
 
        
         
		24  H I S T O I R E   N A T U R E L L E 
 probable  d’espèce  de  tous  ces  oiseaux,  à  chacun  desquels  nous  donnons  
 cependant  un  surnom  différent,  d’apres  les  attributs  qui  lui  sont  
 particuliers, mais qui ne toucheroient pas à l’espèce. C’est ce dont le lecteur  
 pourra juger lui-même  s’il veut  comparer l’oiseau mâle  et  femelle,  
 n.“   84  et  85 ,  avec  ceux  des  numéros  suivans  jusqu’au  n.°  90,  et  
 s’aider  des  rapports  que  nous  établirons,  d’après  les  observations  les  
 plus  exactes,  entre  tous  ces  oiseaux,  à mesure  qu’ils  se  présenteront. 
 Nous  observerons  d’abord,  que  les  individus  Amazones  tués  dans  
 les  bois,  que  nous  avons  vus,  étoient  tous  parfaitèment  semblables  
 enlr’eux,  tandis  que  ceux  qui  sont  ou  qui  ont  vécu  dans  létat  de  
 domesticité,  diffèrent  plus  ou  moins  les  uns  des  autres,  tellement  
 même  qu’il  nous  eût  été  possible  de  décrire  et  figurer  comme  autant  
 d’espèces  différentes  au moins  vingt  Perroquets Amazones.  Ceci  établi  
 sans  que  personne  puisse  le  contester,  puisque  chacun  a  la  facilite  de  
 voir  dans  un  même  jour,  à  Paris  surtout,  peut-être  plus  de  cent.  
 Amazones,  tous  différens  les  uns  des  autres,  il  est clair  que  ces Perroquets, 
   de même  au  reste  que  tous  les  Perroquets  en  général,  varient  
 beaucoup  dans  l’état  de  domesticité.  En  comparant  ces  faits  avec  ce  
 que  nous  avons  déjà  dit  des  variations  de  tant  d’autres  Perroquets,  
 il  ne  sera  donc  pas  difficile  d’établir  l’échelle  que  formeroient  les  
 individus  figurés  n.“   86,  87,  88,  89  et  même  90,  de  nos  planches,  
 ainsi  que  nous  le  ferons  voir  lorsque  nous  aurons  décrit  l’espèce  dans  
 toute  son  intégrité,  c’est-à-dire,  telle  qu’elle  existe  dans  létat  de  nature. 
   Dans  cet  état,  et  à  en juger par  six  individus  tués  dans  les bois,  
 le  Perroquet  Amazone  mâle  a  le  front  ceint  dun  bandeau  bleu  qui  
 traverse  d’un  oeil  à  l’autre.  Immédiatement  après  ce  bandeau  on  remarque  
 quelques  plumes  blanches  sur  le  milieu  du  sinciput,  et  qui  
 adhèrent  à  des  plumes  d’un jaune  foncé,  qui  couronnent  les yeux ;  ce  
 même  jaune  colore  les  joues  et  la  gorge,  en  descendant  en  pointe  
 sur  le  milieu  du  cou.  Le  sommet  de  la  tête,  après  la  tache  blanche  
 dont nous  avons  parlé,  les  plumes  de  l’occiput  et  du  derrière  du  cou,  
 sont  d’un  beau  vert  et  bordées  de  noir.  Les  plumes  voisines  de  celles  
 qui  sont jaunes,  la  poitrine,  le  ventre,  tout  le  dessous  du  corps  et  le  
 manteau,  sont  d’un  riche  vert  brillant,  relevé  de  bleu  et  jaunissant  
 sur  le  bas-ventre,  les  flancs,  les  couvertures  du  dessous  de  la  queue  
 et la  partie des jambes près  du  talon,  où le jaune pur forme une  sorte  
 de  jarretière  intérieure.  Les  petites  couvertures  du  poignet- des  ailes  
 sont  d’un  beau  rouge  vif;  les moyennes  et  les  grandes,  ainsi'  que  les  
 scapulaires  et  les  dernières  pennes  alaires  près  du  dos,  sont  gros  vert. 
 Les  premières  grandes  pennes  alaires  sont  extérieurement  d’un  bleu  
 foncé,  tirant  au  violet;  les  moyennes  sont  de  cette  même  couleur  à  
 leurs pointes, mais  rouges  sur  leurs  bords  extérieurs.  Ce  rouge  forme  
 ainsi  une  longue  bande  dans  le milieu  des  ailes;  mais  souvent  on  ne  
 l’aperçoit pas  lorsque  les  ailes  se  trouvent  appliquées  au  corps  de  l’oiseau. 
   La  queue,  qui  est  gros  vert  des  ailes  en  dessus,  et  jaunâtre  en  
 dessous, a  aussi  du  rouge  au haut  de  chacune  de  ses pennes, mais qui  
 ne s aperçoit dans  ce dernier sens que quand elle  est  resserrée.  Le bec  
 est noir-brun  et les pieds sont d’un gris blanchâtre dans l’oiseau vivant.  
 Dans  tous  les  individus  que j ’ai  vus vivans  les yeux  étoient  d’un jaune  
 plus  ou  moins  foncé.  Le  mâle  que j ’ai  figuré avoit  quatorze pouces  de  
 longueur  totale,  y  compris  la  queue,  qui  n’en  avoit  que  cinq,  et  qui  
 est  composée  de  douze  plumes. 
 Le  Perroquet Amazone  se  trouve  dans  une  grande partie de l’Amérique  
 méridionale;  il  abonde  à  la  Guiane,  mais  surtout  à  Surinam,  
 où  il  cause  de  grands  dégâts  dans  les  plantations.  Il  niche  au  milieu  
 des  forêts  impénétrables.  La  femelle  pond  quatre  oeufs  blancs  dans  
 un  grand  trou  d’arbre.  Les  petits  naissent absolument  nus,  et  se  couvrent  
 ensuite  d’un  duvet  gris-blanc,  qui  est  remplacé  peu  à  peu  par  
 des plumes.  Au  sortir du nid,  le mâle  et  la  femelle  se  ressemblent,  et  
 n’ont,  ni  l’un  ni  l’autre,  de  rouge  au  poignet  des  ailes;  ils  n’ont  de  
 même  qu’une  petite  tache  jaune  sur  le  front.  Enfin,  dans  cet  état,  
 ils  ont  absolument  les  couleurs  de  la  femelle  adulte,  avec  cette  différence  
 seulement,  que  le  vert  du  dessous  du  corps  est plus jaunâtre,  
 et  que  celui  du  dessus  est  comme  saupoudré  d’une  poussière  blanchâtre  
 ;  ce  qui  fait  souvent  confondre  l’espèce  du  Perroquet Meunier  
 avec  l’Amazone  dans  son  jeune  âge,  parce  qu’aucun  naturaliste  n’a  
 indiqué  les  caractères  distinctifs  des  uns  et  des  autres :  inconvénient  
 auquel  nous  obvions  en  donnant  la  description  du  Perroquet  Meunier, 
   n.°  02. 
 2 7