ces individus
jeunes une teinte plus jaunâtre que chez les vieux, et les grandes
pennes alaires y étoient bordées de vert : ils avoient le bec jaunâtre
sur les côtés et brun sur l’arête. Nous avons représenté un de ces
oiseaux, jeune encore, dans notre n.° 120, auquel nous renvoyons
le lecteur.